Sans conteste, la série la plus culte des années 90, qui a bercé, de 1993 à 2002, l’adolescence de toute une génération de geeks et d’adaptes de la théorie du complot, X-files a véritablement révolutionner à la fois l’imaginaire du cinéma fantastique contemporaine, en le mêlant aux codes et au réalisme des polars, et l’écriture des séries télé de par l’impressionnante multiplicité de ses intrigues. En ayant puisé dans toutes les sources d’inspiration de l’art de l’imaginaire, l’ensemble des neuf saisons de cette série mythique dresse un panel exhaustif de la mythologie américaine, des vieilles légendes indiennes à la peur de la technologie moderne, en passant toutes les formes de fantômes, vampires et autres créatures surnaturelles. Mais, à la différence de La quatrième dimension qui réussissait déjà, trente ans plus tôt, à synthétiser toutes les thématiques fantastiques et horrifiques, Chris Carter a donné à sa série une ligne directrice constante, qui la rend inéluctablement plus addictive, celle des enquêtes menées par deux agents du FBI. Fox Mulder et Dana Scully deviendront ainsi des personnages cultes, symboles d’une insatiable volonté de justice et de quête de vérité dans une société sclérosée par le mensonge puisque, en plus de leurs nombreuses investigations paranormales aux quatre coins des Etats-Unis n’ayant que très rarement de rapports entre eux, ils sont surtout au cœur d’une vaste intrigue, servant de leitmotiv sur l’ensemble de la série, autour de la dissimulation par des forces gouvernementales occultes d’activités extraterrestres. La cohérence dans l’écriture de cette conspiration, ne serait-ce que jusqu’à la fin de la sixième saison, malgré sa capacité à prendre constamment le spectateur à contre-pied à force de se contredire elle-même à grands coups de tromperies et de révélations rocambolesques, au rythme d’en moyenne deux ou trois épisodes-doubles par saison, servira davantage de moteur à la série que ses autres épisodes dont la qualité peut être aussi variable que ses sujets, car si certains sont des moments de télévision d’anthologie purement magnifiques ou terrifiants (tel que le 10ème épisode de la saison 5 signé par Stephen King), d’autres peuvent être de lamentables redites de scénarios déjà bien mieux traités ailleurs. Alors que les trois premières saisons peinent un peu à mettre en place tout son background complexe, les trois suivantes vont briller, grâce notamment à la présence de personnages secondaires s’avérant tout aussi mémorables que Mulder et Scully, tels que les inoubliables homme à la cigarette et Alex Krycek, mais après les deux épisodes qui, à la fin de la saison six, vont permettre d’assembler les pièces du puzzle de l’énigme complotiste, la série aura du mal à retrouver autant d’intérêt, au point que son acteur principal, David Duchovny, va préférer, pour les deux dernières saisons, ne plus qu’incarner un personnage récurrent, obligeant le scénario d’introduire d’autres protagonistes et, si la saison huit est finalement plus passionnante que la précédente grâce au retour de l’antagonisme des premiers épisodes entre un agent sceptique et un autre acquis aux thèses paranormales (avec un amusant retournement puisque, face à l’agent Doggett qu’incarne Robert Patrick, Scully prend à présent la place de la fanatique), l’ultime saison (qui va jusqu’à se permettre de changer le mythique générique d’ouverture) est absolument vain. Même s’elle n’a pas su s’arrêter à temps, on ne peut pas nier que la globalité de cette illustre série reste une référence absolue et un plaisir impérissable.