Je préfère prévenir : je n'ai jamais été un grand fan de la série. Mais ça ne m'a pour autant pas empêché de reconnaitre ses différentes qualités, en tout cas jusqu'à cette saison.
Alors on notera évidemment que le budget a largement augmenté, entre des effets visuels au top, de très beaux décors, et une durée bien plus grande. La série arrive à garder un bon rythme dans ses épisodes pourtant très longs, et même dans sa globalité. La pluralité d'intrigues et de personnages permet cette diversité et surtout d'avoir un temps d'écran aussi long, tout en restant fluide. Il n'y a pas vraiment d'intrigues qui pêche, pas une qui emporte la saison vers le bas et que tu as envie de skipper pour revenir sur celle qui t'intéresse (enfin si peut-être, pour certains, mais je trouve qu'elles restent globalement bien racontées). Les personnages sont toujours attachants et cools, y compris les nouvelles additions, car oui la série n'a décidément pas fini d'ajouter des personnages à son équipe maintenant massive. La réalisation y est soignée, bien que peu de moments vraiment fulgurants brillent et restent en tête pour leur imagerie, l'ambiance 80s n'étant plus suffisante au bout de la quatrième saison pour nous surprendre visuellement.
Mais alors, où est le problème ? La raison pour une note si basse (bien que ça reste un 10/20 ce qui n'est pas mauvais hein) ? Il y en a une principale : les enjeux. Il n'y en a juste pas. Enfin si, allez, un plot-twist m'a surpris. Et c'est tout. Après 3 saisons, les ficelles scénaristiques encore utilisées apparaissent grossières, et les limites de ce que les auteurs autorisent deviennent visibles.
Dès l'instant où il est dit que Eleven pourrait retrouver ses pouvoirs, il devient évident qu'elle va aller récupérer ses pouvoirs et les utiliser à toute fin pour battre le méchant in extremis. Oh surprise, c'est ce qu'elle fait. Hopper est en Russie ? Il va retrouver Joyce et rentrer et tout ira bien non ? Bah oui c'est précisément ce qu'il se passe. Max j'ai même eu l'impression de me retrouver dans les heures sombres de la saison 3 de Flash. Comme dans cette saison, on nous dit qu'un personnage va mourir tuer par le grand méchant, tu n'y crois pas, on te fait tout le cycle, la peur, l'abandon, la prise de risque inutile, la confrontation du destin... tu te dis que ça va finir sur un "Oh la la regardez elle est vraiment morte. En fait non." et ça finit sur... "Oh la la regardez elle est vraiment morte. En fait non." La vérité c'est que malgré les tentatives de la série de te montrer de terribles ennemis dangereux pour te faire peur, les personnages importants ne meurent pas. Et ça se voit. Hors, c'est ça les enjeux : douter, ne pas savoir ce qui va se passer, quel déroulement sera celui choisi. Mais la série se la joue tellement safe que ça rend les intrigues prévisibles et enlèvent toute tension. Alors vous allez me dire : mais il est fada, Eddie meurt. Alors oui, Eddie meurt. Parce que c'est la rustine appliquée par les auteurs. Chaque saison a au moins ce personnage conçu pour : être appréciable et mourir pour te faire ressentir des choses et te faire croire qu'il y a des enjeux. On a eu l'amie de Nancy, le copain de Joyce, le russe qui s'est fait tiré dessus. Alors quand Eddie arrive épisode 1... bah je le vois. Je le vois que c'est lui. Sa présence à l'écran, son côté drôle, rebelle, mais aussi très humain avec Chrissy, et sa relation avec Dustin aka le fan favorite... le personnage est écrit pour être un fan favorite, avant de mourir tragiquement. Et personnellement, voir en quoi il est un personnage fonction, les cases qu'il coche une par une, le but narratif qu'il sert, ainsi que sa fin, et ce dès le tout premier épisode... bah ça me sort du truc. Ajoutons à ça des flash-backs écrits pas des scénaristes qui prient pour que vous ayez oublié le personnage de numéro 8. Car oui, ces flash-backs, bien que censés expliquer des choses sur le passé de 11, soulèvent bien plus de questions : pourquoi 8 n'a pas les mêmes pouvoirs ? D'où viennent ces pouvoirs ? Pourquoi est-elle la seule à les avoir ? Comment a-t-elle fini dans ce laboratoire qui étudie des personnes avec des pouvoirs différents des siens ? Il est évident à s'en crever les yeux que les scénaristes en saison 2 imaginaient les autres numéros comme ayant chacun des pouvoirs uniques et qu'ils ont changé d'avis en saison 4, préférant mettre sous le tapis numéro 8 pour ne pas gêner l'histoire. Une bonne grosse fainéantise scénaristique qui vient malheureusement entacher un arc pourtant intéressant, et le seul surprenant quant à la vraie nature de Vecna.
Enfin bref, pour moi la série souffre du syndrome du "plus gros en théorie mais moins en impact". Ce roster grandissant marche peut-être pour les jeux Smash Bros mais viennent ici plus enlever toute tension qu'autre chose. J'espère que la dernière saison saura marquer lourdement sa capacité à prendre des décisions osées pour la franchise, car le manque d'audace risque de rendre le final plus ennuyeux qu'autre chose.