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    Baron Noir
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    Caine78
    Caine78

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    Critique de la saison 2
    4,0
    Publiée le 2 septembre 2020
    J'avais aimé la première saison, tout en tiquant sur certains aspects pas toujours crédibles. Cela a encore été le cas ici, mais de façon nettement moins régulière et appuyée. D'ailleurs, hormis un léger souci de diction touchant certains acteurs, ce second volet s'avère remarquable, évitant avec beaucoup d'intelligence la redite pour se plonger aussi bien dans les coulisses du pouvoir que des différentes oppositions, dressant un portrait souvent impitoyable de la « gauche » au pouvoir et de la situation politique actuelle. Ajoutant presque un nouvel arc narratif à chaque épisode tout en gardant un fil conducteur rigoureux, il y a toujours une grande excitation à savoir comment vont évoluer les enjeux, les situations, quelles intrigues et manigances vont apparaître, tout en gardant (quand même) un réel attrait pour cet univers qu'on ne peut s'empêcher de trouver fascinant, dont on aurait (presque) envie d'en faire partie. Toutes les composantes sont décrites avec justesse, précision, évidemment toutes inspirées de la politique actuelle sans jamais la singer, imaginant une sorte d' « univers parallèle » où tous ces dirigeants seraient chacun plus brillants, plus intelligents, plus fins stratèges que ceux dont ils s'inspirent ouvertement (notamment le personnage de Michel Vidal en réplique de Jean-Luc Mélenchon, sans oublier Amélie Dorendeu, « clone » d'Emmanuel Macron parfois presque jusqu'au vertige), les nouveaux venus apportant tous un regard pertinent sur les différentes lignes politiques, que ce soit Vidal, donc, Thorigny ou Chalon. C'est aussi dû à l'interprétation impeccable de chacun : Kad Merad prend encore de l'ampleur, mais on pourrait presque tous les citer : Anna Mouglalis, Pascal Elbé, François Morel, Astrid Whettnall, Hugo Becker... Peut-être y avait-il encore moyen d'améliorer la forme, mais le rythme soutenu, le montage, les dialogues suffisent pour louer cette entreprise souvent captivante, partie d'échecs géante où chacun pense avoir pris l'avantage sur l'autre jusqu'au coup suivant, jamais décisif, mais souvent capital : j'ai vécu cette seconde saison intensément, et au vu des futures pistes suggérées dans l'épisode final, j'avoue être très impatient. La suite, vite !
    Caine78
    Caine78

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    Critique de la saison 3
    4,0
    Publiée le 2 septembre 2021
    La seconde saison était déjà montée d'un cran, cet ultime volet atteint des niveaux d'intensité comme j'ai peu eu l'occasion d'en vivre ces dernières années. Ce n'est même pas une question de perfection : on peut toujours trouver à redire aux hypothèses imaginées par Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon, parfois pour le moins étonnantes, dont certaines proprement inconcevables dans la réalité. Mais c'est justement là que « Baron noir » est une série aussi géniale qu'imprévisible : savoir s'inspirer de l'actualité tout en nourrissant un univers parallèle foisonnant, traçant son propre chemin.

    On part ainsi de figures politiques immédiatement reconnaissables pour en faire des « clones améliorés », identique dans les idées mais souvent infiniment plus subtils, notamment dans leur capacité à évoluer, à saisir « l'intérêt général » au détriment de leur intérêt personnel (ce qui, pour le coup, est une énorme différence avec nos politiciens actuels). Surtout, qu'importe que les « prédictions » des créateurs se réalisent ou pas : ce qui compte, c'est l'analyse politique, d'une intelligence, d'une lucidité implacable sur un monde en perdition : repères, idées, clivage gauche-droite ou les hommes eux-mêmes...

    À la fois extrêmement dure vis-à-vis de la politique tout en lui rendant un vibrant hommage, cette ultime saison parle d'aujourd'hui, de sa violence constante, du rapport de plus en plus haineux que nous entretenons avec nos dirigeants (sur les réseaux sociaux en premier lieu), le tout filmé comme un thriller, incroyablement dense, chaque nouvel épisode apportant presque une dimension supplémentaire à une histoire déjà très riche (la sous-intrigue allemande exceptée), passionnante plongée au sein d'une gauche en pleine crise identitaire, souvent impuissante face au danger populiste grandissant de façon fort logique.

    Dommage, quand même, que certains rebondissements apparaissent vraiment excessifs spoiler: (l'empêchement de la Présidente)
    , même si le scénario s'efforce constamment de les rendre crédibles, ce à quoi elle parvient presque. Il aurait également presque fallu un épisode supplémentaire tant certains aspects auraient mérité d'être approfondis (quid de l'abstention à la présidentielle ? Les reports de voix et les tractations dans ce sens? Cela va vraiment (trop) vite dans les derniers instants), mais qu'importe tant l'écriture, aussi bien dialogues comme personnages, est exceptionnelle, surtout une fois celui de Christophe Mercier introduit, ayant l'immense force d'être à la fois le grand antagoniste de la saison tout en émettant des vérités difficiles à contredire sur le système, rendant parfaitement plausible l'intérêt grandissant des électeurs pour cette personnalité « anti-système ».

    Et comme l'interprétation semble se bonifier au fil des saisons, à l'image d'un Kad Merad exceptionnel, superbement entouré par Anna Mouglalis, François Morel et la révélation Frédéric Saurel, difficile de cacher son enthousiasme devant cette conclusion qui m'aura fait vibrer passionnément, et me plongeant dans une profonde dépression une fois l'ultime générique apparu.

    « Baron noir », c'est LA grande série politique française que j'attendais depuis toujours, se bonifiant au fil des saisons pour atteindre les sommets, troisième volet bouclant avec maestria cet indispensable absolu de la télévision. Un mot : merci.
    Caine78
    Caine78

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    Critique de la saison 1
    3,0
    Publiée le 9 mai 2017
    Pas mal de découvrir ce « Baron Noir » en pleine élection présidentielle : moi qui ne regarde quasiment jamais de séries françaises, la pertinence de celle-ci n'en est que plus grande. Plutôt bien faite, pas mal rythmée et manifestement documentée, cette première saison peut compter sur des personnages complexes et intéressants, dont l'évolution et les relations les uns aux autres évoluent assez subtilement, entre jeux de dupes, manipulations et défiance, où l'on sent souvent une grande violence intérieure. De plus, si l'interprétation d'ensemble est à la hauteur (petite mention pour Astrid Whettnall), Niels Arestrup en impose évidemment, mais Kad Merad s'en sort aussi très honorablement dans un contre-emploi total. Ce qui m'a surtout gêné, et même si cela devrait être plutôt un compliment : cette série est « trop » intelligente. Je m'explique : ça va à toute allure, si bien qu'on a parfois beaucoup de mal à comprendre le pourquoi du comment et les motivations des uns et des autres pour prendre telle ou telle décision. Si bien que si l'on aime la politique sans être directement impliqué dans le milieu, je crains qu'à plusieurs reprises le scénario soit fort confus, ce qui gêne notre capacité d'implication et d'immersion dans l'œuvre. Enfin, alors qu'une des grandes forces de la série était la capacité à voir son héros rebondir et s'adapter à toutes les situations, aussi complexes et intenables soient-elles, ce spoiler: tournant « moral » avec prise de conscience m'a paru bien peu cohérent avec le reste
    , les scénaristes semblant à mon sens pousser par moments le bouchon un peu loin spoiler: (la démission du président de la République : mouais)
    . Des faiblesses, donc : je n'ai été ni aussi sensible, ni aussi fasciné que je ne l'aurais imaginé, et ce alors que sur le papier j'avais tout pour me régaler. Mais « Baron Noir » a de la personnalité, est capable de nous montrer à quel point un homme seul peut parfois bousculer le pouvoir en place, les luttes hallucinantes pouvant avoir lieu au sein d'un même parti, ainsi que de nombreux aspects de la politique jamais abordées et pourtant essentiels, les allers-retours entre Élysée et réalité du « terrain » permettant une intéressante vision d'ensemble. Pas le coup de cœur attendu, mais une série valant clairement le détour.
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

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    Critique de la saison 2
    5,0
    Publiée le 2 avril 2018
    « Baron noir », pour moi, c’était la grosse claque de l’an dernier. Je ne l’espérais pas et pourtant elle s’est posée là comme une remarquable série explorant habilement les arcanes du pouvoir. Forcément, j’attendais cette saison 2 avec excitation et anxiété. J’espérais que cette saison 2 saurait ne pas souiller le travail jusqu’alors accompli. Et bien autant vous le dire tout de suite : moi je trouve que le contrat a été pleinement et dument rempli. J’avoue même qu’une fois de plus, cette saison a su me surprendre. Et parmi ces surprises là, ma plus grande satisfaction, ça a clairement été de constater comment cette série avait su marier fiction et analyse de la réalité. Parce qu’au fond, pour moi, il aurait été là le grand piège. Vouloir coller absolument à la réalité, coûte que coûte. Ne se poser que comme un décalque de la situation actuelle où il suffirait de changer les noms des personnages fictifs par des personnages réels pour comprendre au fond qui était qui. Là, « Baron noir » explore sa propre voie avec ses propres personnages, tout en n’ignorant pas la réalité politique actuelle. La saison 2 a été tournée pendant l’élection présidentielle 2017 est ça se sent. Toutes l’actualité est là : le PS qui explose en faveur d’une recomposition de l’échiquier politique. L’émergence d’une nouvelle gauche. La question du Front national qui est posée comme un épouvantail à chaque élection et recomposition… Néanmoins, les problématiques posées par la série sont différentes que la réalité. Mieux, je trouve que les personnalités politiques qu’elle présente sont plus intéressantes que les personnalités politiques de notre paysage politique réel. Vidal est un bien meilleur Mélenchon que Mélenchon lui-même. Plus subtil. Plus séducteur. Chalon est lui aussi une bien meilleure Marine Le Pen que l’originale. Plus habile. Plus ambigu et plus séducteur dans ses positionnements. Et je pourrais d’ailleurs dire la même chose pour ce qui est des débats abordés par la série. La question de la gauche rouge-brun était notamment une question très audacieuse à aborder et elle l’est avec une rare intelligence. Même chose pour ce qui est de l’opposition entre ces deux visions de la politique avec d’un côté le schéma classique gauche/droite et de l’autre cette nouvelle vision dite des « trois blocs ». En tout cas, si tout cela marche, c’est parce que – certes – c’est pertinent, mais c’est aussi parce que ça a de la chair. Les personnages sont efficaces et les enjeux personnels clipsent bien avec les enjeux politiques. Et si tout cela marche, c’est aussi parce qu’il y a de la forme. Certes, plastiquement cette saison 2 est plus nonchalante que la précédente, néanmoins en termes de rythme et d’écriture, ça reste très habile ; totalement échevelé ; sachant bien mêler politique de l’instantanéité et enjeux à longs termes. Alors certes, tout n’est pas parfait non plus (la question terroriste fait un peu plus artificielle dans son traitement), mais globalement il y a une audace et une pertinence dans cette série que je ne peux que louer. Donc oui, j’ai adoré cette saison 2. Et oui – encore une fois – j’ai hâte de voir débarquer la saison 3… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 362 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    Critique de la saison 1
    5,0
    Publiée le 10 juillet 2016
    Ah la politique… Sujet ô combien passionnant, mais pourtant sujet tellement casse-gueule à traiter... On ne va pas se le cacher, parler de politique, même sur écran, c’est encore pire que de parler de religion ou de sexe : les tabous et les pressions sont légion ; la peur de la polémique terrifie les producteurs ; et parfois c’est même carrément l’ignorance totale ou partielle du sujet traité qui saborde le contenu. Ainsi, bien que le monde sériel connaisse actuellement un remarquable âge d’or qui l’amène à repousser sans cesse les limites de l’audace et de la profondeur narrative, j’avoue que j’accueille toujours avec pas mal de méfiance un projet qui entend aborder de front la politique. Après tout, parmi les rares projets qui ont émergé jusqu’à présent, peu m’ont pleinement convaincu jusqu’à présent. Soit ils m’ont totalement laissé sur la touche à cause de leur aseptisation et de leur angélisme (« West Wing ») ; soit ils m’ont fait connaître d’atroce montagnes russes à cause d’une inégale capacité à traiter ses sujets (« House of Cards »). Au final, avant de voir ce « Baron noir », seul « Borgen » était parvenu à me satisfaire, et cela malgré l’inconstance de sa démarche et les quelques errances de sa forme. Et franchement, avant de me plonger dans cette nouvelle tentative de thriller politique, je ne pensais clairement pas que Canal+ avait la maturité et l’audace nécessaires pour remettre cette situation en cause. Et pourtant… Je ne vous le cache pas : pour moi, « Baron noir », ça a été une énorme claque. Sur tous les secteurs, la série m’a totalement bluffé. Audace : check. Pertinence du propos : check. Connaissance du milieu : check. Identité et raffinement formel : check. Pour être honnête : « Baron noir » a même totalement dépassé mes espérances. Et pourtant, c’est peu dire que ce n’était pas gagné. Parler de politique française, parler du Nord, parler du militantisme local comme des tensions de palais, avec moi, c’était prendre un très gros risque. Pour avoir personnellement un peu roulé ma bosse dans ces milieux là, je peux vous dire que la moindre faiblesse du scénario sur de telles questions m’auraient forcément sauté aux yeux et flingué mon immersion dans l’intrigue. Et pourtant niet, nada. Il faut dire que le scénariste à la tête du projet. Eric Benzekri, est un ancien du PS. Lui aussi il a roulé sa bosse, et pas auprès de n’importe qui… Le gars a passé des années aux côtés de Jean-Luc Mélenchon au temps où celui-ci était encore dans le parti à la rose, mais aussi il a côtoyé de très près Julien Dray, celui que la presse avait justement baptisé le « baron noir » quand celui-ci avait cherché à retourner la jeunesse contre un gouvernement de son propre camp. Du coup, oui c’est documenté, oui c’est sensé, et non ce n’est pas lisse. Et rien que pour ça, mais que c’est bon ! ENFIN on parle de politique dans une série. De vraie politique. D’idéologie politique. De culture politique. D’enjeux politiques. D’histoire politique… Pas seulement de structures et de mécaniques comme c’est le cas dans « House of Cards »… Là on sent durant toute la saison à quel point le PS est connu de l’intérieur : ses composantes, ses ambivalences, ses tensions entre réseaux d’énarques parisiens et barons à la tête de fiefs locaux. Chaque épisode foisonne de situations ou de phrases cultes riches d’enseignement pour mieux comprendre la bête de l’intérieur. Mais la cerise sur le gâteau – que dis-je : la plantation entière de cerisiers ! – c’est qu’en plus de ça, la série est formellement belle. Plus que ça, elle est aboutie. Qu’il s’agisse aussi bien de la plastique, du cadrage, que de la musique, tout fait corps. Rien n’est de trop. Tout est mesuré. L’écriture évite à merveille l’écueil du didactisme pour en plus se targuer d’un fin cisèlement capable de soutenir un rythme hallucinant sur huit épisodes. Alors après, certes, j’avoue que le dernier épisode me dérange un peu de par sa conclusion presque moraliste ( spoiler: au final le méchant politicien qui a fraudé est rattrapé par le système et en paye les pots cassés : ça, pour le coup, ce n’est pas très crédible au regard de la réalité de l’Histoire récente
    .) mais il ne remet pas en cause toutes les qualités citées précédemment. Ah ça non ! Je ne reviens pas là-dessus : « Baron noir » est une incroyable surprise. C’est le chef d’œuvre de Canal+ ; c’est la série de sa consécration. La première production de la chaine cryptée qui peut regarder les productions anglaises et américaines dans les yeux… et, concernant le domaine de la politique, en se permettant même de baisser la tête. Chapeau donc et bravo. Vivement la saison 2…
    Yves G.
    Yves G.

    1 511 abonnés 3 530 critiques Suivre son activité

    Critique de la saison 3
    4,5
    Publiée le 1 avril 2020
    Chers lecteurs,

    J’ai dans la vie trois passions : le cinéma (vous le saviez déjà), l’hydroxychloroquine (vous le découvrez à votre corps défendant depuis deux semaines sur ma page FB)… et les séries TV.
    Comme vous, je les consomme sans modération pendant les longs dimanches d’hiver, les courtes nuits d’été et évidemment durant ce confinement.

    J’avais adoré les deux premières saisons de "Baron noir". J’ai adoré la troisième. Et je me lèche déjà les babines en attendant la quatrième.

    Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler, un court résumé.
    « Baron noir » est le surnom donné à Philippe Rickwaert (Kad Mérad), député maire socialiste de Dunkerque, militant de toujours. Trahi par son mentor, le président de la République PS Francis Laugier (Niels Arestrup), Rickwaert, encourage les ambitions politiques de l’une de ses conseillères, Amélie Dorandeu (Anna Mouglalis). Elle est élue à la présidence de la République ; mais Ricwaert est rattrapé par son passé et condamné à la prison. Il vient d’être libéré au début de la saison 3, fermement décidé à prendre sa revanche et à se présenter à la prochaine élection.

    On a souvent dit que la France ne savait pas filmer sa vie politique. C’est de moins en moins vrai. Au cinéma, il y a eu "L’Exercice de l’État", "Quai d’Orsay", "Alice et le maire" et, dans un registre comique, le très drôle "Le Poulain". À la télévision, on a vu deux mini-séries qui faisait la part belle, signe des temps, aux femmes politiques : "L’État de Grace" (avec Anne Consigny) et "Les Hommes de l’ombre" (avec Nathalie Baye).

    Et puis il y a eu "Baron noir" qui tue le match par sa richesse, sa complexité, son rythme. C’est sans doute autant de qualités que son format permet. En dilatant le temps de la narration sur plusieurs épisodes et sur plusieurs saisons, les personnages s’épaississent, les intrigues se compliquent, au risque parfois de l’invraisemblance. On s’attache à Philippe Rickwaert, à son énergie débordante, à son ambition obsessionnelle. Ce qu’un film d’une hure trente ou même deux heures, n’aurait pu nous faire vivre, une série de vingt-quatre épisodes au total nous le fait vivre sur la durée.

    Les saisons passant et le succès gagnant, la production est devenue de plus en plus luxueuse. De nombreux journalistes, et non des moindres interprètent leur propre rôle : Edwy Plenel, Nathalie Saint-Cricq, Laurent Delahousse, Karine Lemarchand… Quelques scènes ont été tournées à l’Élysée même, d’autres au Conseil d’État (on reconnaît la salle Odent même si on n’imagine guère que le Président de la République y siège jamais), d’autres enfin à Sanary-sur-mer. C’est la preuve de la qualité de la série !

    Là où "Baron noir" est le meilleur est dans sa relecture à peine fictionnelle de la vie politique française contemporaine. Le président Laugier de la saison 1, c’était François Hollande. La présidente Dorandeu de la saison 2, c’est bien sûr Emmanuel Macron. François Morel campe le leader d’un mouvement d’extrême gauche et se cache à peine de plagier Jean-Luc Mélenchon et l’échec de sa stratégie populiste. À l’extrême gauche, le leader du FN/RN est interprété par un homme qui, comme Marine Le Pen, poursuit sournoisement une politique de rapprochement avec la droite républicaine. Quant à Rickwaert, il aurait été inspiré par Julien Dray, même s’il n’en a pas l’embonpoint, qui a participé à l’écriture du scénario.

    Le scénario qu’il dessine pourrait être prophétique. "Baron noir" évoque l’impopularité croissante de la Présidente de la République à la fin de son mandat face à la contestation populaire. Il agite la double menace d’extrême gauche et d’extrême droite qui fait le lit d’un candidat propulsé par les réseaux sociaux au rang d’icône anti-système. Et il fait miroiter, dans l’espace laissé libre par l’échec d’une présidente centriste, la réémergence d’un Parti socialiste victorieux. C’est peut-être l’aspect le moins crédible de la série…
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 202 abonnés 5 229 critiques Suivre son activité

    Critique de la série
    4,5
    Publiée le 4 février 2022
    Franchement excellente série. Terriblement dense et quelle interprétation. On imagine très bien que c'est un miroir de la vérité. C'est passionnant et prenant.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 211 abonnés 4 193 critiques Suivre son activité

    Critique de la série
    4,5
    Publiée le 16 février 2018
    La lutte pour le pouvoir au sein des démocraties occidentales constitue actuellement un terreau fertile pour les créateurs de séries ("Borgen", "House of Cards",...). Le grand show qu'est devenue depuis quinze la vie politique française dont les coulisses sont relatées en continu par les chaines d'info et les magazines people ne pouvait manquer d'être croqué sur le petit écran. C'est le cinéma qui s'est en premier lieu saisi du phénomène avec des films aussi divers que "La conquête" (Xavier Durringer en 2011), "L'exercice de l'état" (Pierre Schoeller en 2011) ou "Quai d'Orsay" (Bertrand Tavernier en 2013). L'heure était donc venue pour une série télévisée de poids. Rien de mieux que Niels Arestrup à la stature enfin reconnue pour incarner un président en exercice. De ce côté-là point de surprise. Mais imaginer Kad Merad en politicien teigneux et enjôleur, prêt à tout pour se venger de son mentor quand celui-ci l'oublie sur les marches du pouvoir qu'ils ont gravies ensemble, il fallait oser. C'est le pari qu'on tenté et réussi Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon. L'acteur quasiment omniprésent à l'écran tout au long des huit épisodes de la série est proprement prodigieux à la manière d'un Bourvil ou d'un Michel Serrault quand ils passaient de leurs emplois habituels de bouffons à leurs grands rôles dramatiques qui sont restés gravés dans les mémoires ("Le miroir à deux face", "Le cercle rouge", "Garde à vue", "Les fantômes du chapelier", "On ne meurt que deux fois"). Sûr qu'après ce rôle, l'horizon de Kad Merad va s'élargir. Le scénario qui surfe habilement sur l'actualité la plus récente, faisant d'Arestrup un savant mélange entre le charisme de François Mitterrand et l'absence de convictions de François Hollande, nous décrit un milieu vivant en vase clos où tout est mis au service des ambitions personnelles et des vengeances froides à assouvir. Les plus importantes décisions paraissent quelques fois prises en fonction d'intérêts plus mineurs pour ne pas dire dérisoires quand il s'agit de sauver sa réputation salie par les affaires. Philippe Rickwaert (Kad Merad), fidèle lieutenant est sans arrêt à la manœuvre pour colmater les brèches, devant en plus lutter contre le système qui admet mal son ascension alors qu'il n'est pas issu de l'immuable sérail de l'énarchie. Bien sûr on connait tout cela, terreau de l'abstention qui monte et l'on se dit qu'il faut vraiment être masochiste pour prendre plaisir à ce qui souvent nous dégoûte. Mais l'homme est ainsi fait qu'il n'aime rien tant à l'instant présent que ce qu'il a autrefois honni et inversement. C'est sur ce paradoxe humain que le monde politique base sa survie. Pour combien de temps encore ? A noter la présence envoûtante d'Anna Mouglalis dont la voix grave et légèrement enrouée distille un charme auquel le spectateur comme le héros ont du mal à résister. Une excellente série dont une deuxième saison aussi bien écrite serait bienvenue.
    soniadidierkmurgia
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    1 211 abonnés 4 193 critiques Suivre son activité

    Critique de la saison 2
    4,0
    Publiée le 15 février 2018
    Philippe Rickwaert (Kad Merad) a payé au prix fort l'élection de Francis Laugier (Niels Arestrup) à la Présidence de la République son compagnon de route du parti socialiste. Après bien des péripéties qui ont contribué à faire élire Amélie Dorendeu (Anna Mouglalis) l'ancienne conseillère de Francis Laugier démissionnaire pour utilisation de fonds publics à des fins personnelles, le Baron noir se retrouve en procès puis en détention. La saison 2 débute à la sortie de prison de Philippe Rickwaert devenu inéligible. Si la saison 1 puisait largement dans l'actualité nationale, sa suite fait clairement d'Amélie Dorendeu une Emmanuel Macron au féminin. Le paysage politique recomposé issu à la présidentielle de 2017 est transposé avec Pascal Elbé dans la peau de François Bayrou imaginé Premier Ministre, François Morel en lieu et place de Jean-Luc Mélenchon et Patrick Mille en leader d'extrême droite. La droite de gouvernement est absente et le Parti Socialiste semble avoir trouvé en Philippe Rickwaert le combattant qui lui fait actuellement cruellement défaut. Quant à l'ancien Président François Hollande figuré par Niels Arestrup dans la saison 1, les scénaristes le font mourir sans que celui-ci n'apparaisse jamais à l'écran. Autant dire que l'ancien monde est définitivement enterré. Seul Philippe Rickwaert sorte de Terminator ancienne génération comme l'était Arnold Schwarzenegger dans le second volet de la mythique saga de Paul Verhoeven, croit encore à la bipolarisation de la vie politique française comme seul aboutissement viable de la Vème République. Pour lui rien en dehors de l'affrontement gauche/droite ne vaut et surtout pas les trois blocs répartis autour d'un îlot central où se rejoindraient les partisans du consensus mou. La partie semble donc impossible à jouer ? C'est oublier la "force qui va" incarnée par Philippe Rickwaert qui connait tous les rouages de la politique mais aussi les hommes qui la composent. On le croit mort ? Il renait de ses cendres au moindre espace qui lui est offert. Tour à tour enjôleur, brutal, patelin, taiseux, Rickwaert tel un alien à bord du Nostromo, peut prendre toutes les apparences. A lui seul, il symbolise l'affrontement permanent entre grandeur et bassesse qui mine l'action publique. C'est lui seul qui désormais anime la série. Et Philippe Rickwaert c'est Kad Merad comme lui parti de rien dans les années 1990 avec son copain Olivier Baroux, écumant les radios libres (Oüi FM) et les chaines thématiques (Comédie !) jusqu'aux petits rôles dans le cinéma comique français pour enfin devenir depuis les années 2010, un de nos plus grands acteurs. La fin de la saison nous laisse à penser que Philippe Rickwaert n'a plus qu'à briguer la prochaine Présidentielle pour assouvir sa soif de pouvoir. Le bougre est capable d'y parvenir !
    soniadidierkmurgia
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    1 211 abonnés 4 193 critiques Suivre son activité

    Critique de la saison 1
    4,0
    Publiée le 1 mars 2018
    La lutte pour le pouvoir au sein des démocraties occidentales constitue actuellement un terreau fertile pour les créateurs de séries ("Borgen", "House of Cards",...). Le grand show qu'est devenue depuis quinze la vie politique française dont les coulisses sont relatées en continu par les chaines d'info et les magazines people ne pouvait manquer d'être croqué sur le petit écran. C'est le cinéma qui s'est en premier lieu saisi du phénomène avec des films aussi divers que "La conquête" (Xavier Durringer en 2011), "L'exercice de l'état" (Pierre Schoeller en 2011) ou "Quai d'Orsay" (Bertrand Tavernier en 2013). L'heure était donc venue pour une série télévisée de poids. Rien de mieux que Niels Arestrup à la stature enfin reconnue pour incarner un président en exercice. De ce côté-là point de surprise. Mais imaginer Kad Merad en politicien teigneux et enjôleur, prêt à tout pour se venger de son mentor quand celui-ci l'oublie sur les marches du pouvoir qu'ils ont gravies ensemble, il fallait oser. C'est le pari qu'on tenté et réussi Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon. L'acteur quasiment omniprésent à l'écran tout au long des huit épisodes de la série est proprement prodigieux à la manière d'un Bourvil ou d'un Michel Serrault quand ils passaient de leurs emplois habituels de bouffons à leurs grands rôles dramatiques qui sont restés gravés dans les mémoires ("Le miroir à deux face", "Le cercle rouge", "Garde à vue", "Les fantômes du chapelier", "On ne meurt que deux fois"). Sûr qu'après ce rôle, l'horizon de Kad Merad va s'élargir. Le scénario qui surfe habilement sur l'actualité la plus récente, faisant d'Arestrup un savant mélange entre le charisme de François Mitterrand et l'absence de convictions de François Hollande, nous décrit un milieu vivant en vase clos où tout est mis au service des ambitions personnelles et des vengeances froides à assouvir. Les plus importantes décisions paraissent quelques fois prises en fonction d'intérêts plus mineurs pour ne pas dire dérisoires quand il s'agit de sauver sa réputation salie par les affaires. Philippe Rickwaert (Kad Merad), fidèle lieutenant est sans arrêt à la manœuvre pour colmater les brèches, devant en plus lutter contre le système qui admet mal son ascension alors qu'il n'est pas issu de l'immuable sérail de l'énarchie. Bien sûr on connait tout cela, terreau de l'abstention qui monte et l'on se dit qu'il faut vraiment être masochiste pour prendre plaisir à ce qui souvent nous dégoûte. Mais l'homme est ainsi fait qu'il n'aime rien tant à l'instant présent que ce qu'il a autrefois honni et inversement. C'est sur ce paradoxe humain que le monde politique base sa survie. Pour combien de temps encore ? A noter la présence envoûtante d'Anna Mouglalis dont la voix grave et légèrement enrouée distille un charme auquel le spectateur comme le héros ont du mal à résister. Une excellente série dont une deuxième saison aussi bien écrite serait bienvenue.
    soniadidierkmurgia
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    Critique de la saison 3
    4,5
    Publiée le 1 mai 2020
    Revenu d'entre les morts dans la saison 2, Philippe Rickwaert endosse cette fois-ci le rôle du baron noir spoiler: pour son propre compte. Après avoir aidé à l'élection de la première femme Présidente de la République (Anna Mouglalis) il sera à nouveau éligible pour la prochaine élection dont il entend être un acteur essentiel
    . Comme pour les deux saisons précédentes la série joue parfaitement la carte du suspense tout en restant relativement crédible en essayant cette fois-ici de faire un peu de prospective. spoiler: Le trublion des prochaines élections selon le scénariste en chef de la série Eric Benzekri pourrait être une émanation des réseaux sociaux qui serait pour le coup cette fois-ci un homme hors du système, sorte de représentant des gilets jaunes
    . L'ensemble est bien sûr porté par des acteurs très inspirés avec une mention pour François Morel incarnant une sorte d'hybride entre Jean-Pierre Chevènement et François Hollande . un pari osé mais tout à fait réussi. Une saison 4 s'impose bien sûr à l'orée de la spoiler: réelle élection présidentielle
    . Bravo encore une fois à Kad Merad qui s'impose définitivement grâce à cette série comme le poids lourd du cinéma français.
    tixou0
    tixou0

    712 abonnés 2 003 critiques Suivre son activité

    Critique de la saison 3
    3,0
    Publiée le 12 février 2020
    Philippe Rickwaert, ancien député-maire PS, n'est plus inéligible (après sa peine pour malversation dans l'affaire des HLM de Dunkerque), la Gauche continue de se déliter, et Amélie Dorendeu est dans le dernier tiers de son quinquennat.
    Le "Baron noir" a des poussées de plus en plus impérieuses de nouvelle ambition politique - que l'on suivra, sur fond d'élections régionales, puis de nouveau scrutin présidentiel.
    La "démocratie" est un sinistre jeu de dupes : Défense et Illustration, avec cette 3e "saison" sur Canal . 8 épisodes, dont 5 mollassons (il faut bien montrer les enjeux, suivre les stratégies... mais cela aurait dû être plus rapide, plus musclé, moins descriptif...), et 3 intéressants, ceux de la fin !
    Si certaines nouveautés (voire inconnues) de la vie politique française sont bien prises en compte spoiler: (le PS est-il un cadavre qui remue encore ?... le mélenchonisme, ici, le "vidalisme", a-t-il un avenir ?... un "profil" à la Beppe Grillo, ici un obscur prof de biologie en montre sur le net, entre babouvisme et fouriérisme, avec une grosse pincée de GJ, peut-il porter au pouvoir un "populisme de gauche" ?....), on ne peut que déplorer la partie effacée jouée par la Droite parlementaire, et celle forcément caricaturale réservée à la Droite patriote !

    La distribution pose toujours problème, à de rares exceptions près : un Kad Mérad pas du tout crédible en homme du Nord, un François Morel souvent grotesque en "Mélenchon", une Mouglalis, surtout, raide comme un piquet et débitant son texte de façon monocorde...
    Pour autant, une série qui se laisse voir - et dont la fin (trouvaille tragique, qui "relance") sera écrite en situation, pour... 2022, bien sûr !
    moket
    moket

    545 abonnés 4 356 critiques Suivre son activité

    Critique de la série
    4,0
    Publiée le 20 mars 2016
    Le joyeux monde des politiques avec ses intrigues, ses magouilles, ses coups bas et ses coups de poignard dans le dos... Une série haletante et bien ficelée où se mêlent petites et grandes intrigues, où toutes les décisions sont liées, les réactions en chaîne, du local à l'international.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 202 abonnés 5 229 critiques Suivre son activité

    Critique de la saison 1
    4,5
    Publiée le 5 mars 2020
    Captivant et prenant mais en même temps déprimant sur la réalité du pouvoir caché au commun des mortels.
    L'Info Tout Court
    L'Info Tout Court

    417 abonnés 1 025 critiques Suivre son activité

    Critique de la série
    4,5
    Publiée le 27 mars 2020
    Saison 1 : Le début de Baron Noir offrait un feuilleton intense tendant vers la série bouclée où à chaque épisode, une entrave politico-judiciaire se trouve résolue et toujours conclue par le terrifiant gimmick musical caractéristique. Les derniers épisodes quant à eux perdent ce schéma et le réalisateur Ziad Doueiri nous embarque au plus près de l’inévitable descente aux enfers dont aucun ne sortira indemne. 4,5/5

    Saison 2 : Toujours écrite par Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon, cette fiction dénonciatrice est exaltée par la caméra alerte et investigatrice de Ziad Doueiri, nous offrant un postulat engagé, plus vrai que nature où l’ego prime sur la démocratie. Sauf que jamais la fiction ne sera aussi cynique que la vérité. 4,5

    Saison 3 : Avec sa construction narrative résolument pertinente, la saison 3 de Baron Noir nous offre des rebondissements en pagaille où victoires et chutes s’enchaînent inéluctablement, pour maintenir brillamment le show en haut des sphères télévisuelles françaises. 5/5
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