Alors voilà, nous y sommes : la quatrième et ultime saison de 13 Reasons Why. Par où commencer ? Il me semble qu’il y a tellement à dire, et pourtant j’ai l’esprit vide de toute idée. Cette saison finale est incroyablement riche en émotions ; on dit adieu à des personnages qu’on a appris à aimer à mesure qu’on les a vus se noyer dans les problèmes, on découvre de nouvelles facettes chez certains d’eux, on les aime davantage et on les quitte avec plus de tristesse qu’on ne s’attendait à ressentir. Oui il n’y a rien à dire sur l’empathie qu’on ressent pour les différents caractères de la série ; tout nous pousse à aimer chacun d’eux comme il le mérite, ceux qui ont fait des actes horribles comme ceux qui cherchent vainement à les réparer, et personne n’est innocent ou coupable.
Ce qui m’a dérangé dans cette saison, c’est la représentation du lycée et des jeunes qui y vivent. À force d’entendre sans arrêt « survivre au lycée c’est compliqué » ou encore « je ferai tout pour mes amis » on en vient à douter de l’illusion que cherche à mettre en place la série. Je m’explique. En tentant d’aborder trop de sujets différents, 13 Reasons Why perd de son authenticité (originellement les multiples raisons qui peuvent pousser à un suicide dans le milieu adolescent), pour davantage se focaliser sur tous les problèmes auxquels les adolescents peuvent être confrontés : sexe, alcool, drogue, viol, armes à feu, anxiété, maladies psychologiques, confiance en soi et en ses amis, sécurité, deuil, douleur, dépression… la liste est longue. Alors oui bien sûr, l’idée est admirable : sensibiliser, mais cela en fait trop. La fin se fait longue, on a du mal à voir le bout du tunnel, voire même à comprendre l’utilité de certains évènements. Mais le pire de tout cela, le pire du pire, c’est cette impression omniprésente que la série a évoluée dans une direction totalement opposée à celle d’origine. Cette quatrième saison semble critiquer la société américaine toute entière, et ses méthodes quelques peu respectueuses des droits de l’homme (et il y a à faire), si bien que selon les actes des lycéens on peut en venir à ne pas approuver leur choix, parce que justement ce sont des enfants insouciants qui sont présentés comme fragiles et n’ayant aucune connaissance du « vrai monde adulte ». On en vient alors à passer du mauvais côté, et à désapprouver les actes des personnages principaux. Et ça, c’est dommage. Ajoutons à cela certains passages qui ne donnent pas du tout un bon exemple à suivre, qui représentent les jeunes comme des anarchistes sans raison et sans logique, qui nous font douter de la confiance qu’ils ont tous entre eux, et on commence à sentir l’amertume de voir tous ces jeunes tourner en rond, en « pleine crise d’ado ».
Bref, de mon humble point de vue, les saisons de 13 Reasons Why n’ont fait que perdre en qualité, mais surtout en authenticité, à mesure qu’elles sont sorties. Cette dernière est donc quelque peu décevante, je ne m’attendais pas à une telle moralité (un peu comme pour la précédente en fin de compte, sauf que cette fois il n’y a plus rien pour rattraper). Ainsi donc, je pense que le plus essentiel à retenir de cette saison est comment les personnages laissent derrière eux leur passé et apprennent à avancer vers l’avenir en toute confiance. Ces personnages qu’on a haïs comme adulés, ces personnages qui un instant ont semblés mériter la mort et l’instant d’après la subir, ces personnages disparaissent. Adieu les adolescents tourmentés par de graves problèmes de lycée, bienvenue aux jeunes adultes. Alors voilà, la fin est riche en émotions, parce qu’évidemment on a noué des liens très forts avec tous ces jeunes ayant traversé des évènements terriblement difficiles, mais elle est nécessaire.
Je finirais en affirmant que, à l’image de ce qui m’a semblé être un thème important de cette série, nous devrions tous faire preuve de davantage de tolérance en ce monde. Ne jugeons pas un individu sur un seul de ses actes, sur une seule de ses pensées, ou même sur un seul de ses amis ; non, ne le jugeons tout simplement pas. C’est en tendant la main vers son ennemi, en le comprenant et en l’aimant comme son frère, qu’on met fin à tout conflit. J’espère sincèrement que cette série, bien plus que d’avoir simplement diverti, saura susciter chez ses spectateurs les bonnes réflexions et les bonnes bases pour comprendre dans quel monde nous vivons, et le rendre meilleur.