Me voici à jour des adaptations d'Agatha Christie signées par la talentueuse Sarah Phelps, « Témoin à charge » étant probablement la plus sombre que celle-ci ait écrite. Pourtant, bien que relativement séduit par l'approche, notamment cette lumière aussi aveuglante que singulière, il y avait toujours ce « problème » d'avoir vu la version signée Billy Wilder en tête, limitant quelque peu l'effet de surprise, malgré une approche éminemment différente. Si l'on retrouve bien la trame générale, Julian Jarrold « aère » beaucoup son scénario, au contraire d'un Wilder qui se concentrait presque exclusivement (et brillamment) sur le procès, ne faisant pas le même usage des dialogues (de belle qualité dans les deux cas). Enfin, même si elle très difficilement comparable avec celle de 1957, l'interprétation est à la hauteur, d'un Toby Jones étonnant dans un registre totalement différent de celui de Charles Laughton face auquel personne n'aurait pu de toute façon rivaliser, le duo Andrea Riseborough - Billy Howle, là aussi très loin de Marlene Dietrich et Tyrone Power, créant une ambiguïté parfois troublante. J'aurais toutefois été moins élogieux s'il n'y avait pas ce dernier épisode,
d'une noirceur et d'un pessimisme à faire froid dans le dos, qui, s'il garde les grandes lignes du roman, le trahit aussi allègrement par son amoralité, mais surtout cet ahurissant règlement de comptes entre le héros et son épouse, d'une violence, d'une cruauté faisant froid dans le dos
. Une façon aussi
désespérante
qu'inoubliable de conclure cette mini-série qui semblait condamnée à souffrir de la comparaison face à l'un des plus grands réalisateurs de l'Histoire du cinéma, mais qui, en définitive, lui ferait presque de l'ombre par son approche moins théâtral et ô combien crépusculaire sur la nature humaine.