Une conclusion absolument réussie et pour le moins renversante de cette série, qui malgré les digressions que l’on a connues lors de certaines saisons, fait qu’on ne peut que s’incliner face à tant d’intelligence d’écriture.
La saison débute comme un thriller (techno) classique permettant de dresser à nouveau l’intrigue (2 ans séparent la saison 3 et la saison 4), restructurant par la même la narration plus que complexe et exigeante des saisons antérieures (je pense notamment à la saison 2 consacrée à la schizophrénie d’Elliot). Scénario très efficace, palpitant, chaque épisode étant étayé par des rebondissements nous laissant scotchés devant l’écran. Certains épisodes sont de très haute volée : je pense notamment à l’épisode 7, filmé comme une pièce de théâtre avec 5 actes, et à l’épisode 5 quasiment muet.
Au-delà de Rami Malek absolument fantastique, mention très spéciale à BD Wong dans le rôle de Whiterose : j’ai rarement vu un jeu d’acteur qui réussit autant à allier effroi, empathie, folie, tristesse et froideur, et faire passer autant d’émotions.
Sur l’ensemble de la série, Sam Esmail nous a bien baladé : sur les 2 derniers épisodes 12 et 13, Sam Esmail renverse le tout et casse toutes nos certitudes sur le déroulé du récit, afin d’avoir comme final un switch totalement inattendu nous laissant bouche-bée, absolument magnifique tant visuellement qu’émotionnellement. La puissance du récit, avec comme prétexte le hacking, si l’on prend les 4 saisons dans leur globalité, réside dans la perte de repères et de sens qu’Elliot vit au plus profond de lui-même. Le thriller techno passe au drame psychologique et psychotique ; d’une série sur le hacking, sur la lutte contre le dévoiement du capitalisme et la dérive mafieuse des conglomérats financiers, le récit passe au traumatisme psychique du héros, qui se bat contre sa propre imagination et les personnes qu’il a créé pour survivre aux fractures de son enfance. Quasi onirique, le verbe de « Mr Robot » porte sur la douleur de la solitude d’Elliot, son remède étant de se parler à soi-même, quitte à dissocier sa personne et d’avoir ses propres rêves. Et la mise en scène fait que le spectateur est pris à parti, qui le fait questionner lui-même sur sa propre solitude. Je ne vous en dis pas plus, le renversement de situation est d’une rare intelligence.
Véritable tour de force : les deux derniers épisodes peuvent être vus tant comme l’épilogue de la série que comme son prologue ; on peut regarder ceux-ci avant même de regarder la première saison. La boucle est bouclée, du pur génie.
Raison pour laquelle je reverrai les 4 saisons à la suite, des pistes semblant sans issue dans les saisons précédentes m’ayant sûrement échappé. A regarder donc de nouveau avec un œil neuf !
Une leçon que je retiendrai : même si certaines saisons peuvent laisser dubitatives dans les séries (je pense à nouveau à la saison 2 de « Mr Robot », qui, sans avoir été mauvaise, était difficile à suivre dans sa complexité), ne jamais abandonner, de grandes et belles surprises peuvent être au bout.
Chapeau bas Sam Esmail : un réalisateur/scénariste dont on entendra parler ces prochaines années, c’est une certitude.
« Hello friend »,
« Hello Elliot »…