Oh ! Une série sur l’univers de Batman faite par le créateur de la série « Rome » ? Eh bah ! Sur le papier, tout cela semble plus que prometteur ! C’est peu dire donc si je me suis jeté sans réserve sur cette série… pour en tirer malheureusement un bilan peu flatteur. Parce que oui, en gros, si je fais le bilan de ce qui m’a plu dans cette « Gotham », ça se limite en tout et pour tout à deux seuls éléments : les décors et la présence de John Doman au casting. Alors le pire, c’est que je n’ai pas trop envie d’être sévère avec cette série parce qu’au fond, elle a sa cohérence. En gros, j’ai l’impression que c’est une sorte de « Batman soft » destiné à un public nourri à la culture mainstream. Après tout, tout est clair, propre, évident, sans ambigüité. Pour celui qui n’est pas à l’aise avec les vraies atmosphères malsaines et qui n’aime pas être confronté à une réelle tension dramatique, « Gotham » fait le taf. Ah ça ! C’est clair que c’est du Gotham City tous publics cette ville : on pourrait y laisser de jeunes enfants non accompagnés sans rien craindre ! Cette ville, telle qu’elle nous est présentée, est un vrai parc à thèmes. Aucun recoin de cette ville n’est sale, même ceux qu’on nous présente comme les plus lugubres. Tout est d’une propreté clinique, comme la totalité de la faune rencontrée. Dans cette série, personne n’est effrayant : tous les personnages (exception faite du grand John sus-cité) ont des têtes d’acteur de teen-movie, aucun ne nourrit d’ambivalence, tous sont tellement archétypaux qu’ils finissent chacun d’entre eux par se comporter comme dans la série « Scooby-doo ». Pour le coup, s’en est presque drôle tant cette série tend vers une version totalement aseptisée de l’univers de Batman, à tel point que j’en suis venu à me demander régulièrement si, à ce niveau là, on pouvait encore parler d’univers Batman. Alors après tout, certes, l’homme chauve-souris est tellement ancré dans notre culture désormais que, finalement, on peut en accepter un spectre très large de représentations, de la série flashy des années 60 faite en collants et en onomatopées jusqu’à la récente trilogie de l’ami Nolan. Donc, à tout prendre, pourquoi pas cette « Gotham » ? Au moins la série fait l’effort d’adopter un angle nouveau (aborder l’univers de Batman lorsque celui-ci est encore jeune), prenant bien soin d’ailleurs de solliciter chaque personnage de la saga, le tout en assumant totalement sa volonté de générer sa propre déclinaison de la mythologie, sans reprendre systématiquement les choix opérés par ses prédécesseurs. Bref, encore une fois, c’est cohérent, donc après tout pourquoi pas… Mais bon, en toute honnêteté, j’ai beau apprécier la diversité des points de vue, là pour le coup, face à cette déclinaison là des personnages mythiques de la DC, je n’y arrive clairement pas. Selina Kyle en ado-pouffe, je n’y arrive pas. Alfred Pennyworth en J.R. Ewing, je n’y arrive pas. Le Pingouin en adulescent attardé, Jim Gordon en MartySue, Edouard Nygma en geek à mèche, tout ça je n’y arrive clairement pas non plus. Et quand, en plus, on ajoute à ça des personnages inventés, comme ça doit être le cas de Fish Mooney, qui au final n’importent rien, n’incarnent rien, et se retrouvent en plus interprétés de la pire des manières (Ouiouille Jada Pinkett : quelle belle casserole qu’elle a maintenant aux miches !), eh bien pour moi on érige là le plus épais des murs entre moi et la série. Donc voilà, la série a beau avoir cherché à raconter ce qu’elle veut, trouver son propre angle, moi j’avoue que j’y ai été totalement hermétique. Mais bon, encore une fois, je pense que je ne suis clairement pas le public visé. A mon sens « Gotham » ce n’est pas une série qui s’adresse aux connaisseurs et aux adorateurs de l’homme chauve-souris mais, au contraire, à tous ceux qui ne connaissent pas l’univers et qui veulent le découvrir sans avoir à se confronter aux véritables œuvres hardcores qui constituent les piliers de la mythologie. A vous donc de ne pas tomber dans le panneau si vous vous identifiez à ce que je dis. Au moins, maintenant, vous voilà prévenus.