Les réalisateurs Rafael Cobos et Alberto Rodriguez avaient en main tous les éléments pour nous sortir une série aussi réussie que le film basé sur le chef-d'oeuvre d’Umberto Eco, "Le Nom De La Rose". La période passionnante qu’est l’Inquisition Espagnole de « La Peste », a en effet autant de centres d’intérêts que le moyen âge du "Nom De La Rose". Les deux réalisateurs espagnols avaient même encore plus d’atouts que Jean-Jacques Annaud, car ce dernier était sensé tout boucler dans un film, Cobos et Rodriguez avaient, eux, plusieurs saisons et épisodes pour étayer le contexte dans lequel évolue leur fin limier. Les différents agendas, idéologiques, religieux, et politiques du pouvoir Espagnol sont évoqués avec précision. Les défis que posaient les luttes entre les classes, les problèmes de santé publique, de l’urbanisme dans des villes comme Séville, tout cela est traité avec justesse. Sauf que pour maintenir en éveil l’attention du téléspectateur, il aurait fallu que les deux cinéastes espagnols soient plus motivés par l’envie de bien nous faire comprendre l’enquête policière que mène le héros. Or, contrairement à Annaud qui avait centré l'attention sur l'enquête et avait accessoirement et subtilement traité le contexte socio-historique de l'oeuvre de départ, Cobos et Rodriguez semblent plus animés du désir de s’appesantir sur les éléments sociologiques et historiques de l’époque qu'autre chose. D’ailleurs, de leur héros, on ne dit que très peu de choses et ce, au compte-goutte. Le rythme de l’enquête est à l’image de la musique : extrêmement lent, morne et lancinant. Une enquête qui, d'ailleurs, se termine sans qu’on sache très exactement qui étai(en)t le ou les assassins, sont-ils ceux là même qu'on emprisonne? Que reprochai(ent) les assassins aux victimes? Et pourquoi le héros était si convaincu qu'on s'est servi de lui? Frustrant, pesant, et décevant au final.