Malgré une saison 2 qui m’avait vraiment bien botté, j’avoue que j’y suis retourné tardivement et sans passion vers cette saison 3 du « Bureau des légendes ». C’est qu’au fond de moi, malgré le plaisir précédemment ressenti, je ne voyais pas trop ce qu’allait pourvoir apporter de plus cette saison 3. Et si les trois ou quatre premiers épisodes m’ont confirmé mon point de vue, c’est-à-dire que ça restait très efficace même si ça n’apportait pas grand-chose de neuf, progressivement il y a quand même un truc qui s’est mis en place. Et la première force de cette série (et saison) c’est d’abord sa capacité à poser des atmosphères prégnantes et – même si j’aime rarement cet argument – des atmosphères réalistes. Tout est regardé à hauteur d’homme, à travers des personnages qui n’ont rien de super-héros, le tout sans les habillages formels habituels qui dénaturent souvent l’expérience. En ça – et notamment en nous plongeant dans l’enfer du Moyen-Orient sous Daech – « Le bureau des légendes » parvient en plus à nous apporter un regard assez neuf et pertinent sur la situation actuelle. L’air de rien, les scénaristes n’ont pas peur de mettre les mains dans le cambouis. Un peu comme les gars de « Baron noir », on ne prend clairement pas les spectateurs pour des cons. Donc on s’efforce d’être clair, certes, mais on ne se freine pas pour autant dans ce qu’on veut aborder. Pour le coup, c’est encore pour moi un point fort. Mais aussi et surtout – troisième qualité à mon sens – cette saison 3 du « Bureau des légendes » reste aussi très efficace au regard de ses prédécesseurs pour son véritable sens de la narration. C’est riche, suffisamment rythmé, et les situations de suspense sont habilement imbriqués. Bref, l’artifice sait faire son office sans pour autant rompre l’effet d’authenticité… Bref, ça marche, mais je tiens malgré tout à rappeler que tout ce que je viens de vous raconter là, ce n’était qu’au sujet des quatre premiers épisodes. Parce qu’à partir de là (
dans les faits, à partir de la mort de Henri
) cette saison 3 commence à révéler sa véritable force. L’air de rien, ce dont je vais parler là était déjà présent lors des saisons précédentes, mais pour moi c’est vraiment là que cette idée est sublimée : cette idée, c’est celle qui consiste à construire cette imagerie de la « légende ». Car au fond, dans cette saison, le sens de « légende » prend ici toute sa polysémie. « Légende » d’abord parce que la série parvient à donner à ses affaires internationales une vraie dimension emblématique où chaque service ou organisation est présenté comme un maître qui ne fait que très peu d’erreurs, qu’on se doit de respecter, et qui ne pardonne rien. De Daech au Mossad, chacun est rappelé à son excellence, si bien que chaque épisode rajoute à la dimension iconique de ces luttes. Mais en parallèle, cette saison sait aussi accentuer cette dimension en sachant développer cet aspect très humain dont je parlais auparavant. Et c’est justement parce que ce sont des êtres ordinaires et friables qui se confrontent à ces situations brûlantes que la tension n’en monte que plus facilement. Cette gestion entre ces deux aspects de la série – icônisation des organisations mais humanisation des agents – est juste brillante, car c’est de cette gestion que découle énormément de sens et d’ampleur au propos, offrant un autre aspect de ce que sont ces « légendes ». Parce qu’à la fin, il apparait assez évident que ces « légendes » ce sont aussi ces illusions sur lesquelles reposent la tranquillité apparente de nos sociétés. J’adore l’image que donne cette saison du monde, c’est-à-dire une sorte de gigantesque château de cartes très fragile qui ne repose que sur l’habilité de quelques maitres manipulateurs qui jouent avec ces équilibres fragiles tout en sachant pertinemment qu’ils sont eux-mêmes dépassés par les enjeux avec lesquelles ils jouent. Encore une fois, c’est finalement là le meilleur moyen pour créer une tension dramatique. Mieux encore, c’est le meilleur moyen de traduire la tension qui existe actuellement dans notre monde. Bref, cette saison est vraiment merveilleuse. Mieux encore, elle en devient « légendaire »… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)