Voici une série qui a l'audace de renouveler le genre du comics, avec talent, intelligence, humour et saveur improbable.
C'est tellement rare d'être surpris par une série américaine, quel que soit le genre abordé.
Et ici, l'auteur ne s'est pas laissé démonté par l'aura commercial de la saga X-Men et les adaptations qui pullulent de comics en tout genre.
Il a une idée en tête et va jusqu'au bout, quitte à ce que la série ne ressemble à rien, et encore moins à une adaptation de comics.
Le premier partis pris est de ne pas tenir compte des autres séries ou films X-Men, de miser sur des mutants inconnus et plonger l'action en plein spleen 70's.
Cela s'en ressent sur le choix du casting, uniquement des acteurs qui m'étaient inconnus (à l'exception de Rachel Keller et Jean Smart vu dans la 2ème saison de Fargo).
On trouve également un fort parti pris de ne pas faire de surenchère dans les superpouvoirs des mutants. L'essentiel des scènes fantastiques ont lieu dans l'esprit de David, considéré par la médecine comme schizophrène.
Et l'on sent l'économie de moyens de la série, qui pour oser se différencier des œuvres mainstream qui doivent en mettre plein la vue et coûter une blinde, les auteurs ont décidé de mettre en scène l'histoire de manière intimiste, avec le strict minimum d'effets spéciaux, ce qui a l'avantage de coller encore plus avec l'époque des années 70.
Et ces tous ces choix artistiques, qui vont souvent à l'encontre des standards marketing des gros studios, donnent à la série son originalité, sa folie douce, ses situations ubuesques, et la magie d'être étonné par le chemin emprunté par les protagonistes, par les choix du réalisateur, par les nombreux cliffhangers à la limite de la parodie.
J'adore le parti-pris de ne pas expliquer de A à Z toute l'histoire, que les différentes explications arrivent au fur et à mesure, quand cela colle avec le rythme de l'épisode, la progression de l'histoire et les intrigues des personnages. On ne nous prend jamais par la main.
En dépit de se focaliser sur David (so british Dan Steven), la série n'oublie jamais les autres personnages, y compris les méchants de service!
On sent le vrai travail à tous les niveaux, signe de qualité, d'une grande maturité artistique, et du respect du public. On n'est pas dans une série anonyme et "jetable".
Une seconde saison a été commandée pour donner suite à cette surprenant fiction, imposant son univers atypique, coloré, déviant et prenant, en seulement 8 épisodes.
Un tour de force de la part de Noah Hawley, génial auteur de la série Fargo.