"Sam", nouvelle production de TF1, se montre relativement audacieuse pour une chaîne plus habituée à jouer sur l’aspect familial et consensuel. Ce n’est pas très souvent que l’on voit une "mauvaise mère" en prime time sur la première chaîne française. L'histoire de cette mini série télévisée française de 6 épisodes est celle de Sam, qui est mère célibataire et professeur de français au collège. Ses élèves l’apprécient énormément pour sa franchise et ses idées politiquement incorrectes, mais ses actions provoquent de nombreuses plaintes et l’indignation des parents… Et côté vie privée, rien n’est simple non plus. Sam a en effet du mal à gérer l’éducation de ses propres enfants, et le retour de sa mère, après vingt ans d’absence, ainsi que des retrouvailles avec son amour de jeunesse, vont venir tout chambouler… Lorsque j'avais découvert la saison 1 de "Sam" en mai 2016, adaptation de la série danoise "Rita" avec Mathilde Seigner dans le rôle-titre, je savais que "Sam" ne ferait pas forcément l’unanimité. Sauf que personnellement, j’ai beaucoup aimé cette série. Au fil des six épisodes, "Sam" fonctionne plutôt bien dans son ensemble. En effet, on s’attache vite à ce personnage cynique et désabusé, assez cassante, impertinente mais attendrissante, qui fume, boit, couche à tout va (elle
se tapera même lors d’un épisode un parent d’une de ses élèves
), qui a du mal à gérer sa petite famille, l’arrivée de son ancien amour, Alexandre, qui resurgit dans sa vie, et qui vit une relation mère/fille très conflictuelle avec sa mère qu’elle déteste. Elle est confrontée à plusieurs problèmes également dans l’école élémentaire où elle est enseignante (elle
couche d’ailleurs même avec le proviseur de l’école, Xavier
) car elle va chercher à aider la nouvelle enseignante, Aurélie Schneck, qui a un grave problème d’autorité et
qui va devoir subir les brimades d’un petit trou du cul, Enzo, dont le père causera des problèmes après que Schneck ait giflé son fils. Elle devra aussi gérer une de ses élèves tombée amoureuse d’elle, Chloé, qu’elle remettra sur le bon chemin, mais aussi des problèmes de drogue, d’alcool, de dépression… Elle devra également faire face à un inspecteur particulièrement imbuvable et têtu qui lui posera quelques difficultés, à une élève mademoiselle "je sais tout" particulièrement insupportable, à un élève qui a des problèmes d’orientation professionnelle et dont les parents (dont la mère est l'une des collègues de Sam) sont en conflit par rapport à ce choix d’orientation-là
… Enfin, Sam devra concilier vie de famille et problèmes de cœur
avec son ex avec qui elle finira par se remettre avec, sachant qu’il est le père de Juliette, la fille avec qui sort le fils de Sam, Alex. Elle vivra d’ailleurs avec Alex une relation compliquée, avec lui qui trompera sa femme Muriel, qui essaiera d’être un père de substitution pour Alex, etc
… Les enfants de Sam sont dans l'ensemble très sympathiques. Celui que j'ai le moins aimé est Alex qui est l'aîné et un peu le stéréotype du beau gosse à qui tout réussit : il est épanoui dans sa vie, a
une copine, Juliette, avec qui il envisage d'emménager et de se marier, etc
.. La sœur Anna est quand à elle une jeune fille de 18 ans paumée, qui se cherche, qui a abandonné l'école, qui ne va plus en cours et ne sait pas quoi faire de sa vie, mais qui est très joviale et qui a une vraie relation de complicité avec ses frères et sa mère. Enfin, il y a Hugo, le cadet, qui se fait appeler "Boudu" et qui a des problèmes au niveau de son orientation sexuelle : en effet, au cours de la série et très rapidement (dés le début), il
se découvre homosexuel et devra affronter l'homophobie (en partie de la part d'Enzo avec qui il finira quand même par devenir pote), le regard des autres, etc... A la fin il finira par assumer ce qu'il est
. La scène que j'ai trouvé la plus forte autour de lui est
lorsque sa mère annonce devant toute l'école que son fils est gay
. C'est donc un personnage très attachant et qui en plus n'est pas le stéréotype de l'éfféminé même s'il n'est pas non plus particulièrement viril non plus. On a doit dans cette série à de jolies relations familiales entre Sam et ses enfants, avec beaucoup de moments de dispute, de conflits, de désaccords, mais aussi de complicité et d'amour. On voit aussi que Sam a des relations houleuses avec ses collègues femmes qui n’apprécient pas du tout son comportement hautain, méprisant et cynique. Grâce à une bande originale toujours plus soignée, "Sam" parvient à faire des tas de choses sympathiques. Notamment car il y a une vraie identité et une singularité qui naît grâce aux titres choisis et qui sont loin des musiques d’ambiance que l’on a dans la plupart des comédies du lundi sur TF1. Le principal défaut de "Sam" est d’avoir voulu faire tourner la saison autour de la relation entre Sam et le beau-père plutôt que de développer les personnages et notamment les enfants de Sam. Les thèmes abordés sont riches : l'éducation (enseignement ou éducation des enfants), le sexe, la drogue, le conflit de générations, l'affirmation de soi, la découverte de son homosexualité, le mariage jeune, la dépression, le deuil (Sam
perd sa mère qui semble bien mourir à la fin de la série
), l'adultère, l’amour refoulé, les relations de couple parfois difficiles, l'orientation professionnelle, tout ce qui tourne autour de la pédagogie, de l'école, de l'éducation, etc... Il y a des tas de thématiques qui sont déroulées de façon intelligente tout au long des deux derniers épisodes de la première saison. J'ai particulièrement apprécié le parallèle au cours du dernier épisode de la saison 1 entre la vie de Sam et les contes de fées, où dans la vraie vie de Sam les contes n’existent pas, il n’y a pas toujours de happy end et il y a du malheur et de la tristesse dans la vraie vie, des déceptions, il n’y a pas de prince charmant dans la vraie vie et celui dont on finit par tomber amoureux n’est pas forcément celui qu’on pensait au départ (à la fin, Sam finira dans les bras de Xavier et tournera le dos à Alexandre en réalisant qu’il n’est qu’un fantasme). Dans la vraie vie l’amour n’est pas facile à trouver et demande des sacrifices, des efforts, des remises en question, etc… Je ne m’y attendais pas du tout à ce parallèle très judicieux avec les contes de fées (d’ailleurs, Sam organise ça avec sa classe sous forme de pièce de théâtre avec des jeux de rôle et c’est très sympathique d’avoir le point de vue des enfants sur les personnages de contes et les rôles qu’ils doivent jouer) car au premier abord, ce n’était pas forcément le plus intéressant. Finalement, "Sam" est une comédie familiale qui a eu le nez d’être différente. Cela change énormément de ce à quoi TF1 nous avait habitués. En effet, dans le registre avec l’exploration de thématiques, c’était "Clem" qui faisait office de symbole sur la chaîne. Un grand merci à Mathilde Seigner pour ce rôle qu'elle incarne si bien, et qui ici est tout simplement excellente et crédible dans la peau de cette enseignante politiquement incorrecte. Au fil des épisodes, on s'attache à elle, à ses élèves et à sa famille. Avec son esthétique très estampillée TF1 et des seconds rôles assez transparents comme dans beaucoup de productions portées par une actrice de renom, Sam est une série qui ressemblerait parfois à "Joséphine Ange Gardien". Elle possède cette candeur dans l’écriture de ses intrigues à la moralité facile, afin de contenter et distraire toute la famille devant l’écran. Une candeur très française, et très TF1, en se permettant quand même quelques séquences et dialogues osés ou borderlines, loin des codes de diffusion de cette même chaîne : des scènes de sexe décalées aux usages de drogues. Des prises de risques qui fonctionnent et font l’atout charme de "Sam" qui reste une série codifiée par la norme de ce qui se voit en France. Certains sujets osés, comme l’amour adolescent à sens unique ou la découverte de son homosexualité, sont traités avec si ce n’est de la candeur beaucoup d’innocence. Ce qui détonne avec le caractère et le jeu de Mathilde Seigner, véritable pilier de "Sam". Le talent extraordinaire de Mathilde Seigner crève l'écran. Elle compose le personnage d'une mère enseignante imparfaite, entière et attachante avec une vérité et une humanité stupéfiantes, pleine d’amour pour ses élèves et faisant preuve d’une pédagogie hors-normes même si ses méthodes peuvent paraître anti-conventionnelles. Elle est servie en cela par une réalisation rythmée, un scénario sans longueurs, une mise en scène pertinente à chaque instant, à chaque image et une chanson française pleine de poésie qui vient à point souligner les élans des cœurs. En plus le casting est parfait, tous les acteurs sont excellents dans leur rôle, et j’ai trouvé Fred Testot génial dans le rôle de Xavier le principal du collège. Bref, "Sam" est donc pour moi une excellente série télévisée française, une excellente comédie dramatique française fraîche, impertinente, moderne et décalée, tout en restant très familiale, qui à mon sens aurait mérité davantage d'épisodes