Depuis "Smallville", les super-héros de chez DC Comics ont plus le vent en poupe à la télévision que sur grand écran, hormis bien entendu la trilogie Batman de Nolan et le récent coup de fouet de Zack Snyder et son Man of Steel. Mais l'année 2014 est bel et bien signe de la conquête du petit écran pour DC qui, après "Arrow" et avant "Flash" et "Constantine", continue d'envahir les postes de TV. Et à l'instar de "Smallville", qui racontait les débuts de Clark Kent avant qu'il n'enfile la cape de Superman, "Gotham" narre les premiers exploits de James Gordon et son arrivée dans la ville corrompue de Gotham City. Une idée brillante mais à double tranchant... Développée par Bruno Heller ("Rome", "Mentalist"), cette nouvelle série se concentre donc sur le futur Commissaire Gordon, ici à peine fraichement promu inspecteur aux côtés du roublard Harvey Bullock et qui va tout faire pour trouver et coincer le meurtrier du jeune Bruce Wayne, fils de milliardaires qui a vu ses parents mourir sous ses yeux. Et c'est dans cette ville corrompue jusqu'à la moelle peuplée de gangsters violents et d'une mafia dans l'ombre que Jim Gordon va faire ses preuves. Le concept est alléchant mais on a tout de même peur que les scénaristes aillent un peu trop comme ce fut le cas pour "Smallville" (rappelons qu'il s'agit ici d'un prequel). Mais avant de s'alarmer, concentrons-nous sur l'excellent pilote de cette première saison. Avant tout, le casting est au top : Ben McKenzie ("Newport Beach") est parfait en Gordon, à la fois froid et violent quand il faut, il campe un inspecteur intègre qui découvre très vite les rouages douteux de sa propre unité de police. À ses côtés, le discret Donal Logue ("Sons of Anarchy") qui interprète Bullock et qui est bien entendu ici tout aussi dégueulasse que dans les versions ultérieures. Ensemble, ils forment un couple de détectives aussi rapprochés qu'un chien et un chat mais pourtant on sent que le dynamic duo va faire des ravages. Quant au reste du casting, nous retrouvons la revenante Jada Pinkett-Smith chef de gang cruelle et manipulatrice, le tout nouveau Robin Lord Taylor (mais bigrement impressionnant) en Oswald Cobblepot, futur Pingouin, ainsi que John Doman en Carmine Falcone, LE parrain de la ville qui ne se montre que lorsque c'est nécessaire. La série ne fait que commencer mais l'on constate déjà un réel effort de production et de fidélité, les personnages étant respectés (l'apparition d'Edward Nigma est à tomber), les décors sont magnifiques, mélange de la modernité de chez Nolan dans les rues et du côté gothique de Burton sur les toits, tandis que l'intrigue de fond semble tenir agréablement bien la route avec en prime un Bruce Wayne encore gosse qui voit déjà ici son entrée prématurée dans l'âge adulte et dans une rage vengeresse. Ainsi, à moins que les scénaristes n'aillent trop loin dans leur volonté d'innover, "Gotham" s'avère être pour le moment une puissante surprise, maîtrisée et rythmée, qui risque fort de devenir l'un des piliers des adaptations de comics sur petit écran.