Tiens donc ! Une série de SF spatiale 100% française ! Alors moi je ne suis pas particulièrement chauvin, donc ce n’est clairement pas l’aspect « cocorico » qui m’a attiré vers cette série. Non… Voir une culture spécifique se risquer à appréhender un genre qu’elle a jusqu’à alors (presque) délaissé, moi ça me rend curieux. Alors c’est vrai, dans ce cas là le risque est toujours grand de voir la série singer sans talent les codes américains. Mais bon… D’un autre côté, on a vu dernièrement comment Canal + a su nous proposer du lourd et du bon, du coup on est aussi en droit d’espérer que sa filiale OCS, à l’origine du projet, sache nous surprendre quelque peu… Le fait est que, maintenant, j’ai enfin découvert cette série et je dois bien avouer que… eh bah… que moi-même ma réaction face à ce visionnage a eu de quoi me surprendre. D’un côté je suis assez perplexe par ce résultat final, et pourtant je ne peux m’empêcher d’apprécier globalement ce qui a été fait… Perplexe d’abord parce qu’il faut bien se l’avouer : c’est quand même assez cheap tout ça. Cheap en termes de moyens, de réalisation, d’interprétation, mais aussi d’écriture… Paradoxalement, ce n’est pas le manque de moyens financiers qui me pose le plus de problème. Même si on voit bien que les décors et costumes sont limités et que l’équipe des CGI a fait ce qu’elle a pu avec ce qu’elle avait, moi j’aurais pu passer outre si derrière tout avait été nickel. Or, il faut bien avouer que les gars de chez « Missions », ils ne sont pas très à l’aise avec le genre. Les scénaristes reprennent beaucoup ce qui s’est fait ailleurs. Ainsi retrouve-t-on dans ce « Mssions » pas mal de « Sunshine » et beaucoup (voire beaucoup trop) de « Mission to Mars ». Il y a même tellement de « Mission to Mars » qu’on y retrouve jusqu’au principal trou d’air du scénario de Ridley Scott. (
Bah oui… Parce que c’est bien gentil de dire que l’Humain vient de Mars… Sauf que cette belle fable, pour être crédible auprès de quelqu’un qui a un minimum de culture gé, elle se doit au moins d’être capable d’expliquer la présence des hommes de Cro-Magnon sur notre planète… Or là, ce n’est carrément pas le cas. On semble vouloir se limiter au registre du « ta gueule c’est magique… »
) Idem, de leur côté, les acteurs ne sont pas forcément à l’aise avec ce genre non plus. Ils ont du mal à être sobres. Ils ont du mal à inventer quelque-chose avec leur personnage. Cela reste très superficiel à quelques rares exceptions. Il faut dire que leur texte ne les aide pas. Pas mal d’archétypes basiques pour définir la personnalité de chacun. Ça ne va pas très loin et parfois c’est franchement ridicule (Mon dieu le personnage du méchant astronaute américain ! Mais quelle horreur !) Et enfin, je pourrais ajouter à cela une réalisation pas très inspirée qui n’arrive pas à masquer les coutures et les limites de ses décors (Je pense notamment à la scène de première descente dans l’atmosphère de Mars, où on voit juste trois gusses gigoter sur eux-mêmes pour donner l’illusion de la secousse : là franchement en termes d’immersion c’était plus que limite.) Bref, si je m’arrête là et que je fais ma liste de réserves, on est en droit de se dire que « Missions », ce n’est clairement pas très fameux… Et pourtant donc… Et pourtant je n’arrive pas à être trop cruel avec cette série. J’y suis même allé au bout sans trop de déplaisir, curieux même… La raison à cela tient en quelques points forts dont cette série peut se vanter ; des points forts qui sont loin d’être négligeables. D’abord « Missions » parvient à poser son atmosphère. En cela le générique et la très bonne musique d’Etienne Forget font vraiment du très bon boulot, et au vu du nombre de tares que la série se trimbale, c’est loin d’être du luxe. Ensuite, ce « Missions » a l’audace d’adopter un format très court. 20 minutes l’épisode. Seulement 10 épisodes pour la saison. Au final, ce temps court m’a permis de ne pas trop me lasser. A peine l’épisode commence-t-il que déjà il cherche à trouver son cliffhanger et sa conclusion. Cela oblige la série à poser assez régulièrement des éléments de révélation ou des péripéties, et pour le coup j’ai trouvé que cela donnait vraiment du rythme pour qui se regardait les épisodes les uns à la suite des autres. Pour le coup, ce simple choix compense pas mal de faiblesses, notamment celle qui concerne la superficialité des personnages. Cela lui donne un petit côté série B de luxe qui marche plutôt bien. Et puis surtout, cette série parvient à tenir le temps parce qu’au fond, elle sait jouer de ses quelques ficelles de scénario pour générer du mystère. Après tout, c’est ça aussi la force évocatrice de Mars : on ne sait pas trop ce qu’on pourrait y trouver. Donc à partir de là, un peu de fantastique peut suffire pour que le tour soit joué. Alors après c’est vrai, comme dit plus haut dans la bande spoiler, tout ça aboutit à quelque-chose de pas très fin et de pas très logique. De même on n’hésite pas non plus dans cette thématique là à brasser de bons clichés déjà vus ailleurs, mais bon… Mais bon, au final la série parvient quand-même à exploiter ce qu’elle peut exploiter du sujet et, comme elle sait aussi se la jouer un peu modeste, sans afficher de grosses prétentions, elle parvient malgré tout à poser un petit univers. C’est si court que franchement, je n’ai pas enragé de lui avoir consacré du temps. Au contraire même, j’ai l’impression d’avoir porté un œil bienveillant sur quelque-chose en gestation qui pourrait à l’avenir ouvrir la voie à des œuvres plus matures. Donc limite, si l’expérience vous dit, ce n’est pas moi qui vais chercher à vous en dissuader… A bon entendeur…