Sortie du rayon, Saison 4, deuxième diffusion après achat de la série, soit cinq ans après ; en effet, Canal+ s’est arrêtée de diffuser la série. Il fallut attendre la sortie DVD. Dommage, d’autres chaînes ont pris le relais mais pas en VO... La série commençait-elle à perdre de son attrait ?
Pour commencer la Saison 4 renouvelle « son stock » de nouveaux personnages récurrents : Jodi, Papi, Paige, Phyllis.
La Saison 4, « The L word » aborde soit en surface soit avec un peu plus de relief, les cliniques anti-avortement avec Kit ; la tolérance expliquée aux élèves avec Shane et Paige et l’homosexualité dans l’armée avec Tasha.
Bette tombe amoureuse de Jodi et pourtant dès le début de leurs relations, cela sent le souffre. Deux caractères bien trempés et deux modes de pensées différentes. Bette est susceptible à la moindre contrariété. Et pourtant, elle s’accroche... sous le regard d’une Tina qui semble regretter leur séparation. « Notre manière de communiquer subtilement me manque » dit-elle à Bette. Une Tina extrêmement occupée par l’adaptation cinématographique de « Lez Girls » de Jenny. Alice est tombée sous le charme d’une militaire : Tasha ; la saison ira de son petit couplet anti Bush, anti guerre Irak et nous aurons droit aussi à quelques images du conflit.
Shane se relèvera progressivement de sa rupture avec Carmen ; il faut dire que la présence de son demi-frère abandonné par sa mère va l’aider rapidement à passer à autre chose. Si elle a fui ses responsabilités devant Carmen, elle va nous surprendre avec son petit frangin « in-law ».
Alice, Phyllis et Helena assurent la partie humour, détente, fantaisie. Angus reste la figure masculine dans cette communauté mais il se fait rare.
J’ai lu récemment que la communauté lesbienne reprochait à la série que l’on faisait la part belle aux hommes et rien pour les butches. « La part belle » ! A part le secrétaire de Bette qui se contente de répercuter des informations, Tim, Mark, Angus mutent de sympa à déplaisant ; à ceux là s’ajoutent le fils de Kit, le père de Kit et de Bette, celui de Shane, celui de Max, et son boss et j’en passe.
Justement, les propos dans cette Saison 4 m’ont paru parfois trop appuyés. Je pense à la famille de Max où il se fait traiter de monstre lors de son arrivée pour rendre hommage à sa mère disparue. Juste avant cette scène, Max, accompagné de son amie, parle avec sa sœur ; ils évoquent la brutalité verbale de leur père. La sœur rectifie : « Il n’est pas méchant, il est ignorant ». Cela suffisait, me semble-t-il. Il y avait là de la part de la réalisation un dialogue subtil et qui frappait plus que la scène suivante où Max se faisait littéralement insulter avec tous les clichés qu’on peut deviner. Oui, le monde est ignorant. La grande partie des gens est ignorante mais pas nécessairement méchante. Je rassure : il y a les deux aussi ! Sur le moment, j’ai trouvé les dialogues surfaits, gratuits. Et pourtant, le lendemain de cet épisode, un fait divers nous annonce que la maire de Bollène, dans le Vaucluse, refuse de célébrer un mariage gay lesbien. Plus loin, après une conférence de presse, un des adjoints murmure à son entourage proche (de mémoire) : « C’est comme une mauvaise grippe, on attend que ça se passe » Oui, je me suis dit soudainement qu’en 2013, il y a encore non seulement des gens ignorants mais bêtes et méchants. Alors, oui ! pour le coup les dialogues sonnent vrais. Ilene Chaiken a raison de nous assommer de dialogues "appuyés."
En évoquant la bêtise, un petit reproche à la Saison 4 : les hétéros passent pour des idiots et des ignorants. Même dans le cercle de Tina et d'Henry, que l'on peut supposer ouvert intellectuellement, les hétéros sont des personnes stupides. On a droit à tous les clichés. Plus tard, le jeu initié par Alice « Devine qui c’est » confirme leur stupidité. Morale de cette séquence : les homos sont non seulement ouverts mais cultivés ! A voir...
Plus loin, Bette se réjouit de savoir Tina séparée de Henry, donc d’abandonner le milieu hétéro et revenir dans « leur communauté ».
Si Kit est très bien acceptée comme le fut en son temps Tim, il reste que par la voix de Jenny, une lesbienne qui tourne sa veste pour une relation hétéro est limite infréquentable. Ne le fait-elle pas savoir à Tina quand celle-ci rejoind l’équipe de basket ?
Jenny s’enfonce dans l’abjecte ! Toujours aussi désagréable, affabulatrice, intriguante, jalouse et capricieuse et cela n’ira pas en s’arrangeant. Elle oublie d’où elle est venue, elle se croit experte dans la philosophie lesbienne.
En tout cas, la série tient à garder un minimum d’objectivité avec Shane et Paige. Cette dernière ne se revendique ni hétéro ni homo ; elle est bi (comme Alice en son temps et Tina) ; selon Paige, le sexe doit être fluide, elle ne met aucune barrière ; le discours suivant de Shane est rassurant : selon elle, les relations lesbiennes peuvent être pires que chez les hétéros. En soi, c’est partout pareil, en dehors de toute considération administrative et juridique. Et la série « The L word » traduit tous les sentiments, tous les spectres émotionnels lesquels ont nécessairement un écho chez les hétéros. Et pour cause : l’amour n’a pas de frontière, n’a pas de parti pris, n’a pas de sexe.
Dans la série « J’aime j’aime pas » : j’aime toujours Alice, Tina, Bette,
le fait de retrouver Dana, la conscience fantôme d’Alice
, les parties de poker coquin entre Helena et Catherine ; j’aime assez la relation de Shane et de Paige, les manières d’Helena qui se croit "pauvre" ; j’aime moins la relation Bette et Jodi ; j’aime décidément pas Jenny.