Troisième et dernière saison pour le drama du trio Todd Kessler, Glenn Kessler et Daniel Zelman, Bloodline. Production Netflix jusqu’alors plus qu’honorable, qu’en est-il de l’ultime chapitre de ce drame familial exotique? Eh bien, les ardeurs se refroidissent, malheureusement. Il n’était pourtant pas à prévoir, tant le matériau était solide, que les créateurs de la série soient aussi près de littéralement trébucher en voulant offrir un mot de la fin à leur nouveau projet. Si cette troisième saison, concrètement, n’est certes pas mauvaise, du moins en bonne partie, elle est pourtant bien inférieure aux deux précédentes. Ici, nous remuons les souvenirs, nous brassons les conséquences de la première et de la deuxième saison, nous nous offrons, sans trop le vouloir, les errances psychologiques d’une famille désormais au pied du mur sans qu’aucun véritable coup de fouet ne nous soit prodigué. Pour parler franchement, cette ultime saison manque d’audace.
En partie judiciaire, comprenez des séquences dans une salle de tribunal, en toute petite partie policière, un peu d’une influence polar assez aléatoire, et surtout, une bonne tranche de conflits familiaux. Chacun paie sa note, d’apparence, mais la série s’éloigne de la bonne route est nous enfonce dans un dédale un brin vaseux de remords, d’apitoiement et de règlements de compte moral. Le final n’est donc pas la fin percutante attendue, loin de là. Cela n’aidant pas, l’avant dernier épisode, intitulé tout simplement Episode 32, est d’un mauvais goût curieux. Oui, coupé dans l’élan pour 57 minutes de divagation, le public perd de son attention et ne pourra apprécier réellement le final proposé. Dommage.
On pourra toutefois relever quelques bonnes idées, intentions ou séquences, notamment lorsque Kevin se confronte à sa famille en rapport à ses actes. Kevin, par ailleurs, devient d’un seul coup le personnage le plus probant durant cette saison, bien plus percutant qu’un John qui divague, qu’une Meg qui s’efface littéralement ou qu’une Sally qui ne sait que trop ce qu’elle veut. Oui, les personnages, dans leur ensemble, la vraie force des deux précédentes saisons, s’effondrent dans une sorte de néant les uns après les autres, comme la disparition d’Ozzy, excellent John Leguizamo, dont en définitive, nous ne connaîtrons rien des intentions. Un goût d’inachevé, donc, nous reste sur la langue.
Les aficionados des deux premiers chapitres de la série se doivent, bien entendu, de faire amende honorable en contemplant l’intégralité de cette troisième saison. Pour autant, que ceux qui pensaient enchaîner les trois saisons d’un coup soient avertis. La fin n’est pas à la hauteur de ce qui vous sera présenté au préalable. Mais ne crachons pas dans la soupe, Bloodline, au final, restera un très bon drama. 11/20