Le pitch est alléchant avec cette trajectoire effrontée de femme libre, poursuivant bonheur et engagement politique et moral au mépris de son rôle social attendu (mère, fille, épouse). On aurait grandement aimé rester dans l'intrigue première, suivre cette femme de la haute qui découvre naïvement le communisme et s'encanaille auprès de féministes libérées… Au lieu de ça, on monte dans le train du mélodrame : la pauvre belle jeune femme tombe dans le piège de l'amour, et quitte ainsi la fable politique pour les voyages romantiques et historiques. De rebondissement en rebondissement, la jeune femme subit les plus belles mésaventures emblématiques du milieu du XXe siècle pour satisfaire ce goût invétéré des spectateurs pour la beauté sensuelle placée en position délicate, comme la vogue des sixties pour les films de femmes en prison… Le tissu de l'intrigue à suspens fait qu'on ne s'arrête jamais pour vivre pleinement le moment présent. Des personnages certes bien campés passent comme de belles ombres. Seule Amelia traverse les époques, se trimballe dans toutes les tenues et dans toutes les rues des plus belles cartes postales de l'histoire reconstituée : Madrid, Buenos Aires, Paris, Moscou, Berlin, Athènes... Entre le Code Quantum, humour et science fiction en moins, et l'impression de selfie vidéo, comme si l'intrigue historique n'était que prétexte à la mise en valeur de la belle actrice Irene Escolar, croisement de Victoria Abril et de Julia Roberts, en plus timorée et conventionnelle.
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