Pas franchement fan de la fiction française d'habitude, j'ai découvert les deux premiers épisodes au festival de La Rochelle, et ai depuis eu l'occasion de voir la série en entier. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que pour le coup, TF1 propose un programme de grande qualité. Adaptée d'une série américaine qui est ensuite devenue Marchlands, diffusée sur la TNT au début de l'année, l'équipe d'auteurs et le réalisateurs ne se sont vraiment pas reposés sur les lauriers des versions existantes.
L'histoire reposant sur le lien entre trois périodes, 1969, 1986 et 2015, je craignais que le passage d'une période à l'autre ne soit brouillon. Hors, bien au contraire, la fluidité est absolue, rendant la mention écrite de l'année superflue. Le grain de l'image et sa couleur diffèrent, avec un filtre grisâtre pour 69, un traitement des couleurs tirant vers le jaune pour 1986, et un grain naturel pour la période la plus récente. Le montage est créatif, et le travail des équipes de décoration et des costumes est précis au point d'en être presque maniaque, donnant une précision sidérante à chaque période. L'écriture est fine, le spectateur n'est pas pris pour un idiot, et les dialogues sont fignolés et précis : un bonheur ! Et, bien qu'adaptée de la version originale, l'histoire reste particulièrement efficace, extrêmement surprenante sans être grand-guignolesque, et le traitement des éléments surnaturels est à la fois créatif et subtil, toujours à la frontière entre réalité et fantastique. La musique, originale, composée pour la série, est poignante et sublime, en parfait accord avec le propos de la série.
Enfin, et c'est bien le plus bel aspect de la série, que dire de ce casting exceptionnel ? Bruno Salomone se révèle être un acteur dramatique de grande qualité, offrant au spectateur quelques moments d'émotion pure. Valérie Kaprisky, qui n'a pas le rôle le plus simple, est toujours juste dans les excès de Catherine, et Julia Piaton, géniale en mère endeuillée et révoltée, se montre ici comme étant une des meilleures actrices françaises. Mais la vraie surprise du casting vient sans aucun doute de Bénabar, tantôt bouleversant, inquiétant, fascinant de retenue et de subtilité, qui prouve ici qu'il est aussi bon chanteur qu'acteur.
Au final, une série profondément honnête, émouvante, juste, de laquelle il est impossible de décrocher jusqu'à la toute dernière seconde. De la fiction française de haute, très haute volée !