"Sacred Games" est la première série indienne produite par Netflix. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de Vikram Chandra qui a été adapté notamment par Varun Grover à qui l'on doit le scénario de "Masaan". Pour mettre en scène cette histoire qui suit deux personnages et deux époques, c'est Anurag Kashyap et Vikramaditya Motwane qui s'y collent et se chargent chacun d'un des personnages. L'histoire commence avec Sartaj Singh, un policier intègre qui a du mal à monter les échelons, qui reçoit un appel du célèbre caïd, Ganesh Gaitonde qui était porté disparu depuis 16 ans... Durant cet appel, il lui fait part d'une menace qui court sur la ville de Bombay ce qui oblige Singh à le traquer. Après un très bon premier épisode, la série se divise en deux avec d'un côté l'enquête de Singh sur cette affaire qui se déroule à notre époque et de l'autre des flashbacks sur Ganesh et son ascension qui se déroulent dans les années 90. Pendant tout ce temps, on reste en alerte sur la mystérieuse révélation de Ganesh avec ce compte à rebours sur quelque chose qui semble inévitable. Les deux intrigues sont captivantes et se valent totalement. Celle sur Ganesh, parfaitement incarné par le très bon Nawazuddin Siddiqui, est plus classique avec ce caïd qui cherche à s'imposer dans une ville gangrénée par la violence et les différents trafics. Elle m'a fait un peu penser au film "Raees" avec SRK, mais sans le côté humain du personnage. Là où cette partie tire son épingle du jeu, c'est en ancrant parfaitement l'histoire dans la réalité en parlant de faits réels comme la démolition de la mosquée de Babri Masjid ou encore l'enlèvement de la fille d'un politique. Ces faits n'ont aucune incidence sur l'histoire, mais cela donne plus de crédit à l'environnement et à ce qui se passe. L'autre intrigue sur Sartaj, incarné par un impeccable Saif Ali Khan, est tout aussi captivante, mais pas pour les mêmes raisons. Elle est beaucoup plus mystérieuse et mieux ficelée. D'ailleurs, c'est presque impossible de la résumer tant le mystère se dissipe lentement. Il y a de tout dans cette série : de la violence, du sexe (ce qui est assez rare pour une production indienne), des intrigues policières à rebondissements, une satire sociale, etc. Ce qui est étonnant, c'est ce rapport à la religion et à Dieu dans beaucoup de choses ce qui nous renvoie à l'une des premières phrases ou plutôt question de Ganesh. Pour une première série, c'est réussi. C'est une bonne saison qui monte doucement en puissance jusqu'à un final qui est aussi bon que frustrant et qui donne envie d'en voir plus... Comme avec sa première partie de "Gangs of Wasseypur", Anurag Kashyap nous frustre, mais dans le bon sens puisqu'il nous laisse sur quelque chose qui donne réellement envie de voir la suite...