Saison 1… Et saison unique visiblement. Ça aurait dû me motiver ça : une seule saison – dense – produite qui plus est par un Canal+ en pleine bourre en ce moment… Seulement voilà, on aura beau me mettre du Jude Law en premier rôle, moi quand il s’agit de me parler d’Eglise, de religion, de papauté, je freine carrément des quatre fers. Pas que le sujet me crispe ou me révulse pour des raisons politiques ou religieuses. Non. C’est juste que c’est un sujet qui m’indiffère totalement… Franchement, que peut-on raconter d’intéressant sur le pape ? Un vestige du passé totalement emmuré dans son Vatican ?... Seulement voilà, la série semblait justement promettre un dynamitage du concept. Par l’idée d’un pape jeune et iconoclaste, on pouvait même espérer un vrai questionnement sur le rôle que pourrait avoir un tel pape dans une institution religieuse brusquement modernisée… Pour le coup, c’est vrai que cela pouvait rendre la chose intéressante. Pourtant, ce n’est absolument pas ce que nous offre au final ce « Young Pope » ! Mais – surprise ! – ce n’est pas pour autant que j’ai trouvé ça inintéressant, loin de là ! Déjà – premier point fort – c’est très soigné. Ah ça ! Il y a une esthétique, donc du coup, il y a un univers. Dans une série, c’est juste fondamental. Il n’y a pas un épisode où on pourra reprocher à Sorrentino d’avoir traité la chose par-dessus la jambe. Il y a dans cette série une sacrée flopée de plans saisissants, et justement pas forcément de ceux qu’on était en droit d’attendre. Rien qu’en cela, la série dispose d’un atout majeur et – selon moi – indiscutable. Ensuite, il y a un Jude Law qui fait le boulot bien comme il faut. Son taf était d’être capable d’occuper l’écran et de l’irradier pleinement de son personnage, eh bien il y est remarquablement parvenu. Franchement, c’est une performance marquante qu’il nous sort là et la série lui doit beaucoup. Restent donc ce qui est dit et comment c’est dit… Et c’est sûrement sur ces points-là que la série sera susceptible de diviser le plus. Parce que franchement, à part les deux premiers épisodes qui sont assez accrocheurs et cela justement parce qu’ils savent ménager une forme de mystère autour du personnage papal, les suivants par contre se révèlent très vite redondants, ressassant toujours plus ou moins les mêmes facettes du personnage et les mêmes ressorts d’intrigue. Pour le coup, je trouve qu’il est difficile de trouver un appât pour se laisser tirer par la série. Personnellement, j’ai peiné à enchaîner les épisodes, faute de motivation. Malgré tout, à chaque épisode le même constat revenait. Certes, il n’y avait rien de nouveau de proposé, et l’épisode était quand même bien long à démarrer, mais au final l’épisode ne se révélait jamais déplaisant à regarder. « The Young Pope » dispose d’une patte, d’une atmosphère, d’une esthétique et d’une qualité d’écriture qui font que ça marche quand-même. A la fin de l’épisode, on a toujours l’impression d’en savoir un peu plus sur le personnage, même si au fond, on n’en sait pas vraiment davantage. D’ailleurs, quand l’épisode final s’est conclu, pour ma part, je me suis dit qu’il n’y avait finalement pas grand-chose à dire de tout cet univers là. Mais, étrangement, ça ne m’est pas apparu comme un problème. Cette série était visiblement plus à prendre comme un moment plutôt que comme un déroulé. Et je me dois bien de reconnaître que le moment ne fut pas si désagréable que cela. L’air de rien, se risquer à aborder la question de l’Eglise et du pape sous l’angle de
l’extrémisme religieux
avait sa pertinence et je pense même que la série aurait pu aller plus loin si elle avait su se faire davantage audacieuse. Parce que bon, au lieu d’oser y aller bien à fond, je trouve dommage qu’au final la série se soit risquée à un trip
fantastique
dans lequel le pape se révèle vraiment être
un saint
capable
d’accomplir des miracles
, rien que ça ! Alors certes, cela permet de regarder la chose du point de vue du croyant et donc de nous faire percevoir le relief que peut avoir le pape pour ce genre de personnes. Mais d’un autre côté moi je trouve ça un brin facile pour la série qui, du coup, s’interdit par cette pirouette de vraiment questionner l’institution en profondeur… Mais bon, je ne vais pas faire mon susceptible non plus. « The Young Pope » ne m’a pas déplu : c’est un fait. Et même si je n’aurais sûrement jamais regardé une saison 2 si jamais saison 2 il y avait eu, je ne nierais pas avoir été séduit par une ambiance, un état d’esprit et une élégance qui ont quand même quelque-chose de suffisamment singuliers pour qu’on accepte de se laisser tenter… Du coup, à votre tour de vous poser la question chers lecteurs : êtes-vous prêts de votre côté à céder à la tentation ?