Dégarni, bedonnant, porté sur l’alcool, Frank Murphy pourrait sans peine nous évoquer un certain Homer Simpson, à ceci près que son teint est moins jaunâtre, et qu’il coule des jours (plus ou moins) heureux dans l’Amérique des seventies. Envoyé combattre en Corée dès la fin du lycée, Frank a rapidement abandonné ses ambitions pour devenir un petit cadre aigri et irascible. Un comportement qui dégrade ses rapports avec sa femme, qui rêve d’indépendance, et leurs trois enfants.
Créée par Bill Burr et Michael Price, cette série d’animation américaine est diffusée sur le réseau Netflix depuis 2015. Dans un premier temps son accueil par la critique fut discret, voire controversé, et pour cause … A l’heure des mouvements Mee Too et Black Lives Matters, on peut s’interroger sur le message de cet antihéros colérique, réactionnaire et misogyne. Par bien des aspects, Frank est la parfaite incarnation de tout ce que la génération Y reproche au patriarcat.
C’est pourtant là que repose une bonne part de l’intérêt de F is for family. A la manière d’un Michel Hazanavicius pour sa réécriture d’OSS 117, le ressort comique n’est pas le comportement ubuesque du personnage, mais le fait qu’il y a peu, il était encore la norme. On ne rit pas avec Frank, on rit de lui, et on comprend qu’il n’est pas à proprement parler une « mauvaise personne », mais le produit conforme d’une société où clichés racistes et condescendance machiste sont de mise.
Sur la forme, F is for family a tout pour convaincre, notamment grâce au soin tout particulier apporté dans la retranscription des années 70 : musique, design, références culturelles … Le quotidien de la famille Murphy est tout à fait crédible ! Ajoutez à cela un casting VO de qualité avec Laura Dern, Justin Long et l’excellent Sam Rockwell, et vous serez paré pour monter à bord du Soul Train ! Un divertissement groovy à (re)découvrir à l’occasion de sa 4ème saison, sortie le 12 juin dernier.