Honnêtement, je peux comprendre l’engouement qu’il y a autour de ce « The OA ». Moi le premier, après avoir vu le premier épisode, j’étais plutôt séduit. L’histoire était vraiment intrigante ; quant à l’esthétique assez énigmatique de la série, elle savait elle aussi séduire et rendre curieux à la fois. Le simple fait de faire débouler le titre de la série vers la fin de l’épisode, en plein milieu du récit, ou bien encore de disséminer des symboles mystérieux de temps en temps, franchement ça a aidé à faire le boulot me concernant. Et donc oui, à la fin du premier épisode, j’étais plein de questions ; j’étais curieux ; j’attendais de voir la suite… Et ce qui est dommage, c’est que l’illusion a tenu encore à peu près un ou deux épisodes supplémentaires, mais après mon intérêt s’est quand même vite dilué au point que tenir jusqu’au bout fut rapidement compliqué. « Pourquoi cela ? » me demanderiez-vous. Eh bien pour une multitude de raisons malheureusement. Déjà il y a clairement eu pour moi un problème qui s’est posé dès que l’intrigue a commencé à se révéler. (
Désolé, mais moi, le trip sur les anges, malgré tous les efforts consentis par la série pour ne pas en faire trop, c’est vraiment un truc auquel je n’adhère pas. Pire ça me crispe.
) L’autre souci, c’est clairement le rythme. Si au départ, les trois premiers épisodes savent chacun apporter leurs lots d’éléments nouveaux en termes d’univers et de péripéties, au-delà de ça, on commence à tourner en rond
autour de la captivité chez Hap
. Pour le coup, la scission de l’intrigue en deux timelines dysfonctionne vite, le passé de Nina / Prairie prenant le pas sur le temps présent et ses problématiques. Ce n’est pas compliqué, mais toute la clique BBA / Steve / Alfonso / Buck n’est pas développée. Cette timeline stagne et vient même pourrir l’avancement de l’autre timeline. Et puis au fond, si le rythme dysfonctionne également à ce point, c’est aussi parce qu’il n’y a finalement pas grand-chose à tirer de toute cette galerie de personnages. Alors que le premier épisode suggérait quelque-chose d’assez atypique et presque tordu, au final on se retrouve avec des schémas assez proches du teenage-movie pour midinette à base de personnages assez fades et archétypaux (Homer pour exemple est quand même le symbole d’un fantasme de lycéenne). D’ailleurs, ce côté un peu midinette de l’intrigue fait malheureusement assez tristement écho à la tournure assez baba-cool-ridicule que prend l’intrigue qui concerne le mystère
des anges
. Alors OK, parfois la série parvient à mettre en place un certain élan autour de ce mysticisme. Mais bon, moi perso, la plupart du temps, j’ai trouvé ça quand même assez risible. Pompon d’ailleurs à
la chorégraphie des cinq mouvements
. Franchement : NON. Même avec la plus meilleure volonté du monde, ce n’est juste pas possible. Alors après, certes, certains pourraient m’arguer que la fin peut nuancer tous les reproches que je fais à cette série. C’est vrai que celle-ci à le mérite de remettre en cause la propre pertinence de son récit et de questionner la crédulité que certains personnages ont pu y mettre. Mais bon, d’un autre côté on ne va pas me la faire non plus ! Et je m’explique :
qu’on nous laisse à la fin avec cette interrogation en mode « tout ça au fond Prairie l’a peut-être totalement inventé. Où est le vrai ou est le faux ? », moi, ça, je trouve que c’est juste une blague. Une fin ouverte ? Vraiment ? Alors comment Prairie, après avoir fait un rêve prémonitoire dans sa baignoire, entraînant au passage un saignement de nez, a pu avoir envie de courir comme une grosse dératée jusqu’au lycée pour se prendre la balle d’un lycéen lambda qui a décidé de refaire chez lui la tuerie de Columbine ? Alors déjà, paye l’arbitraire de ton récit, parce que pour le coup, cet élément il tombe comme ça un peu comme un cheveu sur la soupe sans que l’intrigue ait pris le temps de l’annoncer. Et puis d’autre part, l’emboitement chanceux de tous les événements qui surviennent dans cette conclusion à quand même de jolies allures d’hasard divin. Donc franchement, pour moi il est juste inconcevable, à suivre la diégèse de cette série, que OA ne soit pas un ange
. Bref, à faire un bilan de cette première saison de « The OA », je me dis d’un côté que je suis peut-être sévère parce que cette série tente beaucoup de choses et que, sur bien des aspects, elle est quand même assez audacieuse généreuse, et sait poser une atmosphère qui lui est propre. Seulement voilà, d’un autre côté, si on n’a pas l’esprit midinette mystico-kikou-choupinou-twilight, je ne vois pas comment cette série peut vous parler. Moi en tout cas elle ne me parle pas. Dommage pour moi j’ai presque envie de dire…