Souffrant moi-même d’une maladie mentale (bipolarité), je me suis laissée tenter par le pitch et par le casting. Au départ j’ai trouvé ça long, et pourtant je lançais toujours la suite, sans vraiment savoir ce qui m’y poussait.
Je n’aime généralement pas les réalités d’un monde altéré (ici c’est un mélange entre une société futuriste et rétro), et c’est probablement ce qui m’ennuyait en partie. Je ne comprenais également pas exactement l’intérêt de certaines scènes que je trouvais un peu longues et parfois un peu cliché. Mais quand les personnages finissent par participer à l’expérience, l’atmosphère change, et l’on entre enfin (presque !) dans le vif du sujet. Je suis donc à ce moment là dans l’attente du fameux suspense (j’aime être tenue en haleine par une série, c’est généralement tout ce que j’en attends) que j’ai pu lire dans les commentaires. Et pourtant non, il est présent sans être vraiment là, je ne suis pas prise par cette envie compulsive et jouissive de voir l’épisode suivant. Nous en sommes à la fin de l’épisode trois et je suis toujours frustrée par quelque chose sans pouvoir identifier quoi exactement. Tout bascule lors de l’épisode quatre et je prends enfin la mesure de la qualité, de l’originalité, de l’exception qu’est « Maniac ». Je comprends maintenant pourquoi il était capital d’insérer ces scènes un peu longues dans les premiers épisodes et réalise que finalement les clichés que je j’avais identifiés sont maintenant complètement brisés et retournés contre moi (je n’en dirai pas plus pour éviter de spoiler) et je pressens alors que cette série risque de figurer dans mon top 10. (Twin peaks, Game of thrones, the OA, true detective saison 1, stranger things, Maniac -à present que je l’ai vue entièrement-, breaking bad, homeland, the leftovers, buffy contre les vampires -Et si ! Après l’avoir revue adulte je me suis aperçue de la qualité de certaines saisons !).
Après la fin de l’épisode quatre, ça y’est, j’ai compris, et je suis complètement dedans. C’est à la fois hilarant, absurde, dramatique, thriller, dystopique (genre que je ne supporte pas mais qui est ici très supportable parce que nécessaire) et fantasy, et le tout fonctionne à merveille. C’est du pur génie d’arriver à mélanger les genres sans perdre le spectateur en route, et contrairement à ce que j’ai pu lire à maintes reprises : non, il n’y a pas besoin de revoir la série plusieurs fois pour tout comprendre. C’est très simple, il suffit de comprendre un peu comment le cerveau humain fonctionne pour piger.
Les acteurs sont bluffants, les personnages qu’ils campent magistralement (mention spéciale à Jonah Hill) sont aussi très travaillés et l’on sent les heures passées à bosser sur chacun d’eux pour leur conférer une personnalité propre qui soit palpable à l’écran en seulement dix épisodes.
Les références cinématographiques sont nombreuses, et si habituellement elles me dérangent parce qu’elles prennent le dessus sur l’œuvre en elle-même, ce n’est pas le cas ici. « 2001, l’odyssée de l’espace », « inception », « mulholland drive », il y a également une patte scénaristique délicieuse qui ressemble parfois aux frères Cohen et à du Tarantino.
J’ai regardé « Maniac » et ses dix épisodes en trois jours, j’y pense encore, et je souris toujours en repensant à certaines scènes complètement délirantes.
Je conseille à tous de ne pas vous laisser décourager par les quatre premiers épisodes, parce qu’ensuite la série démarre et nous entraîne dans quelque chose qui n’avait jamais été tenté nulle part (bien qu’elle soit adaptée d’une version étrangère), et c’est du pur plaisir qui vous attend par la suite.