Je n’aurais jamais cru me passionner pour une série qui raconte la vie de la reine Élisabeth II et de son entourage. Pour les Québécois de ma génération, la reine d’Angleterre, c’est le samedi de la matraque et une photo à chapeau, pas très attrayante, sur la monnaie canadienne. Mais le créateur de la série, Peter Morgan, connaît bien son sujet et sait le rendre captivant.
Claire Foy, qui incarne Élisabeth pour les deux premières années, y est pour beaucoup. Par son jeu subtil, l’actrice a su donner profondeur, complexité et même charme au personnage de la reine. Elle parvient à être réservée et effacée, comme le lui commande son rôle de représentante de la monarchie, tout en se montrant par ailleurs curieuse, attentive et attachante.
Les personnes qui l’entourent sont également bien joués. Matt Smith en prince Philip et Vanessa Kerby en princesse Margaret parviennent à rendre fascinants des personnages qui pourraient facilement devenir antipathiques.
Cela dit, je suis nettement moins enthousiasmé par la troisième année, sortie cet automne. Les concepteurs de « The Crown » couraient un grand risque en changeant les protagonistes après deux saisons, plutôt que de les vieillir par le maquillage. Leur pari, s’il présente quelques avantages, ne me paraît pas réussi.
Même après une saison complète, je ne m’habitue pas à voir Olivia Colman à la place de Claire Foy. Il est possible que la reine, en vieillissant, se soit rigidifiée. Mais il me semble que Mme Colman fait trop ressortir le côté sérieux d’Élisabeth et pas suffisamment son côté humain. Tobias Menzies fait un prince Philip trop unidimensionnel. Helena Bonham Carter ne m’emballe pas en Margaret. Et Ben Daniels, qui tient le rôle du mari de la princesse, n’a pas la moitié du charme de Matthew Goode, qui crevait l’écran dans la saison 2. En revanche, le prince Charles et la princesse Anne, en vieillissant, sont devenus des personnages à part entière.
Malgré mes réserves, je dois avouer que j’attendrai avec impatience la quatrième saison de la saga monarchique.