Avec cette nouvelle série américaine, Netflix s'attaque également au public familial en proposant "Perdus dans l'espace". Si pour les plus jeunes, il s'agit de quelque chose de nouveau, les un peu moins jeunes y verront une référence au très mauvais film de la fin des années 90 avec notamment Matt LeBlanc, William Hurt et Gary Oldman. Mais les plus anciens téléspectateurs sauront qu'ils auront tous les deux faux puisqu'il s'agit à l'origine d'une vieille série de science-fiction lancée sur CBS en 1965, qui a connu trois saisons en compagnie de Guy Williams, le Zorro de l'époque. Pour proposer son reboot, Netflix a conservé la majorité des éléments de base, et notamment le scénario. En l'occurrence, on suit la famille Robinson qui a été sélectionnée afin d'entamer un voyage vers une nouvelle galaxie. La Terre est en effet de moins en moins accueillante, et des spationautes sont envoyés sur une gigantesque station. Mais ce projet idyllique va partir en vrille lorsqu'un problème oblige la population de la station à quitter les lieux, et les Robinson se retrouvent échoués sur une planète alentour, avec aucun moyen de revenir sur Terre. Le pilote est pourtant redoutablement efficace et se termine sur un cliffhanger qui donne envie de voir la suite. Ce qui est d'ailleurs intéressant avec cette série, ce sont ses intrigues qui sont construites en deux temps. Le premier, consistant à élaborer une situation qui ne va pas durer plus d'un épisode (voir plus de 20 minutes, augmentant donc le nombre de situations possibles), et le second, qui se met en toile de fond pendant deux ou trois épisodes. Un conditionnement scénaristique qui est plutôt efficace dans le cadre d'une série familiale, tout en restant suffisamment percutant pour ne pas avoir un creux scénaristique au beau milieu de la saison. On est toujours dans l'attente de quelque chose, et on est jamais déçu. "Perdus dans l'espace" est une vraie montagne russe, mais qui ne descend jamais suffisamment bas pour briser la magie qu'elle crée. Il n'y a jamais de temps mort. Cela ne veut pas dire que la série en fait trop, cela veut surtout dire qu'on ne s'ennuie jamais, pas uniquement grâce aux très efficaces cliffhangers présents ici et là, ou aux révélations sur le passé de chacun des personnages principaux, distillées au compte-goutte, mais surtout grâce à son écriture intelligente et jamais moralisatrice. C'est toujours ce qui me chagrine dans les séries familiales : cette tendance à moraliser une situation, comme pour donner une leçon au gamin de la famille qui a pourtant autant le droit qu'un autre de simplement s'asseoir devant la télé et profiter d'une aventure spatiale. "Perdus dans l'espace" ne tombe pas dans ce travers et n'a qu'un but : nous divertir, tout en parlant de problèmes et de situations qui peuvent intervenir dans une famille. A la tête du projet, il n'est pas étonnant de retrouver un spécialiste du petit écran : Neil Marshall. Le réalisateur de "The Descent" n'oublie pas pour autant son goût prononcé pour les situations inextricables sans jamais faire peur. Cette série Netflix doit également beaucoup à son casting. Molly Parker, qui n'a plus grand-chose à prouver depuis "House of Cards", excelle dans le rôle de la mère badass, tandis que Max Jenkins, qui joue Will Robinson, le petit héros de l'histoire, n'est jamais de trop. Toby Stephens, de "Black Sails", aurait gagné à être moins cliché. Les personnages secondaires s'en sortent aussi avec les honneurs, notamment Parker Posey (le docteur Smith) et Ignacio Serricchio (Don West), qui développe un chouette duo avec Taylor Russell (Judy Robinson). L'apparition du robot, très rapidement dans le pilote, offre également à la série de très bons moments de questionnement. Intelligente, toujours très prenante, et portée par un joli budget lui assurant des effets spéciaux et de superbes paysages, cette chouette série est donc une excellente surprise disponible sur Netflix. Encore une. "Perdus dans l'espace" est comme un bonbon dans la saveur que vous appréciez le plus au monde, disposant en son cœur d'une petite surprise qui vous donne le sourire. Avec ce reboot, Netflix montre qu'une série familiale peut être appréciée sans pour autant être dénuée d'intérêt pour les fans d'un genre pourtant peu accessible