he Haunting of Hill House n'a pas les problèmes que je trouve généralement aux séries Netflix, c'est à dire des longueurs considérables, uniquement là pour faire durer la série, et c'est ce que je redoutais le plus en voyant ces dix épisodes de presque une heure chacun, mais heureusement, il n'en est rien, ou presque, car la fin de saison traîne un peu trop en longueur, les révélations du dernier épisode sont assez lourdes, le passage dans la chambre rouge n'en finit pas, et la série entoure, sous-ligne, sur-ligne son propos pendant une bonne vingtaine de minutes. Mais ne soyons pas mauvaise langue, la narration est gérée d'une main de maître, les transitions entre passé et présent sont faites avec un naturel et une aisance assez remarquable par Flanagan, qui ne se présente d'ailleurs pas comme un héritier grossier de Stanley Kubrick - bien que la comparaison entre Shining et cette série soient simples - mais il parvient plutôt bien à rendre cette atmosphère, la hantise du lieu à travers les plans (je n'ai pas vu les fantômes plus ou moins cachés au fil des épisodes, mais tout comme les incohérences calculées de Shining, ils participent à faire ressentir l'aspect mort-vivant de cette maison, où les êtres se côtoient avec violence ou indifférence), l'architecture (volontairement brouillonne, la série montre à beaucoup de reprises des plans de la maison, et malgré cela, on ne parvient qu'à reconnaître certaines pièces, mais il est complexe d'établir une géographie globale, quelles pièces sont proches les unes des autres, etc...). L'utilisation régulière de la steady cam est également un hommage peu discret à Shining, et même si elle permet un suivi de l'action très fluide, sans se la jouer virtuose pour rien (j'y reviendrai), la façon d'épouser le point de vue des personnages est assez aléatoire ; ça m'a frappé dans l'épisode se concentrant sur Theodora (le choix de donner le point de vue d'un personnage à la fois dans les premiers épisodes est la meilleure idée de la série, chaque épisode apporte donc un regard nouveau, et des révélations qui ne semblent pas calculées pour te maintenir sous tension, nouvelle preuve de maîtrise narrative totale) qui utilise beaucoup la steady cam pour la filmer enfant, et toujours de manière interne au personnage (elle incarne son point de vue), mais cette façon de filmer les enfants au sein de la maison ne revient pas (si ma mémoire est bonne) au cours de la série, alors est-ce pour montrer la vision singulière de Theodora sur le monde qui l'entoure, ou juste une idée qui n'est pas exploitée plus que ça ? Flanagan n'a peut être pas encore acquis une rigueur technique totale, ce défaut se retrouve aussi dans sa gestion de l'horreur, et son travail des noirs ; à de nombreuses reprises l'esthétique de la série se résume à du noir sur du noir, il n'y a pas toujours de recherches particulières pour faire ressortir certaines choses, pour dessiner les silhouettes, ou au contraire les dissimuler, qualité que possède un autre maître de l'horreur contemporain : James Wan. Cependant, l'épisode 6 m'a tout de même plutôt impressionné, non pas parce que les plans séquences sont souvent assez longs et que la chorégraphie des comédiens est vraiment excellente, mais car le metteur en scène fait preuve d'une assez grande maturité en ne cherchant pas le virtuosité à tout pris (il n'y a pas à chercher longtemps pour trouver des plans séquences bien plus impressionnants au cinéma ou même dans d'autres séries), il cherche juste à nous montrer 2 événements jumeaux parallèlement, en temps réel, et l'épisode tient très bien ce contrat. Il sait quand couper, et c'est déjà une qualité. Reste à voir où ira cette série a priori anthologique (c'est ce que promettent les saisons à venir), mais si c'est le cas elle enterre déjà l'autre série d'anthologie horrifique actuelle qu'il est inutile de nommer.