"The Crown" a toujours été une anomalie sur Netflix. Contrairement à la totalité de son catalogue de séries originales, il s'agit là d'une série d'une grande qualité constante et qui bénéficie d'un soin méticuleux sur tous les points : Ecriture, mise en scène, décors, costumes, musique, effets visuels et, bien entendu, interprétation. Cette cinquième saison ne fait pas exception et fait preuve de la même opulence, contrairement à sa thématique que l'on pourrait qualifier de "fin de l'abondance". En effet, même si la vitrine de cette saison montre au grand jour les affres du mariage (plus que) tumultueux de Charles et Diana, c'est bien les fondations et l'avenir même de la Monarchie qui sont au centre de tous les enjeux. La question de l'héritage se pose, matériel comme immatériel. Faut-il maintenir les nobles règles ancestrales, quitte à tout sacrifier ou évoluer avec la société pour continuer d'exister, quitte à aller vers une monarchie "moderne" mais vide de substance ? Ce dilemme constant, qui est l'essence de cette saison, voire même, de la série, est distillé à travers ces 10 nouveaux épisodes et ses personnages en affrontement permanent, une véritable guerre intérieure, entre conservatisme et progressisme, égo et bien commun, amour et haine. Le nouveau casting assure une formidable continuité avec les précédents, on retrouve les mêmes attitudes, langage corporel, façon de s'exprimer et chaque rôle est interprété avec la même justesse et le même investissement que depuis le début de la série, sublimé par un doublage évidemment royal. Regarder "The Crown" c'est l'assurance de regarder une série d'une très grande qualité comme on en voit trop rarement dans son genre. Une série qui, malgré son estampillage Netflix, continue à ne pas céder au "wokisme tendance" facile et exacerbé qui pourrit tant de productions actuelles, pour faire preuve d'un féminisme naturel mesuré toujours cohérent avec son propos et l'époque mise en scène. Je relève pour seul bémol que la dimension politique de la série, qui a toujours été de pair avec les intrigues de la Couronne, soit ici quasiment inexistante pour donner exclusivement le champ libre aux tempêtes médiatiques provoquées par le couple princier qui ne manquent pas de secouer à maintes reprises le royaume tout entier. Dommage également que la musique de Martin Phipps soit si peu inventive et se contente de recycler les anciens thèmes dans sa grande majorité, faisant regretter les heures de compositions grandioses de Lorne Balfe et Rupert Gregson-Williams. Mis à part cela, c'est toujours un superbe moment passé en compagnie d'illustres personnages mis en lumière par une réalisation d'orfèvre et, bien que la série ne fasse pas toujours honneur à la famille royale du fait de son histoire, elle fait assurément honneur à Sa Majesté Elizabeth II, immortalisant son histoire qui est l'Histoire d'un pays, immortalisant cette femme au destin hors du commun qui aurait voulu être tout a fait commune. Que Dieu protège The Crown !