Je me suis fait récemment violence pour terminer la première saison de "Section Zéro", la série d'anticipation d'Olivier Marchal pour Canal +.
Bon c'est sûr qu'après coup, quand on regarde le titre de la série, j'aurai dû me méfier en imaginant qu'il s'agissait peut être là d'une auto-notation mais que voulez-vous, je reste une éternelle enthousiaste !
Je positivise !
Toujours !
J'imagine quand je me lance que le Olivier Marchal derrière la série est celui de la saison 1 de Braquo, pas le tâcheron qui a autorisé les deux suivantes !
Celui qui a réalisé "36 quais des orfèvres", pas celui qui a commis "MR 73" !
Et puis c'est vendu comme de l'anticipation et j'adore l'anticipation.
Alors j'imagine une sorte de polar/western à mi-chemin entre Mad Max et New-York 1997 mais avec une dimension politico-policière.
Alors je regarde.
A la fin du premier épisode, je me dis "rhooo faut juste que ça se mette en place !".
C'est vrai que je me dis quand même aussi que c'est à peu près aussi crédible coté "futurisme" que les "Nouveaux Barbares" ou "les rats de Mahattan" pour ceux qui ont le goût des âneries transalpines et une mémoire qui s'étend aux années 80.
Sauf qu'ici, on est en 2016 et que c'est quand même une production Canal+.
Alors au risque de dévoiler ma conclusion, je vous le dit tout net : pour moi, "Section Zéro" est un bon gros ratage !
Mais même si l'histoire est en carton moisi, je ne vais pas spoiler le peu de surprises qu'il y a à supporter alors je vais rester dans les généralités pour expliquer mon point de vue.
Déjà, y a le héros.
Le mec a deux "visages d'acteur" : il est en colère ou il est très en colère.
La différence est subtile car elle dépend du cadreur et de sa capacité à serrer sur les yeux (en colère) du gus.
L'acteur n'est pas français - soit un serbe, soit un scandinave ou un polonais, peut être même un roumain (dont le frère gèrerait les décors) - et la conséquence directe pour moi est que je ne comprenais que 50/60% de ce qu'il racontait.
Vu la qualité des échanges et la profondeur du scénario, ça n'empêche pas de comprendre l'intrigue minimaliste mais bon, ça peut agacer.
Dans Section Zéro, il y a aussi la femme d'Olivier Marchal (une des rares à bien jouer par contre !) et sa fille (je ne sais pas trop quel rôle elle a mais vu que l'ensemble des autres nanas jouent comme des nouilles, on s'en fout...). C'est gonflé parce que ça a déjà pas du coûté très cher alors il aurait pu faire bosser des gens dans le besoin même si le final est merdique.
Heureusement dans le casting, il y a aussi des gens connus et que j'aime bien comme Tchéky Karyo ou l'excellent Pascal Greggory.
Sauf que là, même avec leur talent, ils sont nases.
A leur décharge, ça doit pas être fado d'être crédible dans une production fauchée tournée dans des décharges, des usines abandonnées et des bâtiments Staliniens abandonnés (tout ça est censé donner un coté "post-apo" mais ça fait juste série fauchée).
Encore maintenant, alors que j'écris ce texte, je cherche UN truc vraiment positif à partager.
Sans succès.
Alors pourquoi est-ce que je me suis tapé les 8 épisodes que compte ce ratage absolu ?
Et bien parce qu'à mesure que j'avançais dans la série, je me tapais des barres de rire.
Genre les gentils flics filant les méchants en voiture sur une route paumée au milieu de nulle part uniquement occupée par les deux caisses des deux groupes de glands.
Ou cette scène d'action incroyable ou gentils et méchants s'asmatent au fusil à pompe sans parvenir à s'égratigner alors qu'ils sont à 3 mètres les uns des autres.
Donc plus j'avançais vers le final grandiose laissant entrevoir une saison 2 encore plus dantesque, plus mes yeux s'écarquillaient de stupeur devant les rebondissements abracadabrantesques, les dialogues surréalistes, les postures plus débilissîmes les unes que les autres des pauvres acteurs empêtrés dans cette gabegie improbable (certains font vraiment des efforts !!!).
Section Zéro est une série qui repose vu qu'on se fout complètement du devenir des personnages - gentils et méchants confondus - trop occupé qu'on est à attendre la prochaine connerie scénaristique avec un plaisir qui n'a plus rien de coupable.
En conclusion, si vous êtes fans des séries Z qui se la pètent et capables de perdre 8 heures de votre vie en vous gondolant de cynisme sans vous sentir coupable, il va sans dire que je vous la conseille vivement !
COMPLEMENT
Sans changer le texte ci-dessus que je me suis quand même emmerdée à écrire, et même si j'ai un peu honte de l'admettre, je me suis trompée dans mon diagnostique du héros : il affiche un troisième "visage d'acteur" lors du dernier épisode (en plus de "en colère" et "très en colère" je le rappelle pour les malcomprenants).
Ce coup ci, il est "en colère mais abattu".
Oui je sais, c'est un peu compliqué à comprendre et tout autant à expliquer mais je vais essayer.
Imaginez le gars qui est en colère - il l'a été durant 8 épisodes quand même - MAIS qui à la toute fin, dans les derniers plans pile avant le générique ou le spectateur se dit "ah ben tout d'même, c'est fini...", est fatigué après tout ce qu'il a subi (sans spoiler, le gars a tout perdu j'vous ferai dire...)
Bon là comme ça, je sais que c'est pas flagrant à visualiser parce que vous n'avez pas forcément vu le truc mais en tout cas le héros essaie de passer ce sentiment aussi profond que paradoxal.
Il a presque un oeil en colère et l'autre fatigué, vous voyez...
Un peu comme John Rambo mais sans la paralysie faciale gauche.
Et je me dis que même si ça lui donne l'air encore plus con qu'à son habitude, ça valait le coup de le préciser...