The Young Pope n'est pas vraiment une série, c'est un long film. Et un film magnifique de bout en bout. On est un peu dérouté au début, on ne comprend pas tout de suite de quoi il s'agit, et ce n'est que petit à petit qu'on se rend compte que le film parle avant tout d'amour. Il parle aussi, parce que l'amour peut se cacher derrière tout ça, et parce que c'est la vie, aussi, de pouvoir, de l'extrême solitude du pouvoir ; et du poids de la responsabilité ; de la foi, de ceux qui l'ont et de ceux qui doutent ; de l’Église catholique, dans ce qu'elle a de profondément original et ce qu'elle a de profondément humain, c'est-à-dire de semblable à toute organisation). Et il parle de tout cela avec une grande originalité, dans la forme et dans le fond, et dans le même temps une finesse, une sensibilité, une profondeur, une richesse, une humanité, une justesse, une vérité, et surtout une force, impressionnantes. Rien n'est jamais ni mièvre, ni banal, ni superflu, ni artificiel, ni pesant. Les images sont d'une grande beauté formelle, la réalisation est juste et rigoureuse, l'accompagnement musical est subtilement décalé. Les acteurs sont tous formidables : Jude Law est exceptionnel dans son rôle de pape séducteur, profond, tourmenté et paradoxal, si complexe que ni lui ni ceux qui l'entourent ne réussissent à savoir vraiment qui il est. Cécile de France est parfaite. Et une mention spéciale pour Ludivine Sagnier, qui illumine tout le film de sa diaphanéité raphaelienne, comme Monica Vitti chez Antonioni. Un film exceptionnel.