Après une première saison qui a provoqué un véritable culte, Stranger Things laissait plusieurs questions en suspens. Nos enfants-héros en avaient-ils réellement fini avec le Monde à l'Envers? Quelles conséquences pour Will, le petit miraculé revenu de cette autre dimension? Reverra-t-on Eleven (ou Elfe en VF)? Et SURTOUT, les créateurs Matt et Ross Duffer arriveront-ils à dépasser l'effet Madeleine de Proust en proposant une nouvelle intrigue?
Si le but d'une suite est de confirmer et/ou transcender les espoirs générés par le premier volet, alors la saison 2 de Stranger Things en est une brillante mise en application. Plus ambitieuse et plus risquée, elle vise à autre chose que la répétition (malgré quelques clins d'œils). La direction artistique s'est affinée, l'aspect visuel est plus généreux (quelques visions cauchemardesques de premier ordre). La magie et les frissons opèrent toujours, indéniablement. La filiation avec John Carpenter ou Steven Spielberg est encore une fois assumée. On peut désormais y ajouter celle avec James Cameron, notamment Aliens auquel la série rend un hommage clair. En terme de cinéma pur, on peut difficilement trouver mieux comme références. Mais si le résultat est à la hauteur, c'est aussi grâce à ce casting qui a remporté l'adhésion l'année dernière. Tous les protagonistes de la saison 1 reviennent évidemment, mais cette deuxième partie s'efforce d'établir une certaine équité parmi eux. De fait, les personnages de Will, Dustin, Lucas ou encore Steve vont considérablement s'étoffer pour notre plus grand plaisir. Un vrai cadeau pour les acteurs, qui délivrent des prestations impeccables (mention spéciale aux épatants Joe Keery et Gaten Matarazzo). De leur côté, Millie Bobby Brown et Finn Wolfhard se révèlent une nouvelle fois excellents. Sans oublier les toujours parfaits Natalia Dyer (Nancy) et Charlie Heaton (Jonathan). Tous apportent une pierre à l'édifice que représente cette nouvelle étape. Un pied dans le monde de l'enfance, l'autre entrant dans celui de l'adulte; ils sont tous à un stade intermédiaire où la rébellion face aux figures d'autorité va de pair avec une quête identitaire pour s'affirmer.
Du côté des adultes, c'est également soigné. David Harbour étincelle toujours, Winona Ryder s'en sort bien. On peut également saluer les arrivées de Sean Astin et Paul Reiser, qui parviennent à dépasser l'héritage 80's qu'ils véhiculent (un Goonies pour l'un, le méchant d'Aliens - encore - pour l'autre).
Cette deuxième saison est clairement réussie selon moi. Cependant, certains défauts l'empêchent de tout ravager. Je pense aux personnages de Max et son frère. Les interprètes Sadie Sink et Dacre Montgomery n'ont rien à se reprocher, ils sont admirables. Mais leur utilité quant à l'intrigue générale est discutable. J'émettrai également des réserves sur l'épisode 7
(centré sur Eleven)
, qui rompt de manière trop nette avec les autres épisodes. J'avais plus l'impression de regarder une énième variation autour des X-Men que Stranger Things. Cela n'enlève en rien sa qualité d'interprétation ou son efficacité mais il dépareille un peu de l'ensemble.
Ces quelques réserves perdront peut être de leur poids par la suite, si ces thèmes sont plus (mieux?) développés dans une prochaine saison. Pour le moment, ils s'avèrent peu utiles sans être trop encombrants.
La joie de retrouver l'univers d'Hawkins et ses personnages est là. Je n'ai pas été déçu dans mes attentes, la série garde cet équilibre entre la référence et la création, entre l'exposition et les émotions. Pourvu que ça continue, car c'est toujours aussi bon.