Si je devais résumer mon avis sur cette série, je dirais "Non, l'esthétisme n'excuse pas tout".
Car s'il faut reconnaître une qualité à Legion, c'est sa réalisation plutôt audacieuse visuellement parlant, même si on voit bien dans certaines scènes que le budget effets spéciaux avait quand même ses limites (ce qui est dommage pour une série de la chaîne FX).
C'est pour moi sa seule qualité et une qualité qui, en outre, au fur et à mesure de la saison, devient même l'un de ses défauts symptomatiques.
Pourquoi ? Parce que Legion n'est pas une série, c'est un kiff de réalisateur.
Les scènes se succèdent dans un changement continuel de styles cinématographiques pas vraiment cohérent
(Bollywood, film muet, horreur et j'en passe)
en laissant complètement de côté le scénario. En effet, on constate très rapidement que l'accent est mis sur l'onirisme, sur les méandres de la psyché humaine, sur les constructions mentales et leur retranscription visuelle à l'écran mais que les scénaristes en revanche se fichent un peu de perdre les téléspectateurs en chemin.
On saute du coq à l'âne, on revient en arrière sans arrêt, le mode de fonctionnement d'un des pouvoirs au début de la saison n'est pas vraiment respecté à la fin de la saison
(celui du personnage de Sydney Barrett)
, on a le droit à des rebondissements improbables
(Clark qui a miraculeusement survécu alors que tous les autres agents dans la pièce ont littéralement brûlé jusqu'à l'os)
, etc.
Peu de choses à dire sur le jeu d'acteur. Dan Stevens passe la moitié de la saison avec une tête d'ahuri qui le fait ressembler à un sosie jeune de Ben Stiller (sans rire j'ai passé les 8 épisodes à l'imaginer dans Zoolander) puis, sans transition, l'autre partie de la saison avec une tête à claque de Monsieur-je-sais-tout-c-est-bon-j-ai-compris-comment-fonctionnent-mes-pouvoirs-t-inquiète-je-gère. Aubrey Plaza et Jemaine Clement (méconnaissable) cabotinent à mort. Jean Smart joue avec un encéphalogramme plat du début à la fin. Seuls Rachel Keller et Bill Irwin tirent véritablement leur épingle du jeu.
Mais surtout, qu'est-ce qu'on se fait c**** ! Il ne se passe strictement rien. C'est une série de super-héros où le héros principal ne se sert quasiment pas de ses pouvoirs. Ma plus grande frustration reste l'un des épisodes où l'on voit uniquement le résultat des pouvoirs de David Haller mais pas son utilisation. Un peu comme si à l'écran, Wolverine ne sortait jamais les griffes mais qu'on le voyait enjamber les cadavres. Désolé mais à trop se focaliser sur la psyché d'un super-héros, on en oublie son essence : LA BAGARRE. En gros, Legion échoue là où Logan a - à mon sens - réussi : un compromis pas trop dégueulasse entre baston et introspection.
Bref, avec Legion, ils ont voulu tremper un super-héros dans une tambouille Lynch/Malick/Iñárritu et le mélange n'a pas pris, faute de scénario solide (ou de scénario tout court ?). Et quand on sait que David Haller sera intégré aux films X-Men, on se demande ce qu'il va rester de cette expérience visuelle et conceptuelle après être passée à la moulinette blockbuster...
PS : désolé, c'est long comme critique mais il fallait que ça sorte)