Bah… Bah en fait non… Non, et cela malgré un début qui laissait pourtant présager d’un sacré potentiel. C’est vrai que ce monde futuriste qui nous est présenté possède une vraie marque visuelle et un postulat scénaristique assez saisissant. Cependant, pour moi, assez rapidement, mon « oui » curieux s’est transformé en un « non » blasé… Non, parce que d’abord j’ai tout simplement eu du mal à y croire à ce monde futuriste. Parce qu’aussi saisissant cet univers puisse-t-il être, je ne l’ai pas trouvé très crédible. Les auteurs ont quand même sacrément forcé sur la dose. Ce monde est une véritable incarnation de la misogynie à l’état pur. Tout ce qui pourra dégrader la femme, ce sera fait. C’est à tel point que je n’arrive même pas à voir la logique de ce monde ni même le gain que pourraient en tirer ceux qui sont au bout des ficelles. La logique de ce monde ne semble construit qu’au service d’une dramaturgie et d'une émotion plutôt qu’au service d’une cohérence d’univers. Bon alors après – c’est vrai – si encore l’invraisemblance avait permis de faire émerger un propos original, riche et intéressant, je n’aurais sûrement rien trouvé à redire sur ces questions d’invraisemblance. Mais le problème c’est que, même en termes de propos, je ne vois pas ce que ce « Handmaid’s Tale » a de si folichon à dire. Au fond d’ailleurs, il ne dit même pas grand-chose. Il expose simplement des femmes qu’on opprime. Il en montre différents aspects, il insiste sur l’effet d’accumulation et d’usure. Tout cela OK… Mais qu’est-ce que ça nous dit tout ça ? Que… c’est triste pour elles ? Bah ouais, moi je suis désolé, mais tout ce que j’ai tiré de cette saison 1 c’est cette idée là : « opprimer les femmes, c’est pas très sympa pour les femmes. » Moi, j’espérais qu’on sache prendre le temps d’explorer les mécanismes complexes d’une société totalitaire ; d’en apercevoir aussi le développement sournois. Mais là, rien. A dire vrai le système est là parce qu’il est là. On nous dit bien qu’on a su faire peur aux gens et que ces mêmes gens ont été bien trop passifs pour réagir. Mais… C’est tout ? Dix épisodes juste pour balancer ça vite fait et puis ensuite s’étaler ad nauseam sur les rapports d’oppression entre le personnage de June et de son entourage ? Sérieux ? Et là du coup ça m’amène sur ma troisième raison de dire « non ». Cette troisième raison c’est le fait qu’en fin de compte, au bout de dix épisodes, il ne s’est rien passé. La seule chose que cherche à faire chaque épisode c’est de développer visuellement cet univers. Seulement le problème c’est que ça se fait au compte-goutte, sans véritable pensée politique ou philosophique, le tout noyé au milieu de scènes répétitives qui brassent souvent de l’air. On en vient parfois à se retrouver à entendre des oppositions du genre : « il n’y a pas que la reproduction qui compte. Il y a aussi l’amour ! » Pour moi, surtout sur un temps aussi long, c’est juste trop cheap. Franchement, dès le deuxième épisode, j’étais déjà en train de trouver que la série avait une fâcheuse tendance à se répéter et à décliner sans cesse les mêmes situations, avec les mêmes ressorts, et le tout sans réelle ambition discursive. Et le problème c’est que l’idée a été confirmée par l’épisode 3, puis l’épisode 4, puis l’épisode 5… Jusqu’à l’épisode 10. Cette série n’avance pas. On sent qu’on veut faire plusieurs saisons avec un truc qui, en termes de fond, est à peine suffisant pour un simple long métrage. Alors certes, on pourrait sauver tout cela en disant qu’au moins c’est original… Eh bah là non plus, finalement, je ne trouve pas tant que ce soit le cas en fait. Très rapidement, je me suis dit que cette série ressemblait à un croisement entre « les fils de l’Homme » pour le postulat de départ, « V pour Vendetta » pour l’atmosphère et le propos, et « Princesse Sarah » pour l’intrigue. (Parce que oui, franchement cette fille qui déguste, ne dit rien, et redéguste, et ne redit rien, et redéguste encore… C’est Princesse Sarah.) En somme, je veux certes bien reconnaitre l’effort technique et la créativité visuelle très propres de cet « Handmaid’s Tale », mais l’honnêteté m’oblige de vous avouer que cette œuvre m’a totalement laissé indifférent, ne voyant clairement pas l’intérêt de ce qui nous est ici proposé. A la fois en termes de propos, de choix d’intrigue, et de longueur, je trouve que les choix qui ont été faits se révèlent au final incroyablement inopérants. Une belle coquille vide en fin de compte, bien loin de l’auscultation minutieuse d’un totalitarisme ; chose que le début pouvait pourtant laisser espérer… Vraiment dommage.