"13 Reasons Why" est une série teenage qui a commencé sur les chapeaux de roue ! Accrocheuse et émouvante, dure mais nécessaire, elle a eu la lourde tâche de traiter de sujets délicats tout en s'adressant à jeune public. Certaines scènes, majoritairement issues de la première et de la deuxième saison, sont très violentes et exposent sans modération l'impitoyable cruauté des harcèlements scolaires via des interprétations poignantes et mémorables. Katherine Langford, par les méandres torrentiels que traverse son personnage, a laissé une empreinte forte à la série et il faut admettre que ça a été difficile de la renouveler. Car oui, au fil des saisons, les scénarios sont devenus de plus en plus alambiqués, si bien qu'il était de plus en plus difficile de croire qu'un groupe d'ado pouvait endurer autant de malheurs en l'espace de trois ans. Bref, après une saison trois en demi-teinte introduisant un nouveau personnage agaçant au possible (Ani je-sais-tout), le chapitre final s'avère encore plus rocambolesque, nous faisant oublier la véracité brute de la première saison.
Le défaut principal de la série, selon moi, c'est sa propension à vouloir traiter de tout. Et si on cumule ça avec un montage en puzzle, avec plein de flashbacks, on finit par en perdre l'essentiel. Après la première saison, les producteurs ont surfé sur la vague du succès et ont mis les bouchées double en terme de sujets et de rebondissements. Drogue, alcool, avortement, port d'armes, handicap, santé mentale, immigration, homosexualité, milieux sociaux, prostitution (pour ne citer qu'eux) viennent s'accumuler au thème du viol et ses conséquences, au coeur de la première saison. Comprenez alors un personnage par thématique, plus les personnages secondaires et les parents qui ne sont pas tout blanc non plus, ça fait un sacré fourre tout... Et bien que l'interprétation des acteurs soient l'un des points positif et déterminant à la série, il est tout de même difficile de croire que la dernière saison sera apte à clôturer cette série majeure de ces dernières années.
La saison finale m'a perdu. J'ai personnellement pas adhéré à ce surplus de drama. J'y croyais plus, mais alors plus du tout. Les épisodes d'une heure sont extrêmement long, et ce, pour ne pas dire grand chose. Les nouveaux personnages n'apportent rien à l'histoire et font figure de potiche. Pour ce qui est du personnage principal de Clay, pourtant très bien joué par Dylan Minette, il passe du côté obscur de la force et la culpabilité le ronge sérieusement. La saison se structure essentiellement autour de ses crises de parano et ses hallucinations. De personnage maladroit et timide, il se transforme en fou imprévisible et dangereux, un personnage bien antipathique en somme, qui nous apparait comme irrécupérable... Certains épisodes sont insensés, loin de tout réalisme, et sortent des situations sorties de nulle part qui ne trouvent aucune explication par la suite. Les dérives de genre (horreur, science-fiction) deviennent vraiment lourdes et absurdes, au point que ça discrédite les thèmes centraux de la santé mentale et de la culpabilité.
Là où la série m'a décontenancé, c'est dans sa volonté de faire passer les violeurs pour des victimes. Le sujet est on ne peut plus sensible et a déjà été amorcé dans la saison trois avec Bryce. Là, il s'agit d'humaniser le personnage de Monty. Loin de moi l'idée de stigmatiser, mais innocenter des antagonistes ayant abusé sexuellement de personnes sans défense, c'est décrédibiliser totalement la raison d'être de cette série... Enfin, pour finir, la série se clôt sur un dernier épisode choc au dénouement inattendu. Je n'en dirai pas plus mais je me contenterai de dire que pour une série destinée aux ados, les producteurs ont loupé le coche, préférant faire dans le sensationnel et le fatalisme plutôt que de miser sur l'espoir d'un avenir meilleur. Pour moi, cette série a été de mal en pis, de moins en moins crédible. Totalement bordélique et incohérente, cette saison finale est vraiment dispensable...