Les Bracelets Rouges est l’adaptation française de la série catalane Polseres vermelles, elle-même basée sur l’histoire vraie de son créateur Albert Espinosa. De 13 à 24 ans, le jeune homme passe sa vie à l’hôpital, luttant contre trois cancers, qui lui coûtent une jambe, un poumon et une partie du foie. En 2007, il transcrit cette expérience dans le livre "Monde soleil", traduit en France six ans plus tard, qui se vend à plus de sept millions d’exemplaires à travers le monde.
Le titre des Bracelets rouges fait évidemment référence aux bracelets que portent les personnages de la série. Un élément basé sur le souvenir d’Albert Espinosa, qu’il a notamment confié au Parisien : "Pour survivre, pas au cancer mais à l’ennui à l’hôpital, nous avons formé un club avec les autres enfants, celui des bracelets d’identification rouges qu’on nous attachait au poignet avant chaque opération." Un symbole de ralliement, de force et d’amitié.
Les Bracelets Rouges est déjà le sixième remake de la série originale Polseres vermelles. En effet, l’adaptation française succède à l’adaptation allemande (Club der roten Bänder), italienne (Braccialetti Rossi), américaine, notamment produite par Steven Spielberg (Red Band Society), chilienne (Pulseras Rojas), péruvienne (Pulseras Rojas) et russo-ukrainienne (Krasnye braslety). Pour l’auteur Albert Espinosa, il s’agit d’une immense fierté que de pouvoir changer le regard sur les enfants malades, dans tant de pays.
S’il n’est pas intervenu sur le reste du tournage, Albert Espinosa a néanmoins mis un point d’honneur à rencontrer les acteurs principaux. Il a ainsi pris des cours de français et de diction pour pouvoir plus facilement discuter avec eux et leur raconter son histoire. Une rencontre bouleversante et pleine d’humour, qui a permis aux jeunes talents de mesurer leur responsabilité vis-à-vis de leurs personnages.
La production a fait le choix de jeunes comédiens encore relativement inconnus pour interpréter les héros de la série et de visages plus familiers pour les rôles des parents. Un choix audacieux mais payant, comme l’a souligné Pascal Elbé au micro d’Europe 1 : "Ce qui m’a séduit, c’est quand j’ai vu les gamins. (…) Il y avait une véracité absolue, j’étais complètement soufflé par ce casting." Une démarche également appréciée et convaincante, selon les propos de Michaël Youn à Première : "Il y avait une espèce de transmission. Ce sont des jeunes qui n’ont pas beaucoup d’expériences de jeu voire quasiment pas, donc on devait les mettre à l’aise, on devait leur apprendre à se placer etc… Y avait un côté un peu prof qui était très sympa, parce qu’ils sont adorables. Et puis, je trouve que le parti pris artistique de nous mettre en retrait est gonflé et intéressant."
Les Bracelets rouges marque les débuts de Camille Lou à l’écran. Elle y incarne Aurore, la fiancée d’Yves (Pascal Elbé), dont le fils doit être amputé. La jeune femme est surtout connue pour ses rôles dans les comédies musicales "1789, les amants de la Bastille" et "La Légende du roi Arthur", ainsi que pour sa participation à la septième saison de Danse avec les stars. Séduite par l’expérience du tournage d’une publicité pour la SNCF où elle donne la réplique à Kevin Costner, l’artiste a décidé de mettre sa carrière musicale en suspens afin de se consacrer davantage au cinéma et à la télévision.
D’abord désarçonné par une telle proposition, Michaël Youn a été bouleversé à la lecture du scénario des Bracelets rouges. Envisagé pour incarner un chirurgien, la productrice Véronique Marchat et le réalisateur Nicolas Cuche décident finalement de lui confier le rôle du père de la jeune Sarah (Esther Valding), atteinte d’une maladie cardiaque. Un personnage et un registre que le comédien a appréhendé selon une méthode de jeu, dont il a notamment fait part au Figaro : "J’écoute une musique qui va me procurer une certaine émotion, me plonger dans un univers. (…) Je suis plus dans la réflexion, ce qu’on ne soupçonne pas forcément de moi ! Je me promène dans la rue avec mon scénario sous le bras, je suis perdu dans mes pensées et j’essaye de mettre mon personnage au creux de la vie, de la réalité, de la société. Je passe des journées à marcher et à apprendre mon texte et celui des autres. Je me demande comment je ressentirai les choses et comment je les dirai si c’était vraiment à moi que ça arrivait. Je change beaucoup de trucs, je suis très chiant, j’appelle le réalisateur, je demande à inverser certains mots…"
Dans un souci de réalisme et de sincérité, le réalisateur Nicolas Cuche a fait le choix de filmer en décors réels. Le tournage s’est déroulé dans quatre établissements différents, dont certains désaffectés, à Arcachon (où est censé se passer la série) et en banlieue parisienne. L’équipe a donc réellement côtoyé des malades et patients sur place, et a notamment fait appel à des professionnels, infirmiers et médecins spécialistes, pour certaines scènes.
Audran Cattin et Tom Rivoire, les interprètes de Thomas et Clément, deux adolescents atteints du cancer, se sont réellement rasé la tête. Le premier a même tenu à le faire une semaine avant le début du tournage, afin d’avoir le temps d’aller dans le métro, pour ressentir l’effet du regard des autres. Quant à leurs jambes amputées, deux méthodes ont été utilisées : les comédiens portaient une chaussette verte qui permet d’effacer cette partie au montage, ou bien gardaient leur jambe en-dessous des fesses, en position assise.
Malgré un sujet lourd, la ligne directrice des Bracelets rouges a toujours été de ne jamais tomber dans le pathos. En ce sens, le réalisateur Nicolas Cuche a également veiller à choisir une bande originale adéquate. "J'ai rencontré beaucoup de compositeurs dont les propositions étaient trop mélodramatiques. J’ai choisi Hit’n’Run, dont la musique plus électro accompagne parfaitement la série et colle bien avec l'âge des protagonistes."