un petit bijou! Bien sûr, on peut rechercher un film d'horreur pur et dur, genre "maison hantée", Dans ce cas, beaucoup risquent d'être inévitablement déçus par le manque d’hémoglobine, d'effets spéciaux bien gores.
Mais, si vous n'êtes pas "enfermés" dans le genre "film d'horreur qui dégouline", vous parviendrez à ouvrir une porte sur une allégorie magnifiquement élaborée et captivante. Par delà les nœuds d'un labyrinthe terrifiant, c'est le cheminement psychologique vers la guérison d'une jeune femme brisée, qui nous est livré d'une manière onirique ( cauchemardesque certes, mais pas que...) vraiment très réussie.Le frisson est bien présent mais l’émotion est là également.
Mention spéciale pour Géraldine Chaplin, glaçante et sublime
[spoiler ]Dans le premier épisode, on fait connaissance de cette âme brisée: Lisa, jeune femme bloquée qui n'arrive pas à profiter pleinement de la vie: solitude, vide affectif, énurésie, fuite des hommes... :
La maison hantée dont elle hérite mystérieusement apparait très vite comme le reflet de l'enferment psychologique dans lequel elle se trouve: tout comme la maison, Lisa est "murée" dans le passé : la perte de sa jeune sœur et la culpabilité qu'elle nourrit depuis ce dramatique accident. Piégée dans la maison devenue labyrinthe, elle n'arrive pas à s'en sortir, et sa quête de la "porte rouge", au travers d' un dédale de pièces sans issues, les retrouvailles inespérées avec l'être cher perdu, puis enfin l'acceptation de revenir en quelque sorte dans le monde des vivants...tout cela est rudement bien ficelé, bien mené
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J'ai particulièrement adoré ce tout petit détail qui pourtant en dit long sur la subtilité du récit: Lisa remarquant que sa sœur enfin retrouvée n'a pas sur le bras la cicatrice qu'elle devrait normalement avoir. Lisa vient de sortir des ténèbres, a pu échappé aux "autres", elle retrouve l'être qu'elle a le plus aimé au monde, elle pourrait croire qu'elle a trouvé la plus belle des issues ( les verts pâturages annoncés par la citation biblique)...pourtant, par ce tout petit détail, elle comprend : elle comprend que ce n'est pas vraiment sa sœur qui se tient à coté d'elle ; elle comprend que ce lac si calme où le soleil jamais ne se couche n'est qu'une chimère, qu'un autre emprisonnement tout aussi dangereux que le sombre labyrinthe hanté d'êtres inquiétants.
Ce détail, c'est la finesse de cette série:surréalisme et réalisme s'entrecroisent subtilement. seul l'intervention de Julien tient du fantastique pur: anachronisme délicieux et romantique qui donne au récit tout sa poésie