Le style admirable de Philippe Faucon sur Grand écran, gagne t'il quelque chose sur le format série TV ? Combien de cinéastes importants et sensibles ont agrandit la perception même de leurs œuvres à l'aune de la petite lucarne ? Il est fort à parier que malheureusement Fiertés est tout à la fois desservi par sa mécanique de soap opéra et la sobriété simple et légendaire du cinéaste de Fatima et Amin. La subtilité de la construction et son redoublement clair et interlope est ici tout à fait présente, dans les cheminements, croisés, entre Selim et Victor et son doublement étiré mais interrompu entre le même Victor et Serge, ainsi va la vie de Victor entre une juxtaposition de désirs contrariés, d'amour plus ou moins emprunt de déterminisme ou de tragique, qui font le nœud du scénario. Mais ce nœud se desserre drastiquement sur plusieurs autres points tengeants. Toutes les autres relations, père, fils elle aussi redoublée, Fils, petite amie, ou fils, grand père, accumulent un nombre ennuyeux de poncifs, de clartés évidentes, emprunte d'un didactisme qui frôle le sous Dawson. Comme si la bienveillance et l'humanisme distancié des films de Faucon était devenu un boulet maladroit que se traîne la totalité des situations qui échappent à la vie intime de Victor. La vie professionnelle, le parcours d'adoption, les agressions, ou l'élections de Mitterrand, il y a un curieux sentiments de superficialité qui dénote, jusqu'au dénouement tragique même, d'un manque de substance. L'absence de surdramatisation aurait sans doute pu s'investir dans une plus grande compléxité des personnages et des "troubles". Le discours sociologisants est un autre surprenant poids mort du récit, les dominants (tous blancs, de droite) étant représentés sous un angle volontiers violents, réactionnaires, les gays, militants associatifs, personnes non blanches, sous l'angle d'une bienveillance, d'une gentillesse (de ce fait Faucon ne filme jamais la réaction des parents de Sélim, à la découverte de son homosexualité, ni n'évoque les scandales sur l'histoire du Refuge, ou les atermoiements transphobes et racistes de la communauté gay-cis). Pourquoi pas me diriez vous, mais si représentation il y a, il faut peut être en questionner certains fondements, surtout sur des bases aussi marketées. En définitive la série surprend plutôt défavorablement sur tout un ensemble d'intrigues secondaires, banales ou bâclées, il reste le film sur les relations amoureuses de Victor, peut être aurions nous pu, pour notre part, nous arrêter là.