Plus les saisons passent et plus cette série s’améliore : c’est du moins ce que je m’étais dit après une saison 3 qui avait su brillamment monter en puissance. Autant dire que j’attendais cette saison 4 avec une certaine impatience mais aussi avec un peu d’anxiété. Garder le niveau est forcément quelque-chose de compliqué, surtout quand on est au sommet. A dire vrai, si cette série avait une marge de progression à combler, c’était surtout sur la forme plastique qu’elle pouvait le faire. Malheureusement il n’en fut rien dans cette saison 4, qui acte au contraire la mise en place d’une certaine routine par rapport à ce qui a été fait précédemment. Alors certes, ça ne retire rien à la qualité globale de cette saison, loin de là ! Encore une fois on a une écriture au cordeau, très dense et très efficace, qui sait jouer habilement sur les multiples facettes de chaque individu : à la fois agent entrainé et compétent, à la fois humain friable et limité. De même la série sait capitaliser comme il faut sur ce qu’elle a déjà posé lors des saisons précédentes, tout en sachant renouveler son stock de personnages et de situation. Les personnages de JJA et de César savent apporter quelque-chose de neuf tout en se complétant bien. De même, l’ouverture vers le théâtre russe et la question du cyber savent apporter la fraicheur indispensable à toute nouvelle saison qui aspire à ne pas s’essouffler. Mais bon, même si je suis satisfait d’un côté, je regrette quand même de constater qu’en fin de compte, seules les « skins » changent mais qu’au fond la mécanique globale reste la même. La situation de Malotru a des allures de redite (
Samara devient la nouvelle Nadia, et les prisons russes deviennent les nouvelles prisons de Daesch
). Même chose pour Phénomène / Rocambole dont la situation ressemble à s’y méprendre à celle qu’elle a connu en Iran durant la saison 2. Et que dire du parcours de Jonas qui rappelle quand même grandement celui de Raymond Sisteron avec ses Kurdes ? Alors certes ça marche. La corde tient. Elle tient mais elle s’use. Et elle s’use d’autant plus dangereusement qu’il arrive parfois que dans sa cavalcade infernale visant à soutenir un rythme serré, la série manque parfois à ses obligations dramaturgiques. Certains moments sont expédiés à la va-vite avec parfois des transitions rudes qui piquent quand même pas mal (
Les deux exemples les plus criants qui me viennent à l’esprit, c’est la mort de soldate irakienne sur l’épaule de Jonas. C’est sensé être un moment important, mais on passe tout de suite à autre chose et on ne revient plus jamais dessus. Gâchis. Et l’autre moment, c’est les adieux de Malotru à Samara qui sont aussi expédié en deux temps trois mouvements, avec une simple transition en fondu pour passer à autre chose. Non, ça on n’a pas le droit de faire ça.
) Alors après, force est de constater que les auteurs de la série ont conscience eux-mêmes de leurs propres faiblesses puisqu’à la fin de cette saison, des décisions fortes sont prises (
On crame la couverture de Phénomène / Rocambole et on bute – je l’espère définitivement – Malotru. Ce qui n’est quand même pas rien !
) et ça, pour moi, ça permet de maintenir un haut niveau de confiance à l’égard de cette série. Malgré tout, j’espère que ce « Bureau des légendes » saura s’arrêter à temps. Pour moi, il va être difficile de faire plus de deux saisons supplémentaires sans user toutes les ficelles qui permettent à cette série de rester pertinente, efficace et crédible. Après, c’est vrai qu’il reste malgré tout des thématiques très intéressantes à traiter, comme notamment tout ce qui tourne autour de la Chine (espionnage industriel, corruption d’élus, mise sous dépendance des petits Etats européens) ou bien alors la question de la Françafrique (qu’on peut d’ailleurs connecter à la question chinoise). Personnellement je croise les doigts, mais d’un autre côté je fais confiance aux équipes de Canal+. Au fond cette saison est à la fois une continuation, mais elle peut aussi très bien fonctionner comme une saison de transition. L’avenir nous le dira. Donc wait and see… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)