Une expérience horrifique unique.
Une série clairement singulière qui (et c'est plutôt rare avec les films/séries d'horreur) ne ressemble à rien de ce qui a été fait jusqu'ici. C'est beaucoup plus profond et subtil que ce qu'on a l'habitude de voir dès qu'il est question de maisons hantées. La série évite les ressorts habituels, même s'il reste quelques moments clichés, surtout au début, mais ils sont noyés dans plus d'une dizaine d'heures d'une narration globalement originale et innovante. La difficulté du genre a toujours été de maintenir la tension horrifique sur une longue période. Il faut, paradoxalement, montrer sans montrer, révéler tout en maintenant des zones d'ombre. C'est le principal tour de force de cette saison qui, grâce à un scénario franchement épatant, parvient à disséminer l'horreur tout au long des onze épisodes. Je suis scénariste moi-même et, conscient de la difficulté de mettre en place un script basique et linéaire, je n'aurais pour rien au monde voulu travailler sur un scénario aussi complexe. Les scénaristes ont du se taper la tête contre les murs avant de réussir à agencer les pièces d'un tel puzzle. Il faut surtout noter que, peut-être pour la première fois dans l'histoire du genre, les personnages de cette histoire d'horreur ont une vraie dimension. Ils ne sont pas là que pour hurler et se faire massacrer, mais auront à parcourir un vrai cheminement psychologique. En ce sens, la série se rapproche du style de stephen king, mettant en scène des personnages qui, ayant non seulement à faire face à un lieu hanté, se révèlent eux-mêmes hantés par leurs propres démons. La série emprunte d'ailleurs énormément au maître de l'horreur, à tel point qu'on pourrait y voir une réécriture de the shining (pas le film raté de kubrick mais bien le roman), mais aussi de IT.
Notons aussi le soin apporté à l'ambiance lumineuse, hyper travaillée, la mise en scène qui repose souvent sur des séquences réalisées en une seule prise (allant jusqu'à des prises d'une demi heure sans aucun montage, ce qui en soit est un réel tour de force) et des effets spéciaux réussis.
Le seul point noir de la série, c'est l'actrice Carla Gugino. C'est le genre d'actrice qui, pour faire comprendre à tout le monde qu'elle a pris option art dramatique au lycée, pense devoir se tordre le visage dans tous les sens, prendre une dizaine d'expressions faciales à la minute. Le genre d'actrice qui pense que plus elle en fait des caisses, plus elle aura de chances d'obtenir un oscar. Sa piètre performance, surtout mise en lumière par les scènes avec des enfants qui jouent bien mieux qu'elle, peut parfois suffire à gâcher le plaisir. Elle en fait des caisses à chaque fois qu'elle pose les yeux sur ses enfants, en mère trop parfaitement dévouée, mais après tout c'est inévitablement le cas dès qu'on demande à une actrice américaine d'incarner le rôle sacro-saint de la mère de famille. Mais le problème c'est qu'elle monte en puissance tout au long de la série, atteignant un niveau de surjeu qui rendrait jalouse meryl streep.