Halloween 1988, un tueur surnommé "The Executioner" s'introduit chez un jeune couple, les Ingram, et les massacre avec son plus chouette couteau. Mais, au lieu de s'enfuir, il pratique une césarienne à faire pâlir n'importe quel obstétricien sur Rachel Ingram enceinte jusqu'aux yeux et s'installe tranquillement sur un fauteuil avec l'enfant dans ses bras en attendant la police.
De nos jours, le petit bébé est devenu une jolie brune (Katie McGrath) qui revient s'installer dans sa maison natale avec son petit ami journaliste (Brandon Jay McLaren déjà dans "Harper's Island").
Comme vous l'avez deviné, c'est pile poil à ce moment-là qu'un nouvel Executioner fait son apparition (l'ancien croupit en prison) et assassine à tour de bras les habitants de la petite bourgade en s'inspirant des sept péchés capitaux...
La moyenne (mais quand même fort sympathique) "Harper's Island" ou la médiocre teen-"Scream" l'ont prouvé : adapter le format d'un slasher en série n'est pas une chose aisée. Là où un long métrage d'1h30 permet de ne jamais faiblir le rythme entre les meurtres, d'éviter d'aborder l'impact émotionnel de ceux-ci (généralement, les survivants poussent un "Noooon !!" et passent à autre chose pour sauver leur peau) ou d'avaler bon nombre de couleuvres sans broncher, une série, elle, du fait de sa durée, se doit de meubler avant l'inévitable révélation du coupable et donc d'explorer toutes les zones d'ombres de l'histoire qu'un film peut éviter d'aborder.
"Slasher", la première production originale de la chaine "Chiller", n'échappe bien sûr pas à cette règle et va essayer d'adopter un leitmotiv pour éviter au maximum les passages à vide. Ce qui ne fonctionnera hélas pas du tout.
L'Executioner punit donc mortellement ses victimes pour leurs secrets dissimulés (7 péchés capitaux = 7 épisodes + le final). Ça tombe bien la petite ville de Waterbury contient une population bien allumée ayant commis plein de trucs louches, avec en premier lieu un étrange trafic de sex-tapes (ouais !), et le bourreau va se régaler à mettre en scène leur mort funeste de manière religieuse (on ne saura jamais vraiment comment il a eu connaissance de tous ces secrets enfouis mais bon...).
Par conséquent, la série va se servir de manière plus ou moins efficace des meurtres et des révélations du passé des victimes comme principaux rebondissements des épisodes. C'est sans doute sa meilleure idée car c'est là qu'elle en envoie le plus avec ses scènes de meurtres, son tueur en costume de bourreau très réussi et quelques révélations qui font mouche (l'arc autour de l'adolescente disparue est clairement le meilleur moment du show).
Problème, "Slasher" est d'une mollesse absolue et la plupart du temps prévisible à souhait (les inconditionnels des codes du genre devineront sans doute l'identité du tueur dès le pilote). Entre chaque tuerie et révélation, il ne se passe quasiment rien sinon des scènes de dialogues très vite gonflantes où aucune once de tension ne parvient jamais à s'installer.
La faute en incombe en grande partie à une réalisation pantouflarde qui ne parvient pas à donner une réelle ampleur à cette série de crimes morbides et au climat de terreur qui devrait régner en ville, la palme de l'ennui revient sans doute aux scènes d'entretien entre l'ancien tueur (l'absence de charisme de Patrick Garrow est incroyable, quelle erreur de casting !) et l'héroïne qui ne décollent jamais, ce clin d'oeil évident au "Silence des Agneaux" tourne assez vite à la parodie très cheap et affaiblit invariablement le rythme.
De plus, les épisodes deviennent rapidement un calvaire à suivre du fait qu'ils s'ouvrent toujours sur les conséquences meurtrières du précédent, les personnages passent donc un tiers du temps à ressasser leur tristesse, le suivant à parlementer de la progression de l'enquête autour d'un verre de vin (il doit y avoir autant de sang qui coule que d'alcool ingurgité dans cette série !) et la dernière partie vient quand même bousculer un peu leur tranquillité en faisant intervenir l'Executioner ou un protagoniste louche.
Il n'y a que les ultimes épisodes qui changeront un peu la donne (l'affaire de l'adolescente dont on parlait plus haut) où le secret d'un personnage sera pourvoyeur d'un véritable suspense plutôt prenant. Dommage que la révélation de l'identité du meurtrier et le final bâclé qui s'ensuivra viennent gâcher ce joli sursaut.
Enfin, il y a ces invraisemblances qui donnent le sentiment au spectateur d'être pris pour une andouille de très haut rang (commandant minimum). On va en citer quelques-unes mais sachez que "Slasher" ne fait pas dans la demi-mesure lorsqu'il s'agit de facilités encombrantes pour résoudre un problème scénaristique, si vous êtes amateurs d'incohérences rigolotes (mot poli pour "gênantes"), cette série est clairement faite pour vous !
Bien sûr, il y a le fait que les meurtres éclatent au même moment que le retour d'une survivante de la première tuerie et de son petit ami, pas un policier ne semble les suspecter ou au moins les interroger. OK !
L' héroïne se balade constamment toute seule la nuit dans des rues désertes alors qu'il y a un tueur dingo qui sévit. OK !
Une caméra de surveillance d'un petit journal local conserve des images d'il y a 5 ans (déjà, rien que le fait que les locaux du journal aient des caméras, bon...). OK !
La patronne du journal, justement, dit qu'elle vit dans l'appartement juste au-dessus du bureau mais part chercher sa voiture garée à deux kilomètres de son travail pour rentrer chez elle (elle est tellement énorme celle-là !! Magique !). OK !
Le meilleur ami gay-marrant-cool qui après avoir organisé une fête où quelqu'un a perdu la vie en refait une deuxième (il est censé être ruiné en passant mais il invite toute la ville). OK !
Le plan complètement débile de l'héroïne pour coincer le tueur dans l'épisode final, il échoue bien sûr mais, au lieu de se réfugier dans le bâtiment où il y a des dizaines de personnes juste à côté d'elle, elle préfère partir courir toute seule dans une rue isolée. OK !...
On arrête là mais sachez qu'il y en a à la pelle des comme ça.
Malgré quelques bonnes références glissées ici et là en hommage au genre (de "Halloween" au plus récent "Saw"), un bon tueur et de rares twists surprenants, "Slasher" est une série très pénible à suivre à cause d'une sorte de pilotage automatique très agaçant (on ne s'écarte que trop rarement de la routine du slasher banal) d'où ressort un manque d'ambition (voire de fainéantise) aussi énorme que notre déception.