C'est sans conteste la meilleure série de super-héros. Peu étonnant vu la concurrence me direz-vous (et vous avez raison), mais Daredevil est réellement une très bonne série, bien qu'elle perde des points bêtement.
Même si ce super-héros de rue qui ne tue pas mais tabasse sévèrement les méchants ressemble dans les grandes lignes à Batman (en plus du fait qu'il n'a également plus de parents et qu'il a subi un entraînement sévère de la part d'un mentor aux intentions troubles), il n'a au final pas grand chose à voir avec le héros de Gotham, car Matt n'est pas un businessman connu, et n'a donc pas la même panoplie que notre chauve-souris, et il est en plus aveugle. Ce point là est totalement invraisemblable, certes, mais il rappelle que Daredevil est avant tout humain. Et quel humain ! Charlie Cox est génial en tant que Matt Murdoch. Il incarne vraiment bien le personnage et à s'y méprendre, on a vite fait de penser qu'il est vraiment aveugle. Il est concurrencé par Vincent d'Onofrio, génial antagoniste charismatique, cruel, violent mais incroyablement attachant. Ce concentré d'excellence éclipse un peu les autres personnages, mais certains sont assez attachants pour qu'on ne les oublie pas (je ne parle pas de Karen, elle est insupportable). Ce duo donne un suspense et une tension incroyables dès la première saison. Les combats sont très bons, c'est violent, bien chorégraphié et bien filmé. L'histoire est bonne et le scénario bien fait... jusqu'au milieu de la saison 1, qui nous permet de pointer un premier vrai problème : le nombre d'épisodes. Ca sera (quasiment) la même chose sur les trois saisons : ça commence sur les chapeaux de roue, et le niveau est excellent jusqu'au milieu de la saison. Après ça, on a droit à un vide de deux, trois voire quatre épisodes, puis ça reprend progressivement jusqu'à nous offrir une fin en général très expéditive. Dans la saison 1, le trou commence
après que Matthew soit laissé pour mort suite à son affrontement avec Nobu et son passage à tabac par Fisk. Le temps que Matthew retrouve ses forces
, on perd toute l'intensité des épisodes précédents, et tout se conclut sur les épisodes 12&13 qui vont beaucoup trop vite.
En saison 2, l'arrestation du Punisher porte largement préjudice à la suite, car on a droit à une intrigue peu convaincante et laborieuse avec l'ancienne petite amie de Matt
. Heureusement, les rares scènes qui ne touchent pas à cette intrigue remontent un peu le niveau
(le procès de Castle et son passage en prison avec le court mais appréciable caméo de Fisk)
. L'épisode final est lui aussi très expéditif, mais tout de même mieux ficelé qu'en saison 1, la pilule passe donc mieux.
Les vrais problèmes arrivent avec la saison 3, que j'ai déjà eu l'occasion de traiter, et qui fait bien pâle figure à côté de ses grandes sœurs. C'est trop lent, les combats peu nombreux sont (en majorité) peu soignés, et même si les personnages (anciens et nouveaux) sont bons et la tension présente, on ressort de cette saison avec un grand sentiment d'inachevé. Elle a quand même le chic de bien clôturer la série, décision qui avait à mon avis été largement anticipée par Netflix.
Daredevil est donc une bonne série. Composée de trois saisons, elle raconte une histoire passionnante portée par des personnages hauts en couleur. Elle souffre de défauts de rythme et de situations redondantes, mais au moins sa noirceur et sa violence la démarquent largement de la concurrence édulcorée et maladroite.