Dès le début de la série, on sent qu'il y a là toute une atmosphère particulière, au-delà du meurtre d'un enfant par une gamine. On est saisi. Ou pas. Assez étrangement, on pressent tout de suite que des gens vont haïr. Là où on voit les qualités narratives, la beauté des image, la réalisation très maîtrisée, la qualité de l'interprétation, on sait qu'on a déjà perdu des spectateurs, on les entend presque agonir cette proposition de Laetitia Masson. Ce sentiment, cette sensation, on les a souvent au cinéma, rarement devant une série, une mini-série plus rarement encore. J'ai vu là toute la fragilité humaine - il n'y a aucun personnage "fort" à proprement parler - et toutes ces vies tremblantes m'ont ému, et interrogé aussi. A mesure que j'avançais dans la série, je percevais combien la fragilité de la pâte humaine est insupportable, inadmissible à certain.e.s. Dans un moment de notre histoire où depuis 20 ans seule la force et la violence font loi (en politique, en économie, dans les domaines sociaux et sociétaux, etc...) j'ai vu combien malgré sa noirceur, cette série était lumineuse, éclairante, à s'attarder ainsi sur ces êtres fragiles. La vie des "faibles" est passionnante, mais on n'y prête aucune attention.