Série policière islandaise impeccablement orchestrée, Trapped marque un énième retour au pays pour le plus célèbre cinéaste du cru, Baltazar Kormakur. Ce dernier, officiant désormais comme faiseur de grosses productions américaines, plus ou moins, n’est jamais meilleur que lorsqu’il revient sur ses terres d’origine, comme j’ai pu le noter lors de la sortie de Survivre. Quand bien même le réalisateur n’officiera techniquement que sur le pilote, il est l’homme derrière la série, un drame policier que beaucoup auront pu découvrir sur une certaine chaîne publique cette année même. La froideur scandinave, dans tous les sens du terme, une certaine notion du communautarisme façon Twin Peaks, pour citer une référence, une forte inspiration des romans policiers nordiques, une immersion grandiose dans les alentours d’une petite bourgade de cette île si féérique et si hostile, et le tour et joué, la production réussit son pari.
Ajoutons à cela un scénario sans failles, sans discontinuité, sans détour, un modèle du genre quand bien même la partition semble connue. On s’appuie sur l’usuel, dans le domaine du drama policier, en immergeant le public dans un environnement on ne peut plus exotique. La tempête, les bourrasques et la dureté du peuple islandais, des provinciaux qui semblent dépendre de leur capitale dès que les choses se gâtent. Et pourtant. Dramatique, évidemment éprouvant pour chacun des protagonistes, le manège sanglant orchestré par les scénaristes ne souffre d’aucune anicroche. Lorsqu’une petite communauté si paisible connaît meurtres, trafics et disparitions, sans compter sur la corruption, les choses virent au combat. Mais on connaît ça sur le bout des doigts, ce qui n’empêchera pas le public de se satisfaire, voire même mieux, de ce qui propose Trapped.
Bref, une nouvelle bonne surprise venue du nord, des terres si particulières d’une île si peu peuplée que le mérite en est décuplé. Alors que l’on vient de nous annoncer qu’une seconde saison est désormais prévue pour l’an prochain, on ne peu finalement que rapprocher, qualitativement s’entend, Trapped de Braodchurch, deux excellents produits télévisuels européens qui nous font un peu oublier les grosses machines américaines. A ne pas manquer, même si technique la série a ses limites. 15/20