Innovant. Tel est le mot que l'on pourrait employer pour définir The L Word. J'avais commencé la première saison par curiosité, car la série faisait pas mal parler d'elle. C'est donc l'histoire d'un groupe de copines lesbiennes à Los Angeles, tout est vu de leur point de vue à elles, les hétérosexuels sont bizarres, inexistants même, et en cela, par le regard nouveau et libérateur (2004, ouf, il était temps !) qu'elle apporte, la série marque des points et réveillera les consciences de certains. Elle suit donc l'arrivée d'une nouvelle, Jenny, qui à peine arrivée trompe déjà son copain avec la directrice du Planet, sorte de quartier général de la bande. Et c'est de là que part les interminables exagérations de la série, qui évitait pourtant les caricatures très bien, mais là, c'est trop : tout le monde couche avec tout le monde et cela parait totalement normal (le personnage d'Alice et sa fameuse toile, tantôt amusant tantôt lourd et irréaliste), et ensuite, même les hétéros de la série ont finalement des liaisons avec des femmes à un moment ou à un autre. Quoi qu'il en soit, malgré le fait que ce soit la thématique majeure de la série, elle perd en crédibilité, car on notera souvent une image des hommes un peu (allez, même énormément, mais, pour une fois, si j'ose dire) dégradée, et peut être une représentation parfois un peu faussée, idéalisée de la réalité (hormis dans les dernières saison, avec l'engagement d'Alice, et l'épisode du procès de Tasha). Ceci dit, d'une saison sur l'autre, les histoires de couple sont divertissantes, c'est drôle, dynamisant, esthétiquement réussi, et la mise en scène vaut le détour (il faut dire aussi que parfois les réalisateurs sont tops, notamment Lisa Cholodenko, une vraie cinéaste pour le coup) le message engagé passe à merveille et retire donc à la série ce côté "tout est beau tout le monde est gentil". Les clichés sont très bien évités dans la première saison, mais dans la seconde, plus d'humour mais du ridicule, plus de sensualité mais du vulgaire, et c'est réllement navrant. S'en suit une sous-exploitation des personnages, notamment celui de la tenniswomen et d'Alice, qui ne servent strictement à rien et dont on zappe désormais toutes les scènes se résumant à du cul et des autographes (pardonnez mon langage...). Reste le personnage de Shane, qui depuis le départ de la série est sans doute le plus abouti. Mais c'est la saison 3 nous redonne confiance, car on peut véritablement dire que oui, les actrices (et le peu d'acteurs) sont excellent(e)s, que oui la série est intelligente, et ne pas avoir honte (ou presque pas) de s'être vus les 12 épisodes en moins d'une semaine. Tantôt hilarant, tantôt touchant (en particulier la quatrième saison, la meilleure de la série), mais trop souvent insuffisant, on passe du réel enthousiasme pour continuer la série à l'envie d'appuyer sur le bouton "stop" dès les premières minutes, et ce à chaque saison (cela dit, hormis la deuxième saison, le reste est relativement convenable et cohérent) . Cependant, The L Word reste une série relativement intéressante à suivre (comme pas mal d'autres séries, dont le but même est de divertir finalement), qui trouvera assurément son public pour le côté novateur (première série grand public totalement consacrée à l'homosexualité féminine) et unique, engagé, et, évidement, comme toutes les bonnes séries, qui provoquera une véritable dépendance. Très sympa oui, incontournable, non.