En cette période de grande peur du Big Data ; des « lois renseignements » et autres piratages de données personnelles, c’est peu dire si ce « Mr. Robot » surfe sur une mouvance d’actualité. Et comme cette série se révèle, dès les premières minutes, magnifique plastiquement, suggestive dans sa forme, et surtout portée par un personnage principal à la gueule et au phrasé qui ne laissent pas indifférents, forcément ça a vite alimenté chez moi de grands espoirs. Et je dois bien le reconnaitre : sur les deux premiers épisodes, la mécanique de la série a clairement marché sur moi. Il y avait dans ce « Mr. Robot » quelque-chose d’un « Matrix » moderne (presque ouvertement assumé), c’est-à-dire une sorte de parcours initiatique mené par un héros marginal pour nous conduire dans une sorte de métaphore de l’envers du décor. Et puis, à partir du troisième épisode, je trouve que la série dérape lentement. Les personnages se révèlent progressivement assez caricaturaux (c’est notamment le cas de Wellick qui endosse rapidement le rôle de gros vilain méchant sans scrupule et sans logique ; incarnation suprême du Mal sur Terre. Mais bon, les autres, de Christian Slater à la flopée de personnages féminins réduits à leur plus simple expression de fantasme pour ados devant écran ne valent pas forcément mieux…). Mais ce n’est pas tout, dans le registre de la caricature, les situations proposées s’en sortent pas mal non plus (
l’infiltration de la base où sont enfouis les serveurs a des vieux airs de « Mission : Impossible » mal gaulée
). Enfin, toujours dans le domaine des clichés qui ne passent pas, je pourrais aussi citer la plupart des éléments perturbateurs random qui nous sont sortis à partir de l’épisode 3 (
...Notamment les minables ressorts autour de l’histoire de la copine et du dealer en milieu de saison : aïe aïe aïe ! Tellement artificiels ! …Et que dire de ce twist incroyable concernant Mr. Robot en mode « Je suis ton père »… Pire : en mode « Je suis ton père… mort ». Non mais là non… NON ! Trop c’est trop. Amené comme ça, pour moi ça ne marche clairement pas. Le pire c’est que ça aurait pu être une bonne idée, et ça a le mérite de clarifier les choses sur la fin. Mais là, c’est juste la manière de faire tomber ça comme un cheveu sur la soupe qui me pose véritablement souci… Du coup, ça ouvre la porte à plein d’absurdités, genre « finalement Wellick c’est aussi une autre facette de mon esprit « Mouhahaha » ! …Le pire, c’est que, au vu des pistes laissés par les derniers épisodes, la série pourrait très bien s’empêtrer dans une intrigue de ce genre…
) Mais bon, au-delà de tous ces problèmes d’écriture, le vrai souci, c’est surtout la manière dont cette série entend finalement traiter son sujet principal : le piratage informatique. Au départ observé sous l’angle de l’analyse, ouvrant à une certaine forme de réflexion quant à la place qu’occupe la data dans notre société, il devient très vite un gadget servi sous toutes les sauces afin d’alimenter les péripéties les plus absurdes (
…Personnellement, je trouve que la réaction de la blondinette à son usurpation d’identité est juste absurde et illogique au plus haut point. Et ce n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres.
) Et je ne m’étends pas sur les fois où le monde du piratage informatique sert juste à embrumer l’intrigue avec du jargonnage qui ne sert en rien l’intrigue, ou bien lorsque celui-ci se limite à un simple prétexte pour solliciter des fantasmes de geeks (
le personnage de Whiterose est pour moi un bon exemple typique de trip geek qui ne marche pas du tout sur moi.
) Bref, je ne vous le cache pas, j’ai failli plus d’une fois arrêter le visionnage de cette saison, et à chaque fois que je l’ai repris, ce fut sans satisfaction derrière. J’ai enquillé les épisodes sans passion, me contentant juste d’admirer les jolis cadres. Et c’est franchement dommage, parce que – gâchis ultime ! – l’intrigue se relance enfin lors… du dernier épisode. Oui, le dernier épisode seulement. Non mais là, franchement… Le dernier épisode quoi… Sept épisodes de vent, juste pour gagner du temps avant l’avènement de l’épisode 10. Le pire c’est que le contenu du dernier épisode a de quoi me rendre curieux de ce que va contenir la deuxième saison ! « Super », j’ai envie de dire ! Mais quelle purge avant d’arriver à ça ! Enfin bref… On verra ce que cette saison 2 aura à nous proposer. Mais en tout cas, cette première saison est un beau condensé de frustration. A savoir je pense avant de ce lancer dans cette drôle d’aventure qu’est « Mr. Robot »…