En rien une série (mais le spectateur courant est tellement avide ce type de produits que les gens brillants du marketing osent tout, y compris inventer le concept fumeux de « mini-série » pour qualifier un téléfilm en plusieurs parties). En rien en handicape notons le, puisqu’il ouvre la perspective d’une oeuvre pensée dans sa globalité, réduite à sa part nécessaire, sans ce fond de roulement, ces récits de fond, péri-intrigues de remplissage, qui caractérisent la presque totalité des productions télévisuelles. De fait, le réalisateur et les producteurs osent même parfois presque ici s’affranchir du récit, une audace qui doit être pointée tant le récit, l’usage agressif du récit comme arme pour capturer une audience, est bien la marque de fabrique du produit en Série. On lorgne donc vers l’évocation, la sensation, le ressenti, en s’appuyant sur la forme ici très appuyée. Flashs visuels (et sonores) disruptifs en cascade, flash back sans portée narrative claire. Le charme opère initialement. Mais passés les premiers épisodes, faute de renouvellement formel, au poids des répétitions des scènes de confrontations entre personnages (on retrouve ici la marque peu glorieuse des produits de série), personnages pour la presque totalité malsains, excessivement perturbés, la série épuise son spectateur. La forme, aussi élégante soit elle se fait habillage. On ne doute pourtant pas de l’intégrité et du talent certain de monsieur Vallée, mais il n’est assurément pas un formaliste à la mesure d’un Lynch par exemple, capable de ces fulgurances qui excusent tous les flottements, tous les errements. On se retrouve devant le pire des schémas, celui d’une série qui déçoit ses espérances avant même sa conclusion. Une série qu’on se retient finalement de conseiller (mais cet avis ne semble pas partager. De loin).
Dans une catégorie proche pour l’usage qu’il est fait de la forme, où il y a ambition de forme au delà du récit, on conseillera plutôt la très aboutie HomeComing, vrai modèle de créativité, qui réussit le challenge des relances formelles que n’ose pas Sharp Objects.