En 2007, la série anglaise "Skins" avait redéfinit le domaine de la "série teenage", créant ainsi une nouvelle frontière à laquelle n'est venu se frotter jusqu'alors.
10 ans plus tard, la France s'essaie à ce genre alors qu'elle peine encore à imposer des séries mémorables face à ses concurrents et que dans cette catégorie, ses maigres faits d'armes sont les productions AB1 ou la très peu connue "La Vie Devant Nous" (très 90's).
Sans surprise, "Les Grands" est un ratage quasi complet, qui se réclame de son modèle brittanique mais n'entretien quasiment aucun lien avec celui ci (tout au plus MJ pourrait faire figure de Effy du pauvre). Qu'est ce qui ne va pas dans cette série? A peu près tout, à commencer par ses personnages qui sont de belles coquilles vides, donc auxquels il est impossible de s'accrocher. La rebelle en papier mâché, le looser mytho, le gay, la vieille fille romantique, l'ex-obèse... autant de clichés et d'étiquettes qui ne sont jamais développés; il faut dire qu'en restant dans le cadre scolaire et en ne montrant jamais le quotidien des personnages en dehors, c'est difficile de s'intéresser à eux.
C'est d'ailleurs difficile de s'intéresser à ces personnages pas crédibles une seconde, trop vieux pour passer pour des collégiens, impossible de s'identifier à eux à moins que vous n'ayez toujours vécu dans le XVIe, vous pouvez oublier toute modernité, toute diversité culturelle.
La série ne sait pas trop quoi raconter, alors elle se concentre sur des amourettes inconsistantes, en tentant de meubler le vide par un humour vieillot.
Parce que c'est bien ça aussi le principal problème de la série, qui est très révélateur de la société dans laquelle elle s'inscrit (celle de son pays donc) : les créateurs se pensent modernes et ouverts, ils sont en fait très vieillots, en témoignent les coupes de cheveux tout droits sortis des années 80 et les personnages à la limite du ridicule : les profs (vous avez toujours pas compris qu'il faut laisser les personnages ados évoluer entre eux, sans adultes?) ou bien Boogie, digne héritier du personnage incarné par Daniel Auteuil dans "Les Sous Doués".
Parce que ce n'est pas de "Skins" qui sert de référence à la série, mais bien les vieilles comédies françaises ringardes dont on est toujours pas parvenus à se détacher.
Vous pouvez oublier toutes scènes de sexe, ça n'existe pas dans le monde imaginaire de "Les Grands", on se contente d'en parler, parfois comme dans un spot de prévention pour les MST, un distributeur de capotes dans les WC constituent un summum de transgression et on continue de croire qu'en 3e, la quasi totalité des ados sont encore puceaux : pas de doutes, les catholiques et les conservateurs ont fait beaucoup de mal à ce pays.
Si la réalisation est assez classe, la série se veut "spleenesque" (!!) parce que" c'est un truc qu'on aime bien en France, montrer des ados chiants et lénifiants. Du coup, on abuse du coté "indé français" dans l'image, à base de gros plan, de slow motion et de musique mélancolique alors qu'il faudrait que l'ensemble soit dynamique et fun.
Quand à coté, un pays comme la Norvège (10% de notre population, la moitié de notre superficie) parvient à produire une série comme "Skam" et à nous mettre la honte totale, il serait peut être temps de se remettre en question...ou d'arrêter de se lancer dans des domaines dans lesquels ont est incompétents.