Un futur hélas très réaliste. Des chômeurs enfermés derrière un Mur, des actifs qui travaillent comme des dingues par crainte de devenir chômeurs tout en méprisant ces derniers, des emplois de solidarité inutiles pour sauver les apparences, des multinationales toutes puissantes, un gouvernement corrompu et un Etat policier. Un bon thème, donc. Le synopsis fait penser à un mélange de Metropolis, de 1984, d’Orange mécanique et de Soleil vert.
La dystopie reste un exercice délicat, surtout en film. Et les moyens ne sont pas toujours au rendez-vous de l’ambition. Toutefois, nous avons vu des gros budgets hollywoodiens accoucher de navets, alors l’inverse doit être possible.
Mais a-t-on besoin d’un gros budget pour un scénario et des dialogues dignes de ce nom ? Car la seule force de Trepalium réside dans son sujet. L’histoire est décousue, ennuyeuse, les invraisemblances succèdent aux invraisemblances, aux coïncidences bien lourdes, aux deus ex machina en série, aux répliques qui tombent à plat, aux scènes téléphonées, le décor en maquette est pitoyable, les costumes sont de mauvais goût et mieux vaut ne pas parler du choix des voitures. On se demande dès le premier épisode dans quelle situation est le monde, combien sont ces habitants qui semblent se connaître tous ou appartenir à la même famille et pourquoi il y a autant de chômeurs. On ne sait pas non plus comment une métisse peut avoir des enfants plus blancs que blancs, mais c’est un détail et ce n’est pas le plus grave. A l’inverse, cette Zone qui ne fait pas peur, ces activistes auxquels on a du mal à croire et l’absence de vue d’ensemble nuisent lourdement à la pénétration du film. Le budget moyen, le manque de figurants, oui, bien sûr.
Quelques scènes oasis viennent de temps à autres mettre un peu de te tension dans ce désert d’ennui. La lesbienne à la drague directe nous apporte du piment. En plus, elle a l’air d’avoir du caractère, elle au moins. On peut juste s’étonner que cette société tolère les mariages homos, mais c’est un détail. Sauf que le personnage disparaît suite à une scène grotesque. L’adolescente zonarde met également un peu d’ambiance. Elle a certes tendance à surjouer, mais elle a de la gueule, un équilibre avec son compagnon totalement insignifiant. La conseillère BCBG calculatrice et girouette s’en sort plutôt bien elle aussi. En dehors de ces trois-là, les personnages sont mous, caricaturaux, sans âme. Ils ne déclenchent ni empathie ni plaisir à les détester. Même le solidaire candide et la gamine mutique n’inspirent qu’une pitié de principe. Quant aux deux protagonistes, ils sont présentés au début de la série comme égoïstes et agressifs ; malgré leurs efforts pour sortir de cette image, ils deviendront au mieux très fades.
Je suis sincèrement désolé de me montrer si sévère car ce sujet grave me plaisait. Il aurait mérité un meilleur traitement.