Les Britanniques sont passés maître dans l’art du feuilleton télévisé. « Granchester », du nom d’un village imaginaire sis à quelques tours de roue de bicyclette de Cambridge, n’échappe pas à cette règle de la belle ouvrage. Même si le sang y coule aussi dru que le ruisseau local qui serpente au milieu des prairies verdoyantes de la perfide Albion. Perfide ? Assez en tout cas pour que les Barnaby de Coston, comté de Midsomer, puissent y emménager, père, épouse, fille, cousin et adjoints sans y être trop dépaysés. Reste qu’en cette éventualité il serait difficile de prévoir la réaction de l’ombrageux inspecteur-détective Geordie Keating (Robson Green) et de Mrs. Maguire (Tessa Peake-Jones), l’irascible au cœur d’or. Pourtant, le moins qu’on puisse dire est que l’ouvrage ne manquerait pas : un crime par épisode autonome contrairement à « Broadchurch », par exemple, dont les huit épisodes de la première saison ne traitent que de la résolution du meurtre d’un enfant. Tant de crimes sur un si petite surface peuvent inciter les esprits cartésiens à un sérieux doute sur la vraisemblance. C’est la loi du genre et il nous faut nous y plier. D’ailleurs est-il réaliste de voir le jeune révérend Sidney Chambers (James Norton) quitter ses ouailles pour le pub du coin ou pour prêter main forte à Geordie si mal secondé par de jeunes incapables qui n’ont même pas fait la guerre ? Il lui arrive même de délaisser l’office divin, assuré par son vicaire gay Leonard Finch (Al Weaver) pour se réfugier, sans précipitation, dans les bras d’une femme : Amanda (Morven Christie), l’éternelle régulière, Hildegarde (Pheline Roggan) : la quasi fiancée allemande manquée, Margaret (Seline Hizli), la policière de passage… En tout cas, si l’on aime l’humour, l’amour, le suspense et l’intelligence il est permis de goûter cette série qui fleure bon les meurtres atroces dans les cottages en champs ouverts,