Mayans M.C. : secrets de tournage

Mayans M.C. est le spin-off de Sons of Anarchy, initié par le même créateur : Kurt Sutter. On retrouve également, aux génériques des deux projets, le producteur Jon Paré et le compositeur Bob Thiele Jr., ainsi que l’acteur Emilio Rivera, qui reprend son rôle de Marcus Alvarez. L’histoire se déroule environ trois ans après la fin de Sons of Anarchy et se concentre sur le gang américano-mexicain des Mayans. Apparu dès la première saison de la série originelle, ce dernier est inspiré du véritable gang Mongols Motorcycle Club crée en 1969 par des motards hispaniques, dont le quartier général se situe en Californie du sud.

N’ayant pas plu à la chaîne FX, le pilote de Mayans M.C. a dû être tourné une deuxième fois. Souhaitant se concentrer davantage sur l’écriture, Kurt Sutter a ainsi laissé sa place de réalisateur à Norberto Barba. Par ailleurs, plusieurs changements de casting ont également eu lieu : Carla Baratta a notamment remplacé Andrea Londo dans le rôle d’Adelita, tandis que le personnage d’Esai "Taino" Osorio, incarné par John Ortiz, a finalement été modifié pour devenir Obispo "Bishop" Losa, sous les traits de Michael Irby. Ce n’est pas une première pour l’univers de Sons of Anarchy, dont le pilote original fut également tourné à deux reprises, avec Scott Glenn, puis Ron Perlman dans la peau de Clay Morrow.

S’il était seul aux commandes de Sons of Anarchy, Kurt Sutter a trouvé un partenaire pour Mayans M.C. en la personne d’Elgin James, afin d’avoir, entre autres, un point de vue non biaisé sur la culture latino. Ex-leader du gang punk hardcore mal famé de Boston, Friends Stand United, ce dernier a été envoyé en prison pour extorsion, après avoir présenté son premier long-métrage, Little Birds, au festival de Sundance. Quatre ans après sa sortie, il fait la rencontre du créateur qui l’embauche aussitôt, malgré son inexpérience en matière de série télé. "C’était amusant car le personnage principal, EZ Reyes, est un ex-détenu, et lorsque j’ai commencé à travailler avec Kurt, je venais aussi de sortir de prison depuis quelques années et j’essayais de m’intégrer.", analyse Elgin James.

L’intrigue de Mayans M.C. se déroule à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, ce qui, sous l’administration de Trump, n’est pas anodin. "Mais ce n’est pas un show politique, je n’écris pas de shows politiques.", tempère Kurt Sutter. "Ceci dit, de la même manière que Sons était un club fictif dans le monde réel, je dirais que le monde réel a toujours une influence sur la série. Mayans M.C. ne traitera donc pas ces problèmes de front. Mais comme il se déroule à la frontière, dans une partie du monde politiquement chargée et forte en émotions, cela se ressent fortement dans la narration." Et l’acteur principal JD Pardo de confirmer : "Kurt Sutter a cette capacité de pouvoir créer quelque chose de réel, sans nécessairement prendre position. Nous n’essayons pas de lancer un débat, ou d’exploiter la réalité d’un point de vue ludique. Cela sert à enrichir l’histoire et l’atmosphère du monde que ces personnages habitent."

D’abord envisagé pour plusieurs rôles différents, le jeune comédien JD Pardo a finalement décroché celui du protagoniste EZ Reyes. "Je l’ai vu pendant une lecture, en compagnie d’autres acteurs, et j’ai su ce que je cherchais. Il y avait quelque chose d’intéressant et d’impressionnant dans ce qu’il faisait. (…) Il était très soigné, s’exprimait bien et cela détonnait avec les autres acteurs qui auditionnaient. C’était exactement ce que je voulais : un type qui soit une anomalie dans sa communauté.", raconte Kurt Sutter. Afin de mieux rentrer dans la peau de son personnage, un ex-détenu, JD Pardo a pu compter sur l’expérience et le passé du co-créateur Elgin James : "Il m’a vraiment aidé à entrer dans la psychologie du personnage, à comprendre l’impact mental et émotionnel que la prison peut avoir sur quelqu’un. C’est ce sur quoi je voulais me focaliser pour EZ."

Avant de tourner dans Mayans M.C., ni JD Pardo, ni Clayton Cardenas n’étaient déjà montés sur une Harley Davidson. "L’une des choses que j’ai dû apprendre, c’est de savoir conduire une Harley. J’ai l’habitude des motos tout-terrain, mais les Harley sont des bêtes complètement différentes. Elles font presque 500 kilos, et il faut apprendre à gérer l’équilibre.", explique ce dernier. Après quelques semaines d’entraînement, JD Pardo s’est pourtant montré bien sûr de lui lors des premières scènes à moto : "Le premier jour de tournage, je saute sur la moto et je commence à conduire. Je passe la quatrième et je me sens super confiant. Je me dis que c’est facile. Durant l’une des prises, je descends et je dois prendre un virage. Mon pneu s’accroche à du gravier et je glisse. J’ai paniqué. Heureusement, j’ai atteint le dispositif d’arrêt d’urgence. Mais c’était super embarrassant. Lorsque je me suis relevé, le responsable des cascades et d’autres me criaient : ‘On t’avait dit de faire attention!’.", raconte-t-il.

Outre Elgin James, plusieurs membres de l’équipe, devant et derrière la caméra, ont grandi dans le cercle de pauvreté et de violence dépeint dans la série. Parmi eux, les comédiens Clayton Cardenas et Richard Cabral, ex-membres de gang. "Nous pouvons enfin raconter notre histoire.", déclare le co-créateur, prônant vouloir faire de l’art pour "les rejetés de la société". Selon son collaborateur, Kurt Sutter, cela apporte autant de diversité que d’authenticité : "De manière assez égoïste, j’apprécie l’énergie de ces hommes et de ces femmes qui savent qu’ils devraient probablement être ailleurs, à un endroit plus sombre. L’opportunité qu’ils ont eu de se réinventer… Cette gratitude, on ne peut pas la mettre en bouteille. On ne peut pas demander quelque chose de plus puissant que ça. C’est magique sur le tournage."

Si le casting principal de Mayans M.C. compte 16 hommes pour 2 femmes, celles-ci ne sont pas en reste, comme le déclare Sarah Bolger : "En termes de proportions, les personnages féminins sont moins nombreux que les personnages masculins, mais en termes d’histoire, nous sommes à égalité. (…) Dès l’audition, ces personnages n’étaient pas décrits comme ‘la petite amie de…’, ‘la femme de…’, ou ‘intérêt amoureux’. Mais, par exemple : ’Emily Thomas, une redoutable joueuse’. Ce sont des femmes qui ne sont pas nécessairement liées à quelqu’un. Leurs arches narratives leurs appartiennent, et c’est incroyable. Cela me rend si fière de faire partie de cette série." Une fierté d’autant plus symbolique pour l’actrice vénézuélienne Carla Baratta, au regard de sa communauté : "Je viens d’une famille où les femmes sont fortes, sont des leaders. Lorsque j’ai discuté avec Elgin James et Kurt Sutter à propos des rêves d’Adelita, de ses origines, de tout ce qu’elle a traversé dans sa vie, c’est ce que nous avons essayé d’apporter."

Sarah Bolger interprète Emily Thomas, l’ex-petite amie du protagoniste, qui s’avère être le vilain petit canard de sa communauté. De même, l’actrice irlandaise a dû apprendre à parler espagnol, dont elle n’avait aucune connaissance, ains qu’à adopter l’accent américain pour les dialogues en anglais. "Aucun des deux n’est difficile, en soit. Ce qui l’était, c’était de devoir passer de l’un à l’autre, de l’accent américain à l’espagnol et inversement. Je me suis beaucoup entraînée. Je me parlais tout le temps devant le miroir.", raconte-t-elle.

Edward James Olmos, le légendaire amiral de la série Battlestar Galactica, incarne le patriarche du gang des Mayans, Felipe Reyes. Un honneur dont s’était réjoui Kurt Sutter sur son compte Twitter : "Parfois, les planètes s’alignent. Je ne pourrais pas être plus satisfait sur le plan créatif mais également personnel d’accueillir cette attendrissante personne à bord du projet." De même, ses partenaires à l’écran ne tarissent pas d’éloges sur lui, telle que Sarah Bolger qui le décrit comme "incroyable" et "généreux". Mais surtout, JD Pardo et Clayton Cardenas, interprétant ses fils à l’écran : "Lorsqu’il nous parlait, on était comme deux gamins autour d’un feu de camp, à écouter tout ce qu’il disait.", se souvient ce dernier.