Plus de vingt ans après sa première diffusion, force est de constater que The X-Files n'a pas pris une ride. Je ne nie pas avoir cligné des yeux en découvrant l'esthétique des années 90 dans le pilote, mais à ma décharge, je dois dire que j'avais plus ou moins 2 ans à l'époque, et le fait est que j'ai bien vite fait complètement abstraction de cet aspect tant les histoires sont prenantes et bien ficelées.
Les sujets abordés sont vraiment variés, de l'existence d'une forme de vie extra-terrestre aux manipulations génétiques, en passant par les expériences paranormales, l'intelligence artificielle, et j'en passe. Et le meilleur, c'est que chaque épisode soulève au moins autant de questions qu'il n'a donné de réponses. Le mystère reste entier. De même, on comprend, comme Mulder et Scully, qu'il ne faut pas prendre pour argent comptant ce que les autorités présentent comme la vérité, car celles-ci ont des intentions pas forcément avouables… Quand son mystérieux informateur, « Gorge Profonde », semble s'ouvrir à lui dans Entité biologique extra-terrestre, Mulder, qui garde à l'esprit que celui-ci l'a déjà délibérément envoyé vers une fausse piste, lui répond qu'il « ne sait pas quel mensonge croire ». Cette méfiance des institutions est toujours d'actualité, dans un monde où l'on voit des lanceurs d'alertes poursuivis par des gouvernements. Il est aussi frappant de constater que certaines choses qui relevaient encore de la science-fiction il y a 22 ans semblent plus proches que jamais de se réaliser : n'a-t-on pas entendu parler récemment d'une femme qui a expérimenté sur elle-même la thérapie génique, pour lutter contre le vieillissement (idée poussée à l’extrême dans
Vengeance d'outre-tombe
) ? Oui, décidément, les intrigues des X-Files ont toujours autant d'écho aujourd'hui qu'en 1993, et la mise en scène est diablement efficace.
Le piment de cette série, c'est aussi son duo de héros, pas mal assortis, mais complémentaires. L'inversion des stéréotypes est intéressante : ici, la femme incarne l'esprit cartésien, la rigueur, tandis que l'homme est l'intuitif, qui ouvre le champ des possibles quand les autres considèrent ses hypothèses comme des contes de bonne femme (mais sa ténacité et son anti-conformisme le rendent d'autant plus attachant !). En même temps, Scully, loin d'être bornée, se voit à plusieurs reprises obligée de remettre en question ses croyances, et c'est parfois même Mulder qui est sceptique (comme dans
Le message, où il est persuadé que Luther Lee Boggs, qui se dit médium, est un imposteur
) ! La dynamique est donc loin d'être figée, et Mulder et Scully se révèlent petit à petit, au gré des épisodes. Je trouve également appréciable le fait que les scénaristes n'aient pas tenté des les mettre dans le même lit dès la première saison. La naissance de leur complicité est tout autre qu'un simple rapport de séduction, ce qui met à mal les clichés, encore une fois.
En bref : c'est pour moi une heureuse découverte ! Mieux vaut tard que jamais !