Cette mini-série est aussi réussie sur la forme qu'elle est ratée sur le fond. La narration sur 3 époques est plutôt bien faite, avec un travail technique irréprochable sur la photographie, les vêtements, les décors et les références historiques (musicales ou cinématographiques), ce qui me fait dire qu'on nous prend parfois pour des idiots en nous rappelant systématiquement l'époque alors que chacune d'entre elles est bien identifiable visuellement. La réalisation est également efficace au niveau des transitions bien travaillées et de certains plans créatifs (immobilisation façon Heroes, ralentis, etc...), je suis par contre plus déçu pour la musique, souvent inutile en soulignant des passages de faibles tensions, et la crédibilité des âges, Yannis devant avoir aux alentours de 45-46 ans notamment alors qu'il en a environ 35 dans la série. Si la série gagne donc le pari purement technique, côté scénario, c'est la désillusion, l'histoire se perdant souvent dans des choses très classiques (amours d'enfances), gâchant de nombreuses thématiques mal exploitées (homosexualité, abus sur les enfants) et oubliant son fil rouge (le fantôme d'Elise qui donne des indications). En parlant d'Elise, cet aspect horrifique et fantastique est bien mal géré. Encore une fois, comme dans toutes les nouveautés de TF1 (on l'a vu avec Joe qui avait bien 10 ans de retard), on nous présente cela comme du révolutionnaire alors que les codes adoptés sont d'une banalité affligeante (livre qui tombe, bougie qui s'éteint, courant d'air, robinet qui s'ouvre) et très soft (c'est loin de foutre la trouille). Il y a aussi énormément de maladresses, comme cette idée saugrenue de faire des rebondissements en mettant en danger des personnages dans le passé alors que l'on sait qu'ils sont vivants dans le futur, ou bien nous montrer l'issue telle qu'elle a été racontée avant (comme si on avait pas compris). Quant au dénouement, il est bâclé et franchement idiot par moments:
la mère d'Elise qui se fait décrire comme une "bonne personne" alors qu'elle a encouragé le suicide d'un homosexuel persécuté par son époque, c'est à la limite de l'homophobie pour celui désigné comme le coupable, alors que c'est aussi une victime de l'intolérance, preuve que la série a manqué le traitement de l'homosexualité.
Niveau acteurs, hormis un Benabar en difficulté quand il s'agit d'exprimer des émotions, ils sont plutôt bons. En bilan, cette mini-série aurait pu être faite en moitié moins d'épisodes, tant c'est long et parfois ennuyeux. Le deuil est la seule chose bien analysée dans un scénario peu original et bien maladroit. L'aspect technique quasi-parfait et des acteurs corrects permettent de donner un bon univers à la série.